vendredi, 22 novembre 2024 18:56

Mali, le géant aux pieds d’argile vacille

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Malgré la présence de milliers de soldats sous bannière onusienne sans compter les 4500 militaires français de la Force Barkhane, les forces armées maliennes montrent qu’elles sont incapables de résister aux groupes supposés terroristes et autres katibas islamistes. Les différentes troupes engagées ont été submergées, lundi 30 septembre, par un groupe armé. Elles ont repris leur position, le 1er octobre.

À bien des égards, ce qui vient de se passer rappelle le début de l’année 2012, l’époque des batailles perdues par les Forces armées maliennes (Fama) contre les groupes armés du nord du Mali. Les Fama ont été submergés dans leur base

Cette fois, la confrontation a eu lieu dans leur camp de Boulkessi et au poste militaire de Mondoro, dans la région de Mopti, lundi 30 septembre et mardi 1er octobre. Les Fama ont été incapables de repousser les deux opérations, abandonnant leur position aux assaillants. Il a fallu l’intervention de l’aviation française et des forces internationales pour qu’elles reprennent pied chez elles.

À quel prix ? Officiellement, les Fama ont perdu 25 hommes. Un bilan encore provisoire, daté du 1er octobre, qui ne tient pas compte des dizaines de soldats portés disparus : 60, selon plusieurs sources. Côté djihadistes, le nombre de tués s’élèverait à 15, selon le même communiqué officiel.

La culture du mensonge et de la défiance plombent les FAMA depuis le règne d’un certain ATT

Des chiffres à prendre avec précaution tant les autorités du Mali ont pris l’habitude de taire ou de minorer leurs pertes : une règle qui nourrit la défiance et le ressentiment des Fama. À la veille de la présidentielle de 2018, déjà, les observateurs s’inquiétaient du vent de révolte dans l’armée contre le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Une habitude dans ce pays à l’histoire rythmée par les coups d’État : le dernier, du capitaine Sanogo, avait renversé le prédécesseur d’IBK, Amadou Toumani Touré (ATT), en mars 2012.

Une vérité qui dérange. La magouille et la corruption ont définitivement déstabilisé cette armée

Si le bilan se confirme à la hausse, cette double attaque dans la région de Mopti serait l’une des plus meurtrières depuis la reconquête du nord du pays par l’armée française, en 2013. Elle livrerait une vérité que les autorités maliennes, françaises et européennes tentent de minorer publiquement : leur incapacité à gagner la guerre contre le terrorisme dans le Sahel.

L’identité des assaillants, le groupe burkinabé Ansarou Islam, jette une lumière encore plus crue sur l’échec de l’architecture sécuritaire mise en place par la France sous François Hollande et poursuivi par Emmanuel Macron. En effet, le voilà capable de frapper loin de ses bases et de son terrain favori, au Burkina Faso.

Nous sommes en train de perdre du terrain, alerte l’ONU après la prise d’un poste du G5 Sahel par les assaillants

Plus grave est la nature des éléments défaits à Boulkessi : le bataillon malien du G5 Sahel (la force conjointe formée par le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad). Sa déroute représente aussi un échec pour l’Union européenne et la France, engagées, depuis 2013, dans la rénovation de l’armée malienne, la mission de formation de l’UE au Mali (EUTM Mali).

Présentée depuis 2013 comme la solution à la faillite de 2012, l’EUTM Mali apparaît de plus en plus inadaptée à la réalité sociale, politique et historique du pays. Comme toutes les formations militaires engagées par la France depuis les années 1960, ou par les États-Unis, depuis les années 1990.

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