Le Mali a appelé la France à la retenue après des « propos inamicaux et désobligeants » du président français Emmanuel Macron, a indiqué le ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale dans un communiqué publié mardi.
« La légitimité du gouvernement actuel est démocratiquement nulle. Alors qu’hier nous avons présidé à l’hommage national au sergent Maxime Blasco (un soldat de la force Barkhane tué au Mali le 24 septembre dernier) et qu’aujourd’hui il est enterré parmi les siens, ce qu’a dit le Premier ministre malien est inadmissible. C’est une honte. Et ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement », s’est emporté M. Macron en marge de la clôture de la saison « Africa 2020 » à l’Elysée jeudi dernier.
Le ministère malien des Affaires étrangères a déclaré avoir reçu l’ambassadeur de la France au Mali suite à ces « propos inamicaux et désobligeants » tenus par M. Macron sur « les institutions » de la République du Mali.
Le ministre Abdoulaye Diop a signifié au diplomate français « l’indignation et la désapprobation » du gouvernement malien, qui proteste contre « ces propos regrettables » qui sont de nature à « nuire au développement de relations amicales entre nations ».
Le gouvernement malien a donc invité les autorités françaises à la « retenue », en évitant des « jugements de valeur », et à se « concentrer sur l’essentiel », notamment la « lutte contre le terrorisme au Sahel ».
Le ministre malien des Affaires étrangères a réitéré la disponibilité du gouvernement malien à « bâtir avec les partenaires qui le souhaitent des relations sincères et concertées, respectant le principe de non-ingérence conformément aux aspirations légitimes du peuple malien ».
Au cours des derniers jours, une escalade verbale entre Bamako et Paris a lieu depuis l’intervention du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies le 25 septembre dernier.
Le chef du gouvernement malien y a affirmé que l’annonce « unilatérale » par M. Macron en juin dernier de la réorganisation de la présence militaire française au Sahel (avec la fin programmée de Barkhane) représentait « une espèce d’abandon en plein vol ». Ce qui a poussé le Mali à ouvrir les négociations avec d’autres acteurs afin de diversifier ses partenaires dans la lutte contre le terrorisme. Cette accusation a été fermement condamnée par les autorités françaises.
Depuis 2012, le Mali est confronté à une profonde crise multiforme aux niveaux sécuritaire, politique et économique. Les insurrections indépendantistes, les incursions djihadistes et les violences intercommunautaires ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, malgré la présence des forces onusiennes (MINUSMA), françaises (Barkhane) et européennes (Takuba).
Avec Xinhua