Entre accaparement de nos côtes et fausses immatriculations, la Mafia des océans a fait main basse sur des centaines de Milliards. Un scandale où le Sénégal perd annuellement des centaines de milliards depuis 1960. Si ce ne sont pas les fausses immatriculations de navires étrangers qui étouffent la pêche nationale et privent les familles de poisson, sous le regard coupable des autorités, c’est l’accaparement de nos eaux poissonneuses par les chalutiers industriels français, espagnols, chinois, coréens, japonais ou russes avec la complicité de certains sénégalais, menace la sécurité alimentaire.
Le Sénégal continue d’être dépouillé de ses poissons, ouvrant davantage ses cotes aux chalutiers industriels qui sont à l’origine d’une exploitation intense de nos côtes tout en mettant en péril la reproduction de nombreuses espèces. Pourtant, un autre drame plus silencieux et pernicieux risque de rendre le poisson encore plus rare et plus cher. Il s’agit de l’accaparement de nos eaux poissonneuses par les chalutiers industriels français, espagnols, chinois, coréens, japonais ou russes avec la complicité de certains sénégalais, menace la sécurité alimentaire.
Même si cela tend à prendre une forme légale avec des accords de pêche ouvrant les eaux territoriales aux navires des pays riches, il est impératif pour le ministre de l’Economie Maritime de mettre fin au pillage à grande échelle contre lequel les moyens de lutte sont inégaux.
Pourtant, en 30 juin 2016, l’Union européenne avait strictement interdit, dans son espace maritime, la pêche en eau profonde à plus de 800m de profondeur dans le but de préserver ses côtes de la surexploitation et penser aux générations futures. Cette mesure avait obligé une partie des chalutiers en eau profonde français, espagnols, italiens et portugais, les plus durement frappés par cette mesure européenne, à jeter leur dévolu sur le Sénégal car, beaucoup de pays africains avaient opposé un niet catégorique à l’Union Européenne.
Avec la passivité ou la complicité de certains fonctionnaires, ces navires se sont fait indûment immatriculer au Sénégal pour trouver le moyen de continuer à exister de manière à pouvoir sauvegarder leur emploi, pas dans notre pays mais en Europe.
Le Sénégal qui nourrit l’Europe qui après avoir épuisé ses réserves de poissons dans ses propres eaux, envoie ses bateaux de pêche s’attaquer désormais à nos ressources. En 20 jours de patrouille, les inspecteurs de la Guinée, de la Sierra Léone, de la Guinée Bissau et du Sénégal, 17 navires ont été pris et…. relâchés
Dans un rapport alarmant datant de 2017, Greenpeace alerte les autorités sénégalaises sur le pillage organisé des ressources halieutiques. Pour l’organisation, le Sénégal ne devrait pas signer les accords de pêche avec l’Union Européenne ou la Chine et le Japon sans avoir les moyens nécessaires de surveillance côtière.
Malgré cet avertissement qui n’a pas été tenu en compte par les autorités nationales, à peine un an après la fermeture de l’espace maritime européen et la validation des accords, près de 17 navires avec de fausses immatriculations, ont été pris en flagrant délit de pêche illégale dans les eaux territoriales. Onze parmi ces navires avaient été arraisonnés mais bizarrement, ces bateaux ont repris leurs habitudes.
Pourquoi ces navires n’ont pas été sanctionnés véritablement ? Pour Pavel Klinckhamers de Greenpeace, « C’est très simple, le Sénégal comme d’autres pays africains ne mettent pas la rigueur nécessaire dans la délivrance des licences et cela dénote une absence de transparence dans la gestion de la pêche. Tout est opaque et aucune information ne peut filtrer ».
La pêche profonde détruit les possibilités de reproduction des espèces et permet aux chalutiers de piller sans être contrôlés surtout avec l’utilisation des fausses immatriculations
Les chalutiers européens, chinois ou japonais bannis de leurs propres eaux territoriales, ont bénéficié de fausses immatriculations au Sénégal. Une couverture qui leur permet de pêcher légalement au large de nos côtes, avec à leur bord un équipage exclusivement étranger. Ils bénéficient ainsi du quota de licences réservé aux navires sénégalais. Un procédé extrêmement grave qui fait perdre au Trésor Public plusieurs milliards par an, plus exactement, selon certaines estimations, le Sénégal perdrait entre 50 et 150 milliards par an à cause de la fraude ( étude de 2014).
Plus grave, les captures de ces faux chalutiers sénégalais sont destinées aux bateaux-usines qui croisent dans les eaux internationales en violation flagrante et manifeste du code sénégalais de la pêche maritime. Comme si la direction de la surveillance des pêches n’existait pas. Car, sous la barbe des autorités, en plus de piller nos mers, ces chalutiers détruisent nos fonds marins et nous font perdre des recettes colossales à notre économie.
Que peuvent 4 vedettes et de 2 petits bateaux de 25m pour surveiller l’activité de plus de 300 bateaux sur 750 km de côtes ? Sans compter que cette flottille ne dispose même pas de l’autonomie pour opérer en haute mer.
« Nos gouvernements successifs, des années 1980 à nos jours, principaux responsables de ce pillage, n’ont jamais jugé utile de mettre les ressources nécessaires à la disposition des services de l’administration maritime. Ces derniers n’ont aucun moyen de contrôler efficacement les immatriculations ou de surveiller l’activité des bateaux au large de nos côtes », renseigne un responsable de la direction des pêches maritimes.
Pour ce dernier, si les autorités avaient vraiment pris la mesure de ce qu’est un chalutier ou d’une fausse immatriculation, les ressources halieutiques n’auraient pas été bradées à d’aussi vils prix.
Car, nous apprend t-il, « un chalutier est un bateau de pêche qui utilise un chalut. Un chalut c’est un filet qui drague tout sur son passage et endommage les fonds marins. Ce type de filet peut atteindre 850m de profondeur. Les chalutiers en eau profonde sont souvent appelés les pilleurs des mers ».
Quant à la fausse immatriculation, notre interlocuteur nous dira ceci, «C’est une fraude sur la nationalité et sur l’appartenance d’un navire.
En l’occurrence, c’est quand un bateau étranger est enregistré auprès des services des pêches du Sénégal comme appartenant à un sénégalais, dans le but de pouvoir pêcher sans encombre dans nos eaux territoriales.
Il faut signaler qu’un tel procédé ne peut se faire sans la complicité de sénégalais. Souvent, ce sont de gros bonnets qui prêtent leur nom à ses navires en échange de contreparties juteuses. Le tout sur le dos du peuple.