@Atlanticactu.com – Si ce n’est pas une première, c’est un fait rare de voir un chef d’état accusé d’être un trafiquant de drogue. Et c’est le « général » Umaru Embalò que l’euro-députée, Ana Gomes connue pour son langage direct, a traité de narcotrafiquant et de terroriste. C’était le 21 juin 2020 sur une chaîne de télévision portugaise que l’ex euro députe avait fait ces révélations. Pour couper court à la rumeur, Embalò avait déposé une plainte au Portugal pour l’éclatement de la vérité dans cette affaire qui alimente des débats dans le pays d’Amical Cabral. La venue du président portugais a ravivé le débat.
L’année dernière le président de la Guinée-Bissau, Sissoco Embaló avait critiqué la politique étrangère du Portugal. En répliquant l’ancienne Euro-députée aurait dit dans une chaine privée portugaise que le « Portugal a choisi d’apporter son soutien à un individu qui est cité dans plusieurs dossiers de trafic de drogue », et « même des liens avec des groupes terroristes ».
Sur ces accusations graves, le président , Umaro Sissoco Embaló, a déposé une plainte-crime devant la justice portugaise contre l’ex-députée Ana Gomes pour « prétendue diffamation ». L’ancienne candidate à la présidentielle du Portugal Ana Gomes devra fournir des précisions sur ses déclarations sur une chaîne de télévision privée portugaise le 21 juin 2020.
Cette affaire reveint au moment où le président Portugais est en visite de travail en Guinée Bissau.
Comme pour banaliser cette plainte du « général », Ana Gomes fera une déclaration aux autorités portugaises pour une opinion publiée sur une chaîne de télévision portugaise. L ‘ ex-eurodéputée a accusé Sissoco Embaló d’implication dans le trafic de drogue et de liens avec les terroristes.
Revenant sur ses propos tenus en 2020, l’ex député européenne, faisant allusion à Umaru Embalò, avait déclaré que « le Portugal a choisi de soutenir un individu qui a des antécédents de narcotrafic et même des liens avec des groupes terroristes ».
Ces déclarations ont été faites à DW Afrique depuis Lisbonne par l’ancienne députée qui explique que la critique faite dans son une émission à SIC Actualités a été faite à l’attention du gouvernement portugais.
Et Ana Gomez d’enfoncer le clou, « De ne pas prendre position à un moment où l’autoproclamation par [Sissoco Embaló] était contestée en Guinée-Bissau, par des déclarations des Nations Unies et même de la CEDEAO [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest] dans un premier temps, était un aveu de faiblesse vis-à-vis de celui dont le Curriculum Vitae est truffé de faux ».
À l’époque, l’ex-candidate aux dernières élections présidentielles au Portugal a également affirmé que Sissoco Embaló avait des antécédents de liaison avec le trafic de drogue et des groupes terroristes actifs dans la région du Sahel – en particulier le leader libyen Mouammar Kadhafi et avec des dirigeants islamiques sénégalais.
Pour l’euro députée, « Umaru Embalò a été conseiller de Kadhafi, il était même représentant de Libyan Investments Authority à l’époque de Kadhaffi. Et Kadhafi était désigné comme un terroriste au plan international. De plus, parce qu’il y a aussi des liens avec le trafic de drogue. Ça en Guinée-Bissau c’est connu. Malheureusement ce n’est pas le seul cas, puisque la Guinée-Bissau est dans la situation tragique d’être déjà considérée comme un narco-État », souligne l’ancien diplomate.
En 2014, Ana Gomes a intégré une mission d’observation du Parlement européen aux élections présidentielles en Guinée-Bissau. La politique portugaise ajoute que de nombreuses chefs militaires guinéens sont impliqués dans les opérations des réseaux de trafic de drogue.
Selon DW Afrique, , Ana Gomes – qui a reçu notification en avril dernier par le tribunal des Oeiras – regroupe plusieurs éléments substantiels qu’elle compte utiliser comme arguments en réponse à la plainte du « général ».
Parmi les différents témoignages, figurent dans ce document les déclarations de la dernière ministre de la Justice guinéenne, Ruth Monteiro, qui a obtenu la plus grande saisie d’un chargement de drogue transitant par la Guinée Bissau, arrêtant et organisant pour la première fois à Bissau un procès contre les trafiquants de drogue.
À ce propos, puis [Ruth Monteiro] a été poursuivi et a dû être sauvé in extremis et est aujourd’hui réfugié au Portugal. Ana Gomez demande au Procureur de faire son travail tou en espérant que Umaru Embalò ira jusqu’au bout de sa plainte
L ‘ accusée espère que le procureur « fera son travail » et prendra en considération les faits concrets qu’elle a présentés. De tels faits résultent de la connaissance publique de la réalité en Guinée Bissau, « qui, à de nombreux égards, s’est aggravée depuis que Umaru Sissoco s’est autoproclamé président », après un processus électoral hautement contesté.
Ana Gomes souligne qu’aujourd’hui, il y a une pratique antidémocratique en Guinée-Bissau, qui comprend également des agressions contre les journalistes. « Ce n’est absolument pas de nature à servir les objectifs démocratiques que le Portugal devrait soutenir et voir consolidés dans n’importe quel pays de la CPLP. Et ça ne sert certainement pas les valeurs que proclame CPLP » ajoute-t-elle.
La plainte est rendue publique lors de la visite officielle du président portugais Marcelo Rebelo de Sousa en Guinée-Bissau – une visite contestée vendredi dernier par une manifestation devant le Palais de Belém par un groupe de la diaspora guinéenne. Le groupe est contre la visite du chef de l’État portugais à ce qu’il considère comme un « dictateur ».
SALIMATOU DJALÒ