La célèbre brigade de répression du banditisme de Paris vient de porter un coup dur à la grande délinquance en démantelant un trafic international de vol de voitures haut de gamme. Un trafic entretenu par des sénégalais, maliens, marocains, roumains et français et dont les produits étaient acheminés à Dakar, Nouakchott ou Banjul pour y être vendus. Sept suspects ont été arrêtés et mis en examen par un juge d’instruction de Nanterre. Une commission rogatoire sera lancée pour aider à retrouver huit membres de la bande devenus introuvables.
Range Rover, BMW, Toyota RAV4, DS 7 crossback, Peugeot 5008, Audi RS6… sont les voitures les plus prisées par les voleurs. Les différents parkings souterrains étaient écumés à la recherche des voitures de luxe notamment des 4X4. Ce vaste trafic international de véhicules haut de gamme entre la région parisienne et Dakar, Nouakchott et Casablanca vient d’être démantelé par les enquêteurs de la brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire de Paris. Selon des sources policière et judiciaire, sept suspects âgés de 17 à 49 ans ont été mis en examen le 6 et le 19 novembre pour « vol en bande organisée », « recel » et « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime » par un juge d’instruction de Nanterre (Hauts-de-Seine). Quatre ont été écroués.
Les policiers du groupe de répression du trafic de véhicules volés de la BRB ont estimé que le groupe a dérobé 58 voitures de luxe entre le 5 mai et le 2 novembre pour un préjudice à l’argus de plus de 1,6 million d’euros. Il s’agit majoritairement de SUV neufs volés en pleine rue ou dans des quartiers pavillonnaires sur l’ensemble de l’Île-de-France : Paris XVIe, Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis, Yvelines, Seine-et-Marne… Après avoir fait des repérages en journée, les voleurs passaient à l’action en pleine nuit et faisaient démarrer les véhicules à l’aide de clés électroniques trafiquées ou en branchant un smartphone à la prise OBD ( NDLR : prise diagnostic située dans l’habitacle de la majorité des véhicules qui permet d’accéder à toutes sortes d’informations ).
Cheikh T., l’un des mis en examen a reconnu que plus de trente voitures ont été convoyés par ses soins à Dakar notamment aux Almadies où des célébrités achetaient les voitures.
Parmi les suspects figure un agent de maîtrise RATP jusqu’alors inconnu de la justice. Cet homme d’origine sénégalaise de 49 ans est soupçonné d’avoir mis à disposition du réseau le site d’une société de sous-traitance de l’entreprise ferroviaire, spécialisée dans les panneaux de signalisation, à Antony (Hauts-de-Seine). Les véhicules volés étaient ainsi chargés sur ce vaste terrain, à l’abri des regards, dans des conteneurs. C’est d’ailleurs l’activité intense sur le site les week-ends, alors qu’il s’agit de jours de fermeture, qui a attiré l’attention du voisinage puis des enquêteurs de la BRB. Des surveillances ont permis de matérialiser les chargements qui partaient ensuite par bateau depuis les ports du Havre (Seine-Maritime) ou d’Anvers (Belgique) vers différents pays d’Afrique : Côte d’Ivoire, Togo, Mali, Sénégal ou Guinée. Ces SUV haut de gamme y sont très convoités auprès des classes aisées émergentes et les prix neufs à l’exportation peuvent exploser.
Un célèbre directeur d’un service public est cité comme étant l’un des principaux clients. Ce dernier passe régules commandes en faveur de ses copines, souligne Cheikh T. très connu dans le milieu interlope de Dakar By Night
« Pour dire vrai, chaque année nous parvenions à ramener plus d’une centaine de voitures rien qu’à Dakar, les autres sont dirigées vers d’autres pays de là sous région », a confié Cheikh aux enquêteurs et de leur avouer, « Oui, nous bénéficions de complicité insoupçonnée à différents niveaux autrement comment faire entrer ces véhicules et leur obtenir des CMC ».
Pour Cheikh, s’il est arrêté à Paris, d’autres ont été arrêtés récemment par la division de la cybersécurité à Dakar mais n’ont pas duré en prison. « Pour preuve, des potes à nous ont été cueilli il y’a trois mois par les policiers de la cybersécurité mais, ils n’ont pas fait plus de cinq semaines en prison et il y’a dix jours , ils ont reçu deux nouvelles voitures », a-t-il révélé aux enquêteurs de la PJ parisienne.