vendredi, 22 novembre 2024 14:14

Destruction de l’écosystème : Des pêcheurs maliens appréhendés, un Boffa bis évité de justesse à Niomoune

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Le pire a failli se produire jeudi dernier dans la paisible île de Niomoune comprise dans les chapelets des îles Bilis. Des pêcheurs maliens ont été appréhendé dans les Bolongs  par les populations pratiquant une pêche non conventionnelle à l’aide de produits toxiques. Cette même communauté malienne avait été chassée du village de Thionk Éssyl en 2017 pour les mêmes pratiques. N’eut été le Préfet de Bignona qui avait désamorcé rapidement la bombe en envoyant la gendarmerie procéder à l’exfiltration des pêcheurs maliens.

Après cet épisode de Thionk Essyl, on pensait que les pêcheurs maliens qui s’étaient redéployés dans les autres villages de pêcheurs allaient respecter la réglementation en vigueur mais, les récentes découvertes de leurs pratiques prouvent que ces derniers ne comptent pas respecter les règles édictées par le pays hôte.

Depuis quelques temps, les femmes transformatrices des produits de mer ont constaté des bancs entiers de poissons morts dans les différents Bolongs (affluents) de l’île de Niomoune . Plus grave, la cueillette de produits halieutiques (crevettes, crabes, huîtres, etc….) devenait extrêmement difficile du fait de la rareté des produits. C’est ainsi que les populations ont mis en place des comités d’écosurveillance qui, rapidement, mettront la main sur des pêcheuses maliens.

Pour éviter de se faire justice, ils ont câblé le sous préfet dé Kataba1 qui leur a demandé de conduire en pirogue les malfrats au niveau du service local de la pêche moyennant remboursement de leurs frais sur place. « Nous avions dépensé près de 50.000 francs pour conduire les délinquants et leurs matériels jusqu’à Diogué et à l’arrivée, nous n’avons reçu au franc et ces pêcheurs maliens ont rapidement été relâchés sans aucune forme de procès », nous apprend Joachim Diedhiou l’adjoint du chef de village de Niomoune

Une autre affaire Boffa évitée de justesse par le chef de village qui s’est opposé au lynchage en règle des contrevenants pris avec des produits hyper toxiques et des filets non conventionnels 

Quelques mois après avoir mis la main sur les délinquants qui ont été relâchés à Diogué et, qui ont repris leur entreprise criminelle, voilà que jeudi dernier, d’autres maliens sont arrêtés en possession du même type de matériel et de produits dangereux pour l’environnement et les espèces. Comme la dernière fois, Joachim Diedhiou se charge d’appeler le Sous-Préfet de Kataba1 Amadou Wagué. Pour toute réponse, le représentant de l’État lui suggère de conduire les mis en cause à Diogué car, lui ne disposant pas de moyens pour venir.

L’adjoint du chef de village refuse au motif que la dernière fois, le chef du serbe pêche avait refusé de leur rembourser. À cela, le Sous-préfet lui recommande de « libérer les pêcheurs ». Ce que n’ont pas voulu entendre les populations qui voulaient leurs faire passer un sale quart d’heure. Car, pour Joachim, «Le produit douteux mélangé avec du son de mil utilisé par les maliens, enivrent les poissons qui plannent en surface, polluant l’ecosystéme et du coup pourrissant les huitres et coquillages ». Et, « depuis deux ans le village a constaté que l’utilisation de ce produit, affecte nos ressources halieutiques notamment les huitres qui sont l’une de nos principaux revenus.

Constatant l’ampleur des dégâts, les villageois ont allerté les autorités administratives notamment le Sous prefet de Diouloulou, l’inspecteur régional de pêche de Ziguinchor et le Commandant de Brigade du bien fondé de la défense de nos ressources.

Après plusieurs heures de conciliabules, la majorité a accepté que les pêcheurs soient libérés mais que leurs matériels soient gardés à l’attention des autorités si elles daignaient faire le déplacement sur l’île. Une sage décision car, pour Joachim Diedhiou, « Nous avons vu ce qui s’est passé à Boffa où Niaguiss où des innocents continuent de croupir en prison parce que justement l’État n’a pas voulu assuré son rôle. »

Pour Joachim Diedhiou, « Nous n’avons pas la prétention d’interdire la pêche aux acteurs mais, nous pouvons accepter que des pratiques de ce genre se déroulent sous nos yeux alors que nous dépendons totalement de ces ressources ». Et de préciser , « Nous mettons en garde les autorités compétentes et l’opinion publique que nous ne pouvons pas continuer de laisser des délinquants détruire notre écosystème et piller nos ressources impunément ».

« Il est très difficile pour nous services de l’état de se prononcer sur un produit jugé nocif que nous n’avons pas analysé. Nous comprenons l’inquiétude de ces villageois sont étroitement liés à leur écosystème mais, personne ne peut se faire justice »

Joint au téléphone, le représentant local du service des pêches,  Mamady Doucouré reconnaît la complexité du sujet et précise, « Effectivement, nous sommes saisis de cette affaire de pêcheurs maliens utilisant des produits supposés toxiques mais, nous ne pouvons être aussi précis que les pêcheurs sans une expertise dudit produit ». Par contre, tient-il à éclairer, « Ce qui nous intéresse en attendant c’est de savoir si les les pêcheurs incriminés sont détenteurs d’autorisations de pêche et , si oui nous serons intraitables avec eux ».

C’est d’ailleurs dans cette optique que l’État a voulu associer les populations à la gestion des ressources halieutiques en créant les Conseils Locaux de la Pêche Artisanale (CLPA). Mais à la question de savoir si le CLPA de Niomoune fonctionne, M. Doucouré de dire, « Malheureusement, ces CLPA ne fonctionnent pas pour la plupart même si je comprends le désarroi des populations ».

Pour rappel, en 2017 plusieurs familles de pêcheurs maliens établis à Thionk Éssyl avaient subi la furie des populations qui avaient incendié leurs pirogues, leurs moteurs hors bord et le matériel utilisé dans le même schéma que ce qui se déroule à Niomoune.

À l’époque , quarante-huit (48) Maliens dont vingt-trois (23) hommes, sept (7) femmes et dix-huit (18) enfants âgés entre quatre (4) mois et quatorze (14) ans, ont été recensés et placés sous la protection de la gendarmerie. Et finalement, plusieurs de ces pêcheurs étaient obligés de quitter la commune pour redémarrer leurs activités délictueuses.

Jusqu’où le Sénégal est prêt à aller avec des pratiques aussi dangereuses au nom de la Téranga ?

Rose Diedhiou 

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3 Commentaires

  1. Félicitations pour la pertinence de votre plume. Je demande aux autorités de prendre leurs responsabilités avant que l’irréparable ne soit arrivé.
    Félicitations et beaucoup de courage à la population de Niomoune, ne laissez personne venir perturber notre bien-être.💪

  2. Nous nous battrons jusqu’au bout contre ces pratiques malsaines dans nos bolongs. Personne ne viendra nous rendre pauvre de cette manière et laisser nos générations futures dans le désarroi. Pourquoi, quand dans certaines localités du pays les populations se lèvent pour dénoncer la spéculation foncière les autorités les donnent raison et que, quand ce sont les populations de Niomoune qui crient sur tous les toits depuis des années auprès des autorités, ces dernières donnent raisons à ces criminels de la pêche. Non, il faut que les autorités protègent ses citoyens car nous sommes des sénégalais à part entière. La gestion des ressources naturelles est une compétence transférée et cela doit commencer par l’implication des populations au niveau local. Cest ce que nous populations de Niomoune ont compris. Nous sommes pour la justice.

  3. « Ce qui nous intéresse en attendant c’est de savoir si les les pêcheurs incriminés sont détenteurs d’autorisations de pêche et , si oui nous serons intraitables avec eux ».dixit Mamady Doucouré.Vous devez M.Doucouré être au courant de ce qui a été raconté sur la trajectoire en tant que Chef de Service de ces maliens qui sont nos voisin.Aucun Sénégalais n’oserait s’aventurer à aller exercer une activité aussi nuisible au Mali.Les faits sont têtus,de Grace usez de vos compétences pour faire arrêter ce carnage car en cas de dérapage ce seront des moyens colossaux qui seront utilisés pour aller recueillir des villageois.Un Etat sait et doit prévenir. Même s’ ils ont des autorisations,les conséquences de vis us devrait vous amener à tout faire annuler.Alors nous espérons, comme tout agent de l’Etat, que vous allez faire le Job.

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