C’est une affaire qui ne va pas arranger la réputation du gouvernement dirigé par le président autoproclamé Umaru Embalo. En effet, pour avoir délibérément ordonné la restitution d’un navire de la compagnie Maersk Line arraisonné le 10 août dernier, le juge Alberto Leão Carlos a décerné un mandat d’arrêt immédiat du ministre des Transports et des Télécommunications, Jorge Mandinga ce Lundi 24 août.
Bientôt 72 heures et le mandat n’est pas encore exécuté du fait de l’inertie des forces de sécurité et, au même moment le ministre poursuit ses activités librement. Au départ, une déclaration officielle du gouvernement était prévue, mais il a été reporté après une rencontre entre le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam et le ministre des Transports, Jorge Mandinga.
Dans la dépêche, datée de lundi et confirmée par le parquet à l’agence de presse Lusa, le juge Alberto Leão Carlos souligne que « de fortes indications de la pratique d’un crime d’entrave à l’activité juridictionnelle sont imposées par le ministre, principal auteur de cette forfaiture dont l’attitude délibérée et de défiance constitue un autre crime de désobéissance ».
Dans une interview accordée à DW Africa, le juriste guinéen Luís Petit déclare qu’en violant l’ordonnance d’un juge, Mandinga devrait « évidemment » être détenu, quelle que soit sa position.
Car, dira-t-il, « Dans certaines circonstances, le ministre peut aller à l’encontre de l’ordonnance du juge, qui a ordonné la saisie du navire dans le cadre d’une procédure judiciaire. » Ce faisant, «le ministre a fait obstruction à une décision de justice», souligne Petit.
« Restituer un navire saisi par décision de justice est un précédent grave d’autant plus plus des soupçons de corruption sont soulevées. Le gouvernement doit prouver qu’il n’est pas cet état bandit comme décrit par certains », renseigne Luis Petit, Juriste
Pour le juriste, rien ne justifie que le ministre se tourne vers le premier ministre pour faire libérer le navire. Si l’entreprise ou le ministre s’opposait à la saisie du navire, la décision devrait être contestée devant le tribunal, selon les procédures habituelles: «Même si les intérêts de la nation étaient protégés, cela devrait être fait dans le cadre même du processus ».
Quant à l’éventuelle détention du ministre, le juriste Luís Petit affirme que c’est « une obligation légale pour la collaboration des forces opérationnelles et des tribunaux, afin d’exécuter toute décision judiciaire ».
Si l’ordonnance du juge n’est pas exécutée et que Jorge Mandinga n’est pas arrêté, le gouvernement encourt «un autre crime, celui de désobéissance».
Cheikh Saadbou Diarra