Le groupe chinois vient de perdre la dérogation à l’embargo américain qui lui permettait de maintenir à jour ses smartphones sous Android. Les anciens modèles ne devraient pas devenir obsolètes pour autant.
L’horizon s’assombrit pour les smartphones Huawei. Les États-Unis ont décidé d’accentuer encore un peu plus la pression sur le groupe technologique chinois. L’administration de Donald Trump n’a pas renouvelé la licence temporaire qu’elle accordait tous les trimestres à la firme de Shenzhen pour lui permettre de maintenir certains échanges avec des entreprises américaines depuis que le département américain du Commerce l’a placée sur une liste noire le 16 mai 2019 sur fond de guerre commerciale avec la Chine, selon le Washington Post.
À travers ces sursis, Washington souhaitait permettre aux entreprises technologiques américaines et aux opérateurs de télécommunications locaux de trouver des alternatives aux deals conclus avec Huawei, très implanté dans le secteur des télécoms outre-Atlantique. Ces accords permettaient notamment à Google de continuer à délivrer des mises à jour et des correctifs Android aux smartphones lancés par Huawei avant la mise en place de l’embargo. Contrairement aux appareils lancés après l’entrée en vigueur des sanctions, les anciens modèles pouvaient continuer à utiliser le magasin d’applications Play Store et les Google Mobile Services, les applications Google les plus populaires (Chrome, Gmail, Maps, Search, etc.), la pierre angulaire de l’expérience Android.
Depuis le 13 août, date de l’expiration de la dernière licence générale temporaire d’exploitation, Google ne peut plus collaborer avec Huawei. Les contours des conséquences de cette décision sont encore flous. En théorie, Google n’est désormais plus autorisé à fournir des mises à jour pour les appareils Huawei. Cela signifie que les anciens modèles de la marque et ceux de sa filiale Honor pourraient ne pas être mis à jour vers Android 11 dans les prochaines semaines. Des modèles comme le P20, le P30, le Mate 20 ou le Honor 10 pourraient cesser de recevoir les patchs de sécurité et les mises à jour pour les applications installées, avec le risque de devenir obsolètes.
Huawei continuera à proposer des mises à jour, mais…
En pratique, on ignore encore pour l’instant dans quelle mesure l’expiration de la licence générale temporaire impactera les futures mises à jour logicielles des smartphones des clients de la marque chinoise. Google a confirmé auprès du Washington Post que c’est bien cette licence qui lui permettait de collaborer avec Huawei et de prendre en charge les appareils lancés avant les sanctions américaines. Contacté par RTL.fr, un porte-parole de Huawei assure que les smartphones qui disposent déjà des applications Google continueront de les avoir et que des mises à jour vers la partie open source d’Android seront toujours déployées.
Huawei est en effet autorisé à utiliser la partie ouverte d’Android. Cette version accessible à tous les constructeurs n’est pas concernée par les restrictions américaine. Elle propose l’essentiel de l’expérience Android mais ne dispose pas des services Google et du magasin d’applications Play Store. C’est la version qui est déjà utilisée par Huawei pour ses smartphones lancés après la mise en place des sanctions, le Mate 30 et le P40. Sur ces modèles, on retrouve des mises à jour Android développées par Huawei via le système EMUI et des services alternatifs comme l’AppGallery, le magasin d’application de la marque (qui compte environ 60.000 références, une broutille par rapport au Play Store) et des applications maison, censées répondre aux mêmes besoins numériques que les applications Google, qui souffrent encore de la comparaison avec leurs concurrentes.
Huawei devrait logiquement s’appuyer sur ses équipes internes et sur la communauté open source pour continuer à proposer des mises à jour logicielles et de sécurité à ses clients. Ces dernières ne seront plus déployées directement par Google. Cela devrait rallonger de plusieurs semaines le délai de leur distribution. Avec un risque de voir des failles de sécurité exploitées par des cybercriminels dans cet intervalle, souligne le site technologique du quotidien belge Le Soir. Autre enjeu pour Huawei, réussir à maintenir à flot les services de Google et les applications les plus populaires du Play Store (Facebook, Instagram, Uber, etc.), sans l’aide de Google et des éditeurs américains de ces services, sous peine de les voir devenir peu à peu obsolètes, au fil des changements apportés dans leurs codes.