@Atlanticactu.com– La construction de la Boucle des Kalounayes, un projet routier confié à l’entreprise chinoise CRSG dont la réalisation vise à sortir la Casamance de son isolement géographique et à en faire un point de passage majeur avec les pays voisins du Sénégal, risque de ne pas voir le jour. Entre le recours introduit et gagné devant la Cour Suprême par Ecotra une société sénégalaise et les parfums d’un scandale de près 400 millions de francs CFA, les populations ne savent plus à quel entrepreneur se fier.
C’est en octobre 2018 que le président Macky Sall a lancé les travaux de la boucle des Kalounayes. Un linéaire de 52 kilomètres qui va désenclaver les zones rurales a fort potentiel agricole et assurer en même temps la circulation des personnes et des biens. Les travaux intègrent l’aménagement de 95 kilomètres de pistes.
D’un montant de 14 millions d’euros, le marché a été remporté par la société Ecotra avec une offre mieux distante de 12 milliards de francs CFA contre 16 milliards proposés par l’entreprise chinoise China Railway Saventh Group CRSG. Mais, à la surprise générale, l’Ageroute retire le contrat gagné régulièrement par Ecotra pour l’offrir gracieusement à la GRSG, sous la pression exercée par la Banque africaine de développement (BAD), qui a octroyé le prêt à l’État du Sénégal pour la réalisation de cette boucle, longtemps exigée par les populations.
Après le scandale du contrat daffermage d’eau entre la SDE qui avait raflé la mise et Suez qui a été déclaré vainqueur, voilà une nouvelle affaire qui n’honore pas le Sénégal avec toujours Mansour Faye comme ministre de tutelle… Bizarre dirait-on ailleurs
Malgré l’Arrêt de la Cour Suprême ordonnant l’exécution dudit contrat par Ecotra, l’État à travers le ministère des Infrastructures et des transports rechigne à s’exécuter. Créant du coup une jurisprudence dangereuse pour les investisseurs alertés sur le fait qu’au Sénégal une décision de la plus haute juridiction est assimilable à un torchon.
Cette affaire rappelle tristement le contentieux qui avait opposé la SDE à Suez sur le contrat daffermage à l’eau potable. À l’époque, Mansour Faye ministre de l’hydraulique et de l’assainissement était désigné du doigt après que la commune de Saint Louis dont il est le maire, avait reçu un don de bennes tasseuses et autres de ….. Suez qui concourait à emporter le juteux marché de la distribution de l’eau au Sénégal.
Ecotra désigné comme exécutant du contrat, Ageroute et le ministère des Infrastructures regardent ailleurs. Abdoulaye Sylla supplié de laisser les chinois travailler moyennant d’autres contrats au moment où une affaire de 400 millions pollue l’atmosphère
Après l’Arrêt de la Cour Suprême et la sortie du top management et des avocats de la société Ecotra, un vent de panique s’est emparé des soutiens de l’entreprise chinoise CRSG. Car, pour M. Samb, Ecotra qui a fait des investissements à hauteur de 77 milliards FCFA. « 77 milliards en équipements, engins, camions, logistiques, véhicules et des équipements industriels qui tournent tous, autour de l’activité des Bâtiments et des Travaux Publics (BTP) ne saurait subir une nouvelle injustice dans son propre pays ».
Des propos qui ont rapidement poussé certains responsables à fumer le calumet de la paix avec Ecotra. C’est ainsi, « une réunion d’urgence a été convoqué pour supplier Abdoulaye Sylla de passer l’éponge moyennant deux gros contrats. Car, l’État ne veut pas se mettre à dos la BAD surtout en cette période de crise », révèle une source à la Présidence de la République où se serait tenue la réunion en question.
Qui a profité de la gentillesse des chinois au point qu’il leurs est impossible de reculer ? Des villas et des sommes d’argent ont-elles été proposées à certains responsables locaux et régionaux ? Les chinois menacent de déballer si le contrat leur est retiré…
Comme pour mettre en conflit ouvert l populations des Kalounayes à l’État du Sénégal, une manifestation est organisée et financée avec plus de dix millions de francs CFA. Une manifestation qui avait pour but de jeter en pâture les jeunes qui exigeaient la préférence nationale et l’exécution d’une décision de justice, seule gage d’investissement dans un état de droit. Ce que confirme Simon Diedhiou l’un des initiateurs de la conférence de presse de Vision Citoyenne, » On nous a accusé de tous les noms d’oiseaux mais notre combat est que nous pouvons accepter que Ziguinchor soit le lieu d’expérimentation de toutes les mauvaises pratiques politiques et administratives. Nous demandons juste l’exécution d’une décision de justice et rien d’autre».
Même son de cloche pour Molla Diedhiou, un jeune du village de Djebane et artisan de la conférence de presse, » Ceux qui disent que nous ne voulons pas du projet sont des politiciens en perte de vitesse, ce sont ceux-là qui ont menti aux populations et aux autorités en leurs disant que si les chinois n’executent pas le contrat, l’APR sera morte dans les Kalounayes. La politique de RSE proposée par Ecotra est de loin meilleure que celle CRSG. Voilà le sens de notre combat ».
Pourtant, en 2019 l’ARMP avait rejeté un recours similaire introduit par la CRSG concernant la contestation de l’attribution du marché de construction et d’équipements de trois tours (bâtiments) pour les entreprises TIC au profit du PTN. Par décision No N° 162/19/ ARMP/CRD/Def, Saer Niang et son équipe avait déclaré irrecevable la requête. Que s’est-il passé entre temps ?
Cheikh Saadbou DIARRA et Rose DIEDHIOU