Tout concourait à la situation qui prévaut aujourd’hui au Mali. Depuis le kidnapping de Soumaila Cissé leader de l’opposition, l’élection contestée de plusieurs députés favorables à IBK suivi de la naissance et des contestations du M5/RFP, les observateurs s’attendaient à voir les militaires déferler sur Koulouba pour donner la fin de la récréation. Le dernier rapport de l’ONU pointant du doigt plusieurs officiers généraux dans le trafic de drogue et surtout, d’être à l’origine du blocage du processus de paix, est la goutte d’eau de trop. Coup d’état ou pas, le pouvoir de IBK n’est plus sur les tablettes de l’Élysée.
Très tôt ce matin, la capitale malienne s’est réveillée sous les bruits des tirs d’armes automatiques. Des tirs proviennent de la ville garnison de Kati à 15 km de Bamako. Des témoins rapportent l’arrestation de certains hauts gradés de l’armée par des soldats de rang.
Ce qui se passe actuellement à Bamako ressemble plus à la descente des hommes du Capitaine Amadou Haya Sanogo en 2012 pour éjecter le président ATT du pouvoir. Aujourd’hui, deux scénarios sont possibles. Soit il s’agit bel et bien d’une « tentative de coup d’Etat », mais en ce cas, elle « n’implique pas toute l’armée si bien que de fortes résistances peuvent voir le jour ». Et cela pourrait faire craindre une nouvelle « fracture au sein de l’outil de défense entre « loyalistes » et « putchistes ». Et pire, « ces derniers pourraient avoir le soutien d’une frange importante du mouvement de contestation. M5-RFP ».
Plusieurs gradés de l’armée , des ministres et le nouveau président de l’assemblée nationale Moussa Timbiné aux mains des « putschistes ».
D’ores et déjà, Atlanticactu peut vous donner les premiers visages des leaders du pronunciamiento qui est en train de contester le régime de IBK : le Général Cheick Fanta Mady Dembélé, et Colonel Sadio Camara et Col Malick Diaw sont les têtes de file des militaires.
Joint au téléphone par Atlanticactu, un général de l’armée malienne reconnaît la situation mais précise, « Nous suivons attentivement la situation. La hiérarchie militaire est entrée en contact avec les troupes, on fera une déclaration officielle dans la journée », a déclaré cette source , qui s’est refusée à parler de « mutinerie ».
La pandémie du Coronavirus emportera plusieurs régimes, avait prédit les spécialistes du Quai d’Orsay dans un rapport qui visait plusieurs chefs d’état Ouest africains. Comme un fil conducteur, les effets du rapport se manifestent
L’effet « Pangolin » avait été annoncé en exclusivité par Atlanticactu comme du reste le rapport de l’ONU sur l’implication d’officiers généraux maliens dans le trafic de drogue. Ce rapport daté du 24 mars dernier et ficelé par le Quai d’Orsay , intitulé « l’effet pangolin, la tempête qui vient en Afrique » a suscité des tollés dans certains palais présidentiels du continent. Au Congo, le ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Congolais de l’Extérieur, a fait part de son « étonnement » à l’ambassadeur de France à Brazzaville. Le ministère congolais considère , dans une correspondance du 3 avril que dans le contexte du Covid-19, « l’heure devrait plutôt être à des expressions de solidarité afin de lutter contre des pandémies ».
Le rapport qui suscite l’agacement des dirigeants africains tombe alors que Paris est engagée dans une contre-offensive générale de soutien aux pays africains dans le cadre, justement, de la riposte contre le covid-19. Dans ce contexte, Emanuel Macron s’est entretenu, vendredi 3 avril, avec les présidents Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Abiy Ahmed (Ethiopie), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Paul Kagamé (Rwanda), Macky Sall (Sénégal), Félix Tshisekedi (République démocratique du Congo), Abdel Fattah al-Sissi (Egypte), Uhuru Kenyatta (Kenya), Emmerson Mnangagwa (Zimbabwe) et Moussa Faki, président de la Commission de l’Union africaine.
Pape Sané (Atlanticactu.com)