Le président Kaïs Saïed a reçu la démission d’Elyes Fakhfakh sur fond d’une crise recrudescente entre ce dernier et le Mouvement Ennahdha, principale composante de la coalition gouvernementale.
Le Chef du gouvernement tunisien, Elyes Fakhfakh, a présenté, mercredi, sa démission au président Kaïs Saïed, sur fond d’une crise recrudescente entre Fakhfakh et le Mouvement d’Ennahdha, principale composante de la coalition au pouvoir.
Il ressort d’un communiqué rendu public, mercredi, par la Présidence, que l’annonce de la réception de la démission a été confirmée au cours d’une audience accordée par Saïed à Fakhfakh, au président du parlement et d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, et à Noureddine Tabboubi, Secrétaire général de l’Union général du Travail (UGTT, principale organisation syndicale).
Fakhfakh préside, depuis le 27 février dernier, une coalition gouvernementale formée de 4 principaux partis et d’un bloc parlementaire. Il s’agit d’Ennahdha (d’obédience islamique, 54/217 députés), du Courant démocrate (social-démocrate, 22), du Mouvement Echaab (nassérien, 14), du Mouvement Tahya Tounes (Libéral, 4) et du Bloc de la Réforme nationale (indépendants et partis libéraux, 16).
La réunion, poursuit le communiqué, a été réservée à « l’examen des voies et moyens de sortie de l’actuelle crise politique et pour confirmer l’impératif de placer l’intérêt de la Tunisie au-dessus de toute autre considération ».
Saïed a souligné « la nécessité de résoudre les problèmes conformément à la Constitution », indique la même source, qui a ajouté que le président a réitéré son souci « d’éviter d’entrer en conflit avec quiconque ».
Le chef de l’Etat a tenu à rappeler que « l’Etat demeure au-dessus de toute autre considération et que la justice doit prendre son cours ».
De son côté, la présidence du gouvernement a indiqué dans un communiqué que Fakhfakh a « présenté sa démission en prenant en considération l’intérêt national et pour épargner au pays davantage de difficultés, respecter les contrats et promesses, pour asseoir l’impératif d’imprégner d’éthique la vie politique et pour éviter au pays un conflit d’institutions ».
Fakhfakh a remis « sa démission au président afin de lui frayer une nouvelle voie de sortie de crise », selon la même source.
Fakhfakh a mis en garde, dans ce communiqué, « quiconque serait tenté de porter atteinte à la sécurité ou aux intérêts vitaux de la patrie, que la loi sera appliquée sans tolérance ni exception ».
Une radio privée avait rapporté, plus tôt dans la journée du mercredi, que Saïed a demandé de Fakhfakh de présenter sa démission.
Lundi, le président du Conseil de la Choura d’Ennahdha, Abdelkrim Harouni, avait annoncé que le Conseil a mandaté le chef du Mouvement, Rached Ghannouchi, d’engager des consultations pour la formation d’un nouveau gouvernement, sur fond des « soupçons de conflit d’intérêts » qui pourchassent Fakhfakh, ce en quoi le Mouvement estime qu’il s’agit d’une atteinte à l’image de la coalition au pouvoir.
Notons qu’Elyes Fakhfakh avait démenti la véracité de tout soupçon au cours d’une séance de dialogue avec le parlement.
Kaïs Saïed avait annoncé, également, lundi, son rejet de toutes consultations au sujet de la formation d’un nouveau cabinet, tant que le Chef du gouvernement n’a pas démissionné ou qu’il n’a pas encore fait l’objet d’un acte d’accusation.
Fakhfakh a réagi, le soir même, à la décision d’Ennahdha, en annonçant qu’il envisage d’opérer un remaniement ministériel « au cours des prochaines jours », avec des allusions à exclure Ennahdha du gouvernement.
Il a considéré l’appel lancé par Ennahdha à la formation d’un nouveau gouvernement comme étant une « dérobade de ses engagements à l’endroit de ses partenaires dans la coalition, au milieu d’efforts nationaux déployés pour sauver l’Etat et l’économie précaire du pays ».
Mercredi, une motion de censure signée par 105 députés a été déposée au parlement réclamant le retrait de confiance du gouvernement de Fakhfakh. Les signataires sont issus des blocs d’Ennahdha, de Qalb Tounes (27 députés, libéral) et de la coalition de la Dignité (19, révolutionnaire), selon des médias locaux.
L’acceptation de la motion par le Bureau du parlement nécessitait 73 signatures pour un vote en séance plénière à la majorité absolue des voix, soit 109 voix, conformément au texte de la constitution.
ATLANTICACTU/AA.

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