La Croix-Rouge du Tchad a indiqué avoir déployé « une dizaine d’équipes » dans les arrondissements sous tension de la capitale. « Nous prodiguons les premiers soins et nous acheminons des dizaines de blessés en véhicule jusqu’aux hôpitaux », a déclaré à l’AFP son président, Khalla Ahmat Senoussi.
La France, par la voix du ministère des Affaires étrangères, a « condamné » les violences. « Des violences sont survenues ce matin au Tchad, avec notamment l’utilisation d’armes létales contre les manifestants, ce que la France condamne », a souligné le Quai d’Orsay, dans un communiqué affirmant que Paris ne joue « aucun rôle dans ces événements ».
Ces affrontements se déroulent après la prolongation pour deux ans de la « transition » qui devait s’achever ce jeudi 20 octobre. Mais fin septembre, Mahamat Idriss Déby Itno a finalement été maintenu à la tête de l’Etat jusqu’à des élections libres et démocratiques, censées se tenir à l’issue d’une deuxième période de transition et auxquelles M. Déby pourra se présenter.
Condamnation de la France des violences contre les manifestants. Sollicitées par l’AFP, les autorités n’avaient pas réagi à la mi-journée.
Ce maintien, à l’issue d’un Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) boycotté par une grande partie de l’opposition, a achevé de braquer les oppositions politiques et armées et embarrasse une communauté internationale qui avait pourtant adoubé M. Déby il y a 18 mois.
Le 20 avril 2021, à l’annonce de la mort du maréchal Déby, tué par des rebelles en se rendant au front, l’armée avait proclamé son fils Mahamat Déby président de la République à la tête d’une junte de 15 généraux, pour une période de transition de 18 mois devant mener à des élections.
Des nuages de fumée noire étaient visibles et des tirs de gaz lacrymogène se faisaient régulièrement entendre dans la capitale ce matin, tandis que des barricades ont été dressées dans plusieurs quartiers de la ville et que des pneus sont brûlés sur les principaux axes routiers, selon les journalistes de l’AFP à N’Djamena.
La manifestation avait été interdite mercredi 19 octobrepar les autorités.
« Je suis sorti manifester pour dénoncer ce dialogue de façade pour pérenniser un système et réclamer un changement du pouvoir. En 31 ans, on n’a pas vu de changement positif dans notre pays », a déclaré à l’AFP, Abass Mahamat, 35 ans.
Dans le centre de la capitale, les commerces du marché central ont baissé le rideau. « On nous a dit qu’il y a une manifestation dans la ville et je suis venu comme les autres collègues pour rester devant mon magasin pour éviter des pillages », a expliqué à l’AFP, Mahamat Mboudou, les yeux rivés sur son téléphone pour suivre les évènements au sud de la ville.
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