@Atlanticactu.com – Depuis les émeutes de mars dernier des suites de l’arrestation du député Ousmane Sonko, le président Macky Sall qui avait annoncé « que plus jamais pareille situation ne se reproduira », a mis le focus sur le réarmement des forces de sécurité. Ainsi, véhicules blindés comme matériels de maintien de l’ordre ou grenades, ne sont laissés en rade. L’État achète tout pour la police et la gendarmerie en prévision de futures manifestations. La dernière trouvaille est l’expérimentation des paintballs.
Après les saccages sur l’étendue du territoire national lors des manifestations de mars dernier, les autorités pensent à modifier leur stratégie face aux « manifestants casseurs » avec des arrestations ciblées sur des motifs flous comme l’indiquent les récentes modifications du Code Pénal sur la lutte contre le Terrorisme, les techniques de dispersions et tirs de fusils LBD.
La fumée piquante des pneus allumés qui s’est abattu sur Dakar et le reste du pays a des relents acides de gaz lacrymogène lors des échauffourées de mars dernier, continue d’alimenter les stratagèmes sur les ripostes à venir. Le sol jonché de douilles, cartouches et autres éclats de grenades, témoigne de la violence des affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants , qui ont secoué pendant des jours toute la la capitale sénégalaise mettant par moment, policiers et gendarmes en mauvaise position au point qu’en trois jours, près de 15 personnes ont trouvé la mort sous les projectiles.
Après les importants débordements survenus lors des manifestations de mars, l’exécutif souhaite réagir en utilisant des marqueurs chimiques. Hormis les paintballs, des canons à eau capables d’asperger les manifestants d’un marqueur chimique qui laisseraient une trace invisible sur ses agresseurs. Voici la nouvelle trouvaille de la Place Washington pour mieux identifier les casseurs à l’avenir. Est-ce vraiment efficace ? C’est en tout cas techniquement possible.
Désormais, la doctrine du maintien de l’ordre semble avoir basculé et le mot d’ordre est « Allez-y franchement, n’hésitez pas à percuter. Ça fera réfléchir les suivants »
Et pour faire face aux velléités de manifestations, la police semble avoir opté désormais pour l’utilisation des produits de marquage codés par les forces de sécurité qui est « en constante progression » dans plusieurs pays. Les quinze morts non élucidés lors des émeutes post arrestation de Ousmane Sonko, pèsent lourdement dans la balance et vont à coup sûr coûter plusieurs places au Sénégal au niveau des organisations internationales dont la CPI qui n’écarte plus l’ouverture d’enquêtes sur les morts et blessés lors des manifestations.
Pour éviter de pareils drames , la police opte pour une expérimentation d’armes à projectiles non létaux, notamment pour marquer à l’aide de peinture ultraviolette les manifestants dangereux, les casseurs et les voitures de trafiquants qui pratiquent les « go fast ». Selon des sources proches du ministère de l’Intérieur, l’utilisation de ce type de lanceurs « Paintballs » va faciliter l’identification et l’arrestation des casseurs.
« Avec juste un coup de pistolet à air comprimé, le casseur est marqué d’une tache de peinture et les policiers chargent pour l’extirper de la foule.Une façon de permettre aux policiers et gendarmes déployés de multiplier les arrestations musclées après les manifs, sans beaucoup de violences gratuites comme cela a été le cas récemment », renseigne un haut gradé de la police.
Ce marqueur chimique est déjà utilisé en France par des commerçants contre les cambriolages et les braquages. En Grande-Bretagne, la police l’a adopté depuis huit mois, dans les manifestations et pour lutter notamment contre les vols de scooters. Ce marqueur chimique peut être introduit dans n’importe quel liquide et sous n’importe quelle forme, dans des canons à eau ou dans des sortes de balles de paintball. Cela sera-t-il efficace pour le maintien de l’ordre ? Certains sont dubitatifs mais le ministère de l’Intérieur espère utiliser les marqueurs chimiques le plus vite possible.
Cheikh Saadbou DIARRA