Sénégal
Atlanticactu/ Reddition des Comptes/ Saliou Ndong
La Brigade des Affaires Générales (BAG) a commencé ses auditions dans le cadre de l’affaire Prodac. Khadim Ba, directeur général de Locafrique, a été extrait de prison et a affirmé avoir été le premier à donner l’alerte après avoir découvert des factures suspectes. Les auditeurs ont estimé le coût total du projet à 26,6 milliards de FCFA, un montant jugé excessif compte tenu de l’incapacité à atteindre l’objectif stratégique de création massive d’emplois, ce qui a éveillé des soupçons de surfacturation de la part du bailleur, selon tous les acteurs.
Le rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) indique que 12,6 milliards de FCFA ont été versés à Green 2000 sans aucune vérification préalable. Ce montant n’inclut pas les factures impayées à l’époque, qui étaient incorrectement estimées à 5,3 milliards de FCFA.
En somme, le total des sommes déjà versées et des factures en attente s’élève à 17,2 milliards de FCFA. Cependant, les prestations sur le terrain étaient insuffisantes. Par exemple, pour le site d’Itato, Green 2000 a émis deux factures totalisant 3,4 milliards de FCFA, dont 1,2 milliard a été versé en avance, alors que les études ne sont pas encore prêtes et qu’aucun équipement n’a été livré.
Les enquêteurs ont ainsi recommandé l’ouverture d’au moins deux informations judiciaires.
Ce lundi 14 octobre, le journal Libération rapporte que l’IGF a relevé une violation des règles lors de l’exécution du contrat entre Green 2000 et le Prodac avant même son enregistrement. Green 2000 a reçu 2,3 milliards de FCFA en trois paiements, répartis sur quatre demandes entre le 9 mars et le 8 juillet 2016. Le contrat a été officiellement notifié à Green 2000 le 25 juillet 2016.
L’article 6 du contrat stipule que le versement de l’avance de démarrage dépend de l’accomplissement des formalités d’approbation et d’enregistrement du contrat. L’article 5.2 de la convention de financement exige, quant à lui, la notification de l’ordre de service de démarrage des travaux avant tout paiement de cette avance, rappelle Libération.
L’IGF a qualifié cette violation des termes contractuels et de la convention de financement d’« anachronisme difficile à qualifier ».
L’ancien ministre Mame Mbaye Niang, à l’époque responsable du département de la Jeunesse sous la tutelle du Prodac, est cité dans cette affaire. Il a toujours contesté son implication, affirmant même que le document incriminé n’existe pas. Ousmane Sonko, alors dans l’opposition, avait soutenu le contraire, ce qui lui a valu une condamnation pour diffamation et son inéligibilité à la dernière élection présidentielle.
Devenu Premier ministre, le leader de Pastef avait affirmé que non seulement le rapport de l’IGF existait, mais qu’il avait également été transmis à la justice.