Sénégal
Atlanticactu/ Ousmane Sonko/ Saliou Ndong
La question revient fréquemment dans le débat public : pourquoi l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), qui reçoit les déclarations de patrimoine, n’a-t-il pas rendu publiques celles des membres du gouvernement, à commencer par le Premier ministre, Ousmane Sonko ?
Certains militants de la transparence estiment que la fortune du chef du gouvernement devrait être rendue publique, tout comme celle du président de la République, dont la déclaration a été communiquée au Conseil constitutionnel, qui l’a ensuite exposée aux Sénégalais.
Pourquoi cette obligation pour le président et pas pour ses ministres, et en particulier le Premier ministre ? La réponse est simple : la loi. Selon Aminatou Diop, cheffe de la division de réception et de traitement des déclarations de patrimoine de l’Ofnac, citée par L’Observateur, « l’Ofnac n’a pas le pouvoir de rendre publiques les déclarations de patrimoine, que ce soit à l’entrée ou à la sortie d’un assujetti. »
Son collègue Babacar Bâ, vice-président de l’Ofnac, abonde dans ce sens et ajoute : « Tout dépend du plaidoyer. Si les Sénégalais jugent qu’il est nécessaire de publier ces données, il faudra modifier la loi. Qui peut le plus peut le moins : la loi obligeant le président à rendre publiques les informations de sa déclaration de patrimoine pourrait tout aussi bien s’appliquer aux membres du gouvernement. »
L’ancien député du Pds, Doudou Wade, approuverait une modification de la loi dans ce sens. Selon lui, les dispositions actuelles concernant la déclaration de patrimoine, notamment en ce qui concerne la publication des données, manquent de cohérence.
Dans des propos rapportés par L’Observateur, Wade déclare : « Le président de la République fait sa déclaration auprès du Conseil constitutionnel, qui est obligé de la rendre publique. Comment peut-on, dans ce contexte, protéger le Premier ministre et ses ministres ? Cela n’a pas de sens. »
Ce sujet a été abordé mardi lors d’un séminaire de formation pour les journalistes organisé par l’Ofnac et Amnesty International, axé sur la prévention et la lutte contre la corruption, selon le journal du Groupe futurs médias.