De mémoire jamais une nomination n’aura été aussi bien accueillie au sein de la Police Nationale que celle d’Arona Sy à la tête de la direction de l’inspection des Services de Sécurité. Promu mercredi lors du Conseil des ministres, l’ancien Commissaire Central de Dakar reprend du service après quelques 8 ans d’une traversée du désert. Un tour dans les différents commissariats de police de Dakar, a permis de mesurer combien les policiers adulaient cet homme. Une promotion méritée et qui vient à temps pour ce corps.
Quand la nouvelle de la nomination de Arona Sy a été rendue publique, c’est toute la police qui a poussé un ouf de soulagement comme pour approuver la décision du Président de la République et étaler sa reconnaissance à l’homme qui depuis 1988 date de son entrée officielle dans la police, n’a cessé de donner le meilleur de lui-même au service de la Nation. Le Commissaire Divisionnaire de C. E Arona Sy est issu de la 21ème promotion de l’École Nationale de Police où il est sorti Major comme Officier de police.
En promouvant à nouveau Arona Sy dans le top management du ministère de l’intérieur, le Président Sall a tout bonnement réparé une injustice longtemps décriée par les policiers tous grades confondus. Et pour preuve, un tour au Commissariat Central de Dakar a permis de mesurer l’estime que les fonctionnaires de police continuent de nourrir à l’endroit du successeur de Isma Seck à la tête de l’Inspection des Services de Sécurité. Heureux hasard, en 2009, le Commissaire Sy avait succédé celui qu’il remplace aujourd’hui à la tête du Service Régional de Sécurité Publique de Dakar.
« Revoir le Commissaire Arona Sy en activité nous comble d’espoirs et nous renforce dans nos missions de tous les jours », tient à déclarer ce lieutenant issu de la 42ème promotio. Partout c’est la joie pour fêter le retour de l’enfant prodige
Ce témoignage est un résumé de tous ceux qui ont tenu à s’exprimer à notre micro. Les jeunes, anciens gradés comme agents sont unanimes à reconnaître le professionnalisme de l’homme que certains puristes ont voulu vouer aux gémonies dès l’accession au pouvoir du Président Macky Sall.
Un policier à la retraite reconverti comme écrivain public apportera cet autre témoignage, « Je me nomme Cheikh Gueye, je suis Brigadier/ Chef à la retraite. J’ai eu à travailler sous les ordres du Commissaire Sy et je n’ai jamais douté de sa probité morale ou professionnelle. Avec lui, on avait à cœur de travailler sans regarder la montre car il donnait toujours envie de se surpasser ».
Même son de cloche pour un jeune officier qui requiert l’anonymat, « Le nom du Commissaire Arona Sy est un stimulateur. Je n’ai pas eu la chance d’être sous ses ordres mais de ce que les anciens nous ont dit, c’est le chef qui manquait à la police . D’ailleurs, ce qui fait que pendant les 8 ans où on ne lui avait confié aucune responsabilité, la hiérarchie policière qui le considérait comme un concurrent sérieux à la direction générale de la police nationale, n’a jamais œuvré pour sa « réhabilitation ». Et ce dernier de nous montrer le groupe qui a été créé spontanément sur Facebook pour soutenir et accompagner le retour de ce cadre hors pair dont les Nations Unies vouent un respect inestimable. Son passage au Timor Oriental reste gravé dans les livres de l’organisation internationale.
« Il est le parrain de notre promotion et se réclamer de lui est une fierté dans ce corps. Qu’on le veuille ou pas le Commissaire Arona Sy est une légende vivante dans la police », nous renseigne cette commissaire de police. Selon elle, « Le commandement de la police depuis le départ de l’Inspectrice Générale de la police, Anna Semou Faye n’est pas des meilleurs car les hommes ne sentent pas la présence de la hiérarchie alors que nous avons besoin de vrais chefs et non de patron et le retour aux affaires surtout à l’Inspection des Services de Sécurité placée directement sous la tutelle du ministre, prouve que l’autorité veut impulser une nouvelle dynamique à la police ».
Tout l’honneur de cette nomination revient au Ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye et au Président Macky Sall qui a su faire fi des « pressions » pour acter le retour d’Arona Sy
Certains ne dormiront plus du sommeil du juste en apprenant mercredi la nomination du Commissaire Divisionnaire de CE Arona Sy que beaucoup avaient enterré depuis 2012. Mais il aura fallu la ténacité de l’actuel ministre de l’intérieur, Aly Ngouille Ndiaye qui a compris qu’à l’état actuel des choses le Sénégal ne pouvait se permettre le luxe de continuer de mettre sur la touche l’ancien commissaire central. Même si certains mauvais esprits ont essayé de remettre sur la table les événements de 2011/2012 alors qu’il a été relaxé de toutes les poursuites engagées contre lui. Ce n’est pas le cas pour certains de ces accusateurs dont la condamnation dépend jusqu’à ce jour d’un rabat de la décision du juge.
Et cette décision présidentielle trouve l’adhésion du Président de l’Association des Policiers à la retraite Tous grades confondus. Cheikhna Keïta pour ne pas le nommer nous déclare au bout du fil, « Je peux maintenant me retirer et laisse la jeune génération de retraités continuer le combat. Jamais je ne cesserai de louer Dieu et de remercier le Chef de l’état et le ministre de l’intérieur pour cette décision qui a été toujours une demande des policiers. »
Pour le Retraité, « À chaque audience avec le Président Macky Sall, le ministre de l’intérieur, Aly Ngouille Ndiaye où le DGPN Ousmane Sy, nous avons exigé le retour aux affaires du Commissaire Arona Sy qui est une valeur sûre de notre corps. Le Président vient de réparer une injustice et de permettre à la police de bénéficier de l’expertise de cet officier », dira t’il.
Sacrifié pour avoir défendu la république, Arona Sy l’éternel incompris injustement combattu. Pourtant, il a été celui qui osé dire au Président Abdoulaye Wade d’autoriser la manifestation du 23 juin contrairement à certains qui préconisaient une sévère répression
Trainé dans la boue, jeté en pâture, ignoré par sa hiérarchie, Arona Sy a vécu l’enfer ces huit dernières années. Il aura même été trahi par ceux-là qui avaient honte de clamer leur amitié. Pendant huit ans, l’homme a souffert dans la dignité mais n’a pas plié. Certains pousseront l’ignominie au point de ne pas lui présenter des condoléances lors du décès de son père.
Au front durant la période de contestations et de manifestations des émeutes de l’électricité et du 23 juin 2011,la gestion de crise qui s’était emparée de la capitale et de l’intérieur du pays avait connu des pics de violence dus au maintien et rétablissement de l’ordre. En effet, 2011 a coïncidé avec les manifestations pré électorales et les forces de sécurité étaient sur le qui-vive pour empêcher le pays de plonger dans le chaos.
Pape Sané