Mali
Atlantiactu/ Assimi Goïta/ Octroi d’un mandat/ Serigne Ndong
Au Mali, la situation sécuritaire est avancée pour justifier l’octroi d’un mandat de cinq ans, renouvelable à partir de 2025, au président de la transition, le général Assimi Goïta. Le projet de loi adopté le 11 juin en Conseil des ministres, visant à modifier la Charte de la transition, sera prochainement soumis au Conseil national de transition. Ce prolongement du pouvoir sans élection ni échéance claire ne surprend guère, mais il officialise une réalité : les militaires entendent rester aux commandes, et les élections ne sont plus à l’ordre du jour.
Cinq ans après le début de la transition, les échéances électorales ont été plusieurs fois reportées. Ceux qui avaient cru aux promesses de retour à l’ordre constitutionnel se sentent aujourd’hui trahis.
Pour Oumar Berté, avocat, politologue et chercheur à l’Université de Rouen : « On s’y attendait. La transition entre désormais dans une nouvelle phase sans issue électorale ni perspective de retour à la démocratie. C’est un retour en arrière, avant les acquis démocratiques des années 1990. Il n’y a aucune volonté de rendre le pouvoir. »
La récente dissolution des partis politiques muselle toute opposition intérieure. Si des voix s’élèvent depuis l’exil pour dénoncer une dérive autoritaire, le régime a verrouillé l’espace politique, recourant à la répression pour étouffer toute contestation. Oumar Berté précise : « Les partis dissous tenteront de s’organiser, à l’intérieur comme à l’extérieur. Mais ceux restés au Mali seront confrontés à la violence, aux arrestations arbitraires et à une justice instrumentalisée. »
Les opposants, malgré la peur de la répression, promettent de résister à ce qu’ils dénoncent désormais comme une dictature, sans pour autant dévoiler leur stratégie face à un appareil sécuritaire de plus en plus oppressif.