Ils étaient nombreux en Occident et dans certaines capitales africaines à imaginer un scénario de réduction de la présence russe en Afrique après la rébellion du groupe paramilitaire Wagner contre Moscou. Non seulement cette mutinerie n’a duré que le temps d’une rose donc sans conséquences majeures sur les accords entre la Russie et le Mali, la Centrafrique ou le Burkina Faso. Aujourd’hui, Bamako, Bangui et Ouagadougou sont plus résolus à garder un partenariat sécuritaire avec Moscou.
Appelé en renfort par Moscou pour endiguer la montée en force de l’armée ukrainienne, soutenue et dotée de moyens conséquents par l’Occident, le groupe paramilitaire Wagner a beaucoup chuté dans l’estime de Vladimir Poutine depuis que Evgueni Prigojine a décidé avec ses hommes de marcher sur Moscou pour exiger la démission du ministre de la défense et du Chef d’état-major des armées russes. Malgré ce qui est considéré comme un acte déloyal vis-à-vis du Kremlin, Wagner continue de conserver ses contrats en Afrique. En effet, aux termes de l’accord officieux trouvé ce week-end entre le groupe de mercenaires et le Kremlin, son chef, Evguéni Prigojine devrait, certes, se réfugier en Biélorussie, mais de là, il pourrait continuer à piloter son empire militaire, médiatique et commercial sur le continent africain.
Ouf de soulagement pour Bamako, Bangui ou Ouagadougou qui avaient décidé de mettre à la porte toute présence militaire française qui a espéré à travers cette mutinerie des hommes d’Evgueni Prigojine, assister à une montée en puissance du Terrorisme dans ces trois pays « rebelles et hostiles » à la France. Mais, l’intervention du président biélorusse et les accords signés, vont permettre à Wagner d’assurer la continuité de son action. Et ce, sous l’œil de Vladimir Poutine dont Prigojine est un bras armé occulte défendant les intérêts de l’Etat russe à l’étranger.
Les experts militaires et politiques français qui commençaient à entrevoir un retour par la grande porte à au Mali, en Centrafrique et Burkina Faso, peuvent déchanter parce que les régimes en place dans ces pays comptent s’appuyer sur la Russie pour assurer leur survie à travers la présence des effectifs de Wagner présents également en Libye.
« Même hors du giron de Vladimir Poutine, Wagner demeure un bras armé de l’Etat russe à l’étranger. Bamako, Bangui et Ouagadougou resteront liés à Moscou »
Depuis de nombreuses années, Moscou qui a soutenu les luttes d’indépendance de certains pays africains, s’était laissée distancer un moment du fait de la crise politique qui avait fini par faire exploser l’ancienne toute puissante union des républiques socialistes et soviétiques (URSS), est revenue en force sur le continent. Ce ne sont plus les Conseillers techniques d’antan qui écumaient les forêts angolaise, mozambicaine…mais, comme les États-Unis avec (Blackwater, Erickson Inc., Berry Aviation Inc., etc), la France (Secopex), l’Angleterre avec (Aegis Defence Services Ltd) et ukrainiennes (Omega Consulting Group), Moscou a crée Wagner.
Et les résultats n’ont pas tardé à positionner Moscou au centre de la défense des intérêts de la Centrafrique et du Mali où Wagner a supplanté les forces françaises et également à Ouagadougou où la situation serait plus compliquée avec des autorités qui ont demandé le départ des troupes françaises en début d’année. Et, où pour le moment Wagner ne semble pas avoir remplacé l’armée française même s’il se susurre que le nombre de ses combattants au Burkina Faso se monterait à 1.500 comme au Mali.
« Bamako tient à conserver un partenariat avec Moscou et attend que le ministère de la Défense russe continue ses opérations comme avant ». », estime un Responsable des Renseignements
Si le nombre de militaires de Wagner est considéré comme insignifiant par les observateurs, l’équipement militaire obtenu par le Mali et le Burkina Faso en l’espace de quelques mois, a permis à ces armées nationales de réussir des montées en puissance. Mais surtout, d’avoir réussi à sauvegarder leur intégrité territoriale. Les hommes d’Evgueni Prigojine sont accusés malgré leurs succès militaires, de constituer juste une sorte de garde prétorienne contre d’éventuels troubles internes ou coup d’Etat. Le Mali en a connu deux en trois ans, tout comme le Burkina Faso depuis janvier 2022. Les militaires de Wagner sont également accusés d’avoir commis, au Mali comme en République centrafricaine, des crimes, et ont même connu des incidents meurtriers avec l’armée régulière.
Pourtant, ceux qui accusent Wagner de pas disposer de moyens militaires suffisants pour faire face aux terroristes au Mali ou au Burkina Faso,m’oublient souvent de rappeler que les puissantes armées françaises, les forces Barkhane et Takuba équipées d’avions de chasse, n’ont pas réussi durant dix ans à ralentir l’hydre terroriste encore moins la freiner.
Selon le Grip, les SMP sont « plus rentables, parfois mieux entrainées, plus flexibles, aisément mobilisables et occasionnellement plus neutres que les armées régulières ». Le groupe indique que les SMP permettent le « déni plausible » et « l’absence de preuve » au bénéfice des Etats.
« Les militaires employés par des sociétés militaires privées sont liés par un contrat signé avec une entreprise ayant un statut juridique, alors que les mercenaires free lance sont directement engagés de manière individuelle par des gouvernements voire des groupes rebelles », renseigne le Groupe de travail des Nations Unies.