C’était une situation à craindre comme ce fut le cas en Iraq, dans l’ex Yougoslavie dans les années 90 et actuellement en Syrie. Les sociétés militaires privées (Mercenaires) payés près de 8,5 millions francs sont les nouveaux Seigneurs de la guerre dans le Sahel. Une implication qui fera perdurer le conflit et démontre que cette fameuse guerre contre le terrorisme cache une volonté de certaines puissances de faire main basse sur les énormes richesses enfouies dans ce désert.
Une enquête publiée récemment par le Pentagone révèle la triste réalité de la guerre menée dans le Sahel. L’essor des compagnies militaires privées, américaines, françaises, britanniques, ukrainiennes et russes est remarquable. Selon cet article ci-dessous, Omega Consulting Group, une compagnie militaire privée ukrainienne installée récemment au Burkina Faso, des mercenaires aux profils de baroudeurs sont recrutés pour un salaire de 14 000 dollars soit 8.400.000 F CFA.
Le Sahel, nouvel eldorado pour les compagnies militaires privées. Certains pays et même l’ONU font appel à elles pour la collecte d’informations ou l’évacuation médicalisée : dans la région du Sahel, la guérilla islamiste est devenue un véritable business pour les armées privées.
La publication cette semaine du rapport d’enquête du Pentagone sur l’embuscade meurtrière le 4 octobre 2017 dans l’extrême ouest nigérien, au cours de laquelle neuf militaires dont quatre membres des forces spéciales américaines (ici en exercice avec l’armée nigérienne) ont été tués, permet de se rendre compte de l’imbrication des forces militaires privées dans le dispositif militaire tactique américain (US Army).
« Au Sahel : Des mercenaires payés à 8. 400.000 le mois »
Derrière chaque soldat des différentes forces internationales présentes dans le Sahel, vous trouverez peut-être un « garde » d’une compagnie militaire privée ou un quelconque moyen logistique militaire appartenant à une société privée.
Ces agents sont aussi visibles en coulisses, à garder des sites miniers, à former les gardes du corps de certains présidents, ou même à assurer la sécurité ou le support logistique des opérations de maintien de la paix de l’ONU.
Dans son incapacité à mettre sur pied des bases permanentes en Afrique, l’armée américaine, à travers l’AFRICOM (le commandement des États-Unis pour l’Afrique), se retrouve même totalement dépendante des sociétés de sécurité privées, dans des domaines comme la récolte d’information sur le terrain, l’intervention spécialisée, le transport tactique, l’évacuation médicalisée et parfois pour « l’exploitation » des individus arrêtés.
Comme en Iraq, en Syrie et en Libye, les compagnies privées sous traitent la guerre et sèment le chaos. Le Sahel risque gros
La publication cette semaine du rapport d’enquête du Pentagone sur l’embuscade meurtrière qui a eu lieu le 4 octobre 2017 dans l’extrême ouest nigérien, au cours de laquelle neuf militaires dont quatre membres des forces spéciales américaine sont été tués, permet de se rendre compte de l’imbrication des forces militaires privées dans le dispositif militaire tactique américain.
Il apparaît dans le rapport qu’en plus des huit membres des forces spéciales américaines et des deux soldats américains en support, un mystérieux « civil chargé du renseignement », dont ni l’identité, ni la nationalité n’ont été révélées, était aussi présent.
Les images diffusées par le Pentagone et prises par un drone ont montré que l’évacuation des blessés a été partiellement faite par un hélicoptère civil Bell 214 de la compagnie privée, Erickson Inc, stationné au Niger.
Une autre entreprise de transport militaire privé aurait été mise en alerte selon le chercheur et auteur David Trevithick. Son nom : Berry Aviation.
Sur son site internet, l’entreprise Berry Aviation ne fait pas un mystère de son engagement en Afrique (Berry Aviation)
Sur son site internet, elle ne cache en rien son engagement en Afrique aux côtés de l’armée américaine pour des missions de transport de fret et de passagers, de parachutage et d’évacuation sanitaire de combat.
Un budget annuel de plusieurs dizaines de millions de dollars
En conclusion, il a suffi qu’une mission tourne mal pour que soit dévoilé le nom de trois entreprises militaires privées.
Juste pour l’AFRICOM, ce sont 21 entreprises américaines qui s’affichent comme prestataires de service militaire en Afrique du Nord et au Sahel.
Comme les États-Unis ne sont pas les seuls présents dans la région (MINUSMA, Barkhane…), des dizaines d’autres compagnies sont progressivement occupé la zone. Leurs missions vont de la fourniture de repas à l’intervention armée. Elles sont françaises, britanniques ou ukrainiennes et elles se partagent un budget annuel de plusieurs dizaines de millions de dollars.
Depuis peu, ce sont les russes qui s’infiltrent en Afrique du Nord et en Afrique centrale. Une compagnie militaire privée bien connue, Wagner Group, est en train de prendre pied de manière durable dans la région et selon les analystes, elle signifierait que Moscou revient aux affaires en Afrique.
De la Libye à la Côte d’Ivoire
Son nom est mêlé à la guerre dans la région séparatiste du Donbass en Ukraine et à l’intervention russe en Syrie où ses agents protègeraient certains sites pétroliers et seraient utilisés par l’armée syrienne. Une centaine de ses hommes ont décroché le précieux contrat de la formation de milliers de soldats de l’armée reconstituée de Centrafrique. L’apparition des instructeurs russes avait été précédée en 2017 par des livraisons d’armes de Moscou, qui avait provoqué des remous à l’ONU, en particulier de la part de la France et des États-Unis, qui considéraient que la Russie violait l’embargo international sur les armes, appliqué après les violences de 2013 responsables de centaines de morts en Centrafrique. Mais c’est l’ONU qui acceptera finalement de délivrer un laissez-passer pour les autorités russes qui accepteront de former l’armée de Bangui.
Dans les coulisses, on apprend aussi que du personnel de Wagner aurait été affecté à la protection rapprochée du président Faustin-ArchangeTouadéra, pendant qu’un autre groupe s’occuperait de la sécurité de la principale mine de diamants du pays.
En janvier dernier, c’est au Soudan que les hommes de Wagner ont été aperçus, selon l ‘agence de renseignement privée américaine Stratfort. Là aussi, les mercenaires de Wagner protègent les exploitations minières d’or, de diamant et d’uranium pour le compte du président du Soudan du Nord, Omar El-Béchir. En conflit avec le Soudan du Sud, l’état-major de l’armée du Nord recevrait les conseils très spéciaux d’agents de l’organisation Wagner.
En Libye, ce sont d’autres compagnies militaires russes qui opèrent. Selon le blog russe BMPD, la société militaire russe RSB aurait déjà envoyé une équipe de déminage dans la région de Benghazi. La même source ajoute que des agents privés russes ont entraîné des militaires du maréchal libyen Haftar sur la base égyptienne de Sidi Barrani, proche de la frontière libyenne.
Au Sahel, l’Ukraine n’est pas en reste.
De nombreuses entreprises ukrainiennes sont directement impliquées avec les acteurs internationaux. Au Mali, Ukrainian Helicopters, fournit des moyens d’évacuations médicalisés aéroportés à la MINUSMA depuis deux ans. On les retrouve aussi au Soudan, au Congo et en Côte d’Ivoire.
Plus musclée, la société militaire privée Omega Consulting Group a ouvert une filiale au Burkina Faso avec l’envoi de plusieurs hommes. Cette entreprise ukrainienne, recrutait jusqu’à récemment sur sa page Facebook, des « opérateurs » francophones ayant une solide expérience du combat.
Andrei Kekbalo, patron de cette compagnie affirmait dans un entretien accordé à BBC Ukrain, que les salaires proposés par sa société allaient, selon le danger, de 2000 à 5000 dollars par mois. (1.200.000 – 3.000.000 F CFA).
Pour les postes au Burkina-Faso, Omega Consulting Group exige des profils de baroudeurs. Expérience en Irak, Yougoslavie, Afghanistan, Afrique pour un salaire de 14 000 dollars. (8.400.000) F CFA.
Aujourd’hui, la guérilla islamiste dans la région du Sahel est devenue un véritable business pour de nombreux acteurs qui agissent parfois dans le flou le plus total et en marge de la légalité internationale.
Une conjoncture qui inquiète de plus en plus les pays riverains d’Afrique du Nord qui regardent, tétanisés, la situation sécuritaire de leur prolongement naturel leur échapper complètement.
La Rédaction