Libye
Atlanticactu/ Tripoli/ AP
Un groupe de défense des droits de l’homme a exhorté lundi les États-Unis et la Libye à expliquer la base juridique de l’extradition surprise d’un ancien officier des services de renseignement libyens accusé d’avoir fabriqué la bombe qui a fait exploser le vol 103 de la Pan Am au-dessus de Lockerbie, en Écosse.
Les autorités américaines ont annoncé en décembre qu’elles avaient arrêté Abu Agila Mohammad Mas’ud Kheir Al-Marimi, accusé d’être à l’origine de la bombe qui a fait s’écraser le vol à destination de New York quelques jours avant Noël en 1988. L’attentat a tué 259 personnes dans les airs et 11 au sol.
L’arrestation et l’extradition de Mas’ud ont soulevé des questions sur la base juridique de la manière dont il a été arrêté, quelques mois seulement après sa libération d’une prison libyenne, et envoyé aux États-Unis. Les responsables américains ont déclaré que son transfert était légal et l’ont décrit comme l’aboutissement d’années de coopération avec les autorités libyennes.
La Libye et les États-Unis n’ont pas d’accord permanent sur l’extradition, de sorte qu’il n’y avait aucune obligation de remettre Mas’ud. Des responsables libyens ont déclaré à l’Associated Press en décembre que des milices loyales au gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli étaient à l’origine de sa détention et de sa remise aux États-Unis.
Human Rights Watch a déclaré que la saga de Mas’ud a soulevé des préoccupations en matière de droits. « Il semble qu’aucun tribunal libyen n’ait ordonné ou contrôlé le transfert de Mas’ud aux États-Unis et qu’il n’ait pas eu la possibilité de faire appel, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à la régularité de la procédure », a déclaré Hanan Salah, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à HRW.
Mas’ud a été arrêté à son domicile dans le quartier d’Abu Salim à Tripoli, qui est contrôlé par un réseau de milices alliées au Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, basé à Tripoli. Le ministère public libyen a contesté cette décision et ouvert une enquête.
Dbeibah a reconnu le rôle de son gouvernement dans l’extradition, qualifiant Mas’ud de « terroriste ». Le Premier ministre n’a toutefois pas expliqué la légalité de son arrestation ou de son transfert aux États-Unis. Il n’a pas fourni de preuves tangibles pour aucune de ses allégations.