samedi, 4 mai 2024 23:38

Jean Paul Dias : « Ce pays ne doit pas se retrouver entre les mains d’anarchistes »

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Sénégal
Atlanticactu / Dakar / Momar Cissé
Depuis quelques années, le leader du parti « Bloc des centristes gaïndé » (Bcg), Jean Paul Diaz, avait fui les écrans. Ce dernier est sorti de sa réserve dans un contexte de bouillonnement politique. Il a demandé à Ousmane Sonko de se ressaisir et d’éviter des déclarations qui peuvent semer le chaos. Par ailleurs, il refuse de voir le pays entre les mains « d’anarchistes. » 
Vous êtes l’envoyé de Macky Sall, mais étiez-vous au courant de sa décision de ne pas se présenter.
Non je n’étais pas informé. Je ne l’imaginais même pas . Quand la décision a été rendue, j’avoue que j’ai dit bravo car j’ai compris que c’était la meilleure décision. Mais j’ai dit : qu’est-ce qui se passerait dans ce pays s’il avait dit le contraire ! J’étais surpris car je ne suis pas dans le secret des Dieux .Tout laissait penser qu’il allait se présenter en 2024. Il y avait des réunions et des rencontres et c’est une première dans ce pays. Il vient aussi de se hisser au niveau de Senghor. Aucun d’autre ne l’a fait ni Diouf, ni Wade. Tous se sont présentés et ont été battus.
Vous lui aurez conseillé quoi ?
Mais je lui aurais demandé d’abord s’il a mesuré les conséquences directes et indirectes. N’importe qui pourrait devenir Chef de l’État et il ne faut pas que ce pays tombe entre les partisans de l’anarchie. Je pense que Macky a dû mesurer les conséquences. Mais je ne l’aurai pas dissuader, ce fut une meilleure décision aussi car elle est source de tranquillité et de stabilité. En termes aussi de paix c’est mieux.
Macky n’a pas évoqué le sujet avec ses proches collaborateurs ?
Nous sommes des collaborateurs techniques mais pas politiques . Même si nous sommes dans les rangs. Si ceux de Bby étaient au courant, ça aurait fuité. Je pense que du point de vue il a utilisé la meilleure.. C’est lui qui décide, il a des éléments et il apprécie. Il connaît le pays mieux que moi et il a estimé que cela est bien et je suis d’accord sur le principe.
Aujourd’hui est-ce possible de trouver un candidat de consensus ? 
N’eut été le barrage de l’âge, j’aurais fait un bon candidat en 2024. Ceci dit, je pense qu’il existe des candidats et à l’issue de discussions franches, il est possible de trouver un candidat de consensus. Il a carte blanche pour la proposition et il existe beaucoup de candidats.
Candidat de l’anarchie, vous pensez à qui ?
Personne, au risque que le pays n’encourage depuis des années. Nous sommes entourés de pays plus ou moins déstabilisés par des hommes venus d’ailleurs et ces gens là sont à nos frontières. On ne sait jamais .
Au nom de la tranquillité des populations, nous sommes loin de sortir de l’auberge avec la déclaration de Ousmane Sonko ?
Avant d’en venir à cette question je profite de l’occasion pour conseiller à Sonko d’éviter ces genres de déclarations. Cela le dessert. Ces genres de déclarations, il doit les éviter et alors il faut qu’il sache que dans ce pays, personne n’a peur. Malgré ce qui s’est passé en juin, personne n’a peur. S’il dit que personne ne va organiser des élections et qu’un autre dit qu’il va organiser sa défense chez lui, ce sera l’anarchie. Il faut éviter ce genre de déclaration. Il a le droit de le dire certes mais attention au risque encore de créer le chaos. Il faut qu’il soit humble. Nous savons que rien n’est gagné dans une compétition. Il vaut mieux ne pas dire que je gagne au premier tour. Quand on est dans la compétition on ne chahute pas ainsi. Il aurait été intéressant que la presse organise aujourd’hui des débats parmi les candidats. On verra beaucoup de 0,5%. Une élection présidentielle est une élection importante et personnelle.
Ses déboires judiciaires peuvent-ils porter préjudice ?
Écoutez je préfère qu’on discute du pays que d’une personne..
Mais le pays c’est aussi la justice. Que pensez-vous du blocus chez Sonko ?
Je pense que c’était levé. Car il faut deux situations. Soit une décision de l’administration ou de la justice. Alors ni l’un ni l’autre, l’administration a de quoi fonder cette décision. Je pense qu’il faudra voir cette décision. Quand un ministre de l’Intérieur est face à une situation, il n’est pas évident qu’il aille chercher la loi avant d’intervenir. Ce qu’il fait faire c’est adopter une décision par l’administration ou par la justice. C’est mieux mais l’administration et la justice et leurs démembrement ont des éléments que nous n’avons pas.
D’aucuns ont indiqué qu’il faut que les deux personnes discutent ?
Mais il a été appelé au dialogue, c’est lui qui n’ a pas répondu. Alors si on ne le lui avait pas demandé, peut-être qu’il ne l’aurait pas fait. Aujourd’hui j’aurais été le Président, je n’organiserais pas de dialogue avec lui.
Sur quoi devraient déboucher ces conclusions en termes de retombées ?
Le dialogue revêt plusieurs aspects. Et dans chaque volet, il faut mettre en œuvre les décisions retenues. Il y a des décisions au plan politique que Macky a promis de mettre en œuvre par la loi. Il faut un suivi. Tous les trois mois, il faut faire le point dans tous les domaines. Il faut que le prochain président instaure le dialogue comme un conseil des ministres et avec des séances à tenir tous les ans. Des dispositions ont été prises dans le code électoral en vue de rétablir Khalifa et Karim dans leurs droits. Le Sénégal peut gagner en tranquillité.
Comment envisagez-vous le pays après Macky ?
La question lui a été posée quand il est arrivé au pouvoir. Il n’y avait que quelques kamikazes qui étaient là et je pense ce pays sera dans la tranquillité et continuera à l’être il suffit de prendre des précautions.
Que retenir du bilan de Macky lors des 12 ans à la tête de ce pays ?
Il a contribué à la continuité de l’Etat et achevé le projet de Wade. Il a fait des compléments de nouveaux projets. Il serait bon que le prochain s’inscrive dans cette ligne avec des modifications car c’est déjà une ligne tracée. Il a beaucoup fait dans le social avec la CMU. Il a tenu et il a su le tenir dans la stabilité. Cette expression de force doit rester à la loi est née d’une chose.
Tout n’a pas été rose durant son règne. Quelles sont les fausses notes ?
Il faut maintenir ce pays dans la tranquillité et la stabilité. Il faut tout faire pour que le pays ne tombe pas dans les mains de l’anarchie, quels que soient les griefs, qui pourront être formulés à son endroit. Il a décidé de rester au Sénégal et en Afrique. Son successeur devrait le faire et conserver des relations cordiales. Je viens aussi de dire que je suis mal placé pour répondre à des questions dont la mauvaise gouvernance etc. Il y a des choses et cela a été un travail de cabinet extérieur avec ma nomination comme conseiller. Il est assez outillé avec des ministres et des ambassadeurs. Je n’ai pas à présenter de bilan bien que je sois du côté de Macky. C’est à lui de le révéler car mon travail était un travail de cabinet. L’envoyé spécial est un ministre d’état .
Nous parlions du successeur de Macky Sall. Pour la 1re fois au Sénégal. Quel sera le profil du successeur de Macky ?
Je n’aime pas ces histoires de profils. C’est comme quand on nomme un ministre. Le ministre est un coordinateur et s’occupe de faire que les choses se passent bien. Que la politique définie par le président soit mise en œuvre correctement. Ce n’est pas parce qu’une personne est médecin qu’elle peut être le meilleur ministre de la santé ou de la diplomatie comme Ministre des affaires étrangères. La formation est large car tout cadre peut aussi le faire. Mais un littéraire ne peut être ministre de la recherche spatiale. Je pense que le meilleur pour ce pays sera celui qui va maintenir la stabilité et qui fera tout son possible pour maintenir ce pays dans la tranquillité. Lui il fera progresser le pays avec les ressources pétrolières et gazières. Ce sera au peuple de le dire.
On s’inquiète aussi pour la prochaine présidentielle, des candidats peuvent être éliminés à cause du parrainage. Peut-on espérer de la transparence ?
Je pense que le parrainage n’élimine personne. Le dialogue a tout réglé. Le reste je vais dire comme Macky que chacun devra s’adresser au Conseil constitutionnel. Mais Macky ne sera pas concerné. On peut avoir plusieurs candidats. Je ne vois pas en quoi il va soutenir le candidat pour qui il va voter. Il va voter pour celui issu de son groupe. Je ne vois pas pourquoi il aura une influence sur le conseil constitutionnel ? Je ne suis pas convaincu que le prochain puisse ainsi faire la chasse aux sorcières. Je ne pense pas que Macky puisse avoir une influence sur le conseil.
Vous redouter une implosion de Bby ?
Tout est possible. BBY a tenu tout ce temps là car des coalitions n’ont pas résisté. Alors cela peut avoir des défections. Mais ces élections peuvent ne pas être forcément négatives. Si on reprend l’élection du côté de l’opposition. Pour que Macky puisse être candidat, il a fallu que beaucoup de gens de l’opposition soutiennent l’autre au second tour. On peut avoir ce scénario de Bby.
La révision du procès de Karim Wade qu’en pensez-vous ?
Je n’ai pas d’information à ce sujet. Je ne pense pas qu’il faille passer par là. Une amnistie aurait suffi. Les uns et les autres ont leurs raisons. Le problème de la loi d’amnistie c’est comment il sera rédigé, la rédaction va être difficile. Comment on va écrire cela. C’est une crainte. Je crains qu’on laisse une porte ouverte avec des blocages. La rédaction d’une loi c’est un esprit à traduire. Les textes ne s’écrivent pas n’importe comment. J’incrimine les rédacteurs des textes. Au Bénin, la loi est bien écrite car il est dit : nul ne peut être plus de deux fois président de la république. C’est-à-dire quel que soit X…la loi est claire là-dessus. Il ne faut pas laisser les portes ouvertes. Les gens de droit sont formés dans la souplesse et on tombe dans l’aberration et on finit par dire n’importe quoi. Un fait se produit vous trouvez un avocat se fondant la loi demander à ce qu’on soit condamné. Un autre demande la même chose. Il y a des choses qui ne se font pas.
Quand la question a été soulevée, beaucoup étaient convaincu que ça a été fait exprès pour laisser une brèche ?
C’est possible car les tergiversations laissent à le penser.. C’est pourquoi je parle de comment on écrit la loi. Les profs de lettres peuvent nous mettre les textes en sujet verbe mais l’esprit c’est pour les juristes et spécialistes qui connaissent et qui savent qu’on écrit de telle ou de telle façon. Sinon on tombe dans ces situations que nous venons de vivre.
En tant que ministre de l’Intégration économique, le pays progresse-t-il économiquement ?
Je pense que ce n’est pas ressenti. J’ai été partisan d’un effort significatif sur le coût de la vie. Macky arrivait en 2012, j’avais insisté là-dessus avec lui. Mais des gens lui ont fait croire qu’on ne peut tout faire baisser. Il faut un effort de dialogue pour baisser le coût de la vie. Il y a des domestiques qui gagnent 100 mille mais cela ne change rien à leur vie. Des salaires qui sont là. Il faut que des gens viennent avec des idées.
Mais Macky avait promis une amélioration. L’a-t-il réussi ?
Il est en train de le faire et il a été dans ce sens là. Il y a eu des baisses des prix mais qui ont repris l’ascenseur sans contrôle. Il faut que tout le monde soit de bonne foi. Il faut faire des efforts et des sacrifices aussi. Si on avait un système de contrôle, et des sanctions sérieuses, on n’en serait pas à ces situations. L’état réglemente. Ce n’est pas dans le naturel du Sénégalais de dénoncer et quand on appelle on ne dit rien. Il faut des améliorations.
Comment se porte votre parti ?
Il souffre des moyens financiers. Nous sommes dans la mouvance mais pas comme la Cap 21. Il n’y a pas de dotation pour les partis tous les mois. La politique demande beaucoup d’argent. On achète des voitures, du carburant etc. Mais ce sont des choses comme ça. Quand je vois qu’on demande aux partis de faire des déclarations de fonds etc. Mais vous imaginez ! On ne finance pas de parti et on leur demande des comptes. Le Bcg se porte bien mais mieux, s’il avait des moyens. J’ai des compagnons à la Mecque, d’autres en congé et tous seront là et quand la situation évoluera on prendra position. Ce que je dis c’est à titre personnel. Si les moyens apparaissent et donc j’en doute car il faut un milliard dans le compte.
Dakar sous le magistère de Barthélémy Dias
Il est présent à Dakar aussi. Nous sommes dakarois, cela fait juste un an qu’il est en fonction. Il a beaucoup fait à l‘international. Il veut remettre Dakar à ce niveau. Il est en train de le réussir et dans le social il met l’humain au centre de ses préoccupations. Il va démarrer un centre de dialyse gratuit. En somme, il est en train de travailler comme l’a dit Macky. On peut se permettre de le croire aussi.
MOMAR CISSE

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