Selon « Mediapart », les analyses techniques ont révélé « la présence de marqueurs suspects » chez ceux de Jean-Michel Blanquer, Jacqueline Gourault, Sébastien Lecornu, Emmanuelle Wargon et Julien Denormandie.
Le secret sur les résultats des analyses menées par l’Etat dans la foulée des révélations du « Projet Pegasus » se lève peu à peu. Dix-sept rédactions partenaires, dont Le Monde, ont révélé cet été qu’une partie du gouvernement français avait été ciblée, en 2019, par le logiciel espion Pegasus.
Selon Mediapart, qui s’est procuré un « document confidentiel » datant du mois d’août relatant le résultat de l’inspection technique diligentée fin juillet sur les téléphones des membres du gouvernement, les téléphones de cinq ministres comportent des « marqueurs suspects » – sans que l’on puisse dire, à ce stade, s’ils ont été réellement infectés.
Les traces remontent essentiellement à 2019, mais aussi, dans certains cas, à 2020, explique Mediapart.
La nature exacte de ces « marqueurs » n’est pas précisée. Dans le cadre du « Projet Pegasus », deux types de traces de Pegasus ont pu être découverts : des signes montrant une infection réussie du téléphone et des traces de repérage effectué en amont de l’infection proprement dite.
C’est ce second type de traces qui a été retrouvé sur le téléphone de François de Rugy, alors ministre de l’écologie. Le rapport cité par Mediapart ne semble pas préciser si les téléphones des cinq ministres recélaient des traces d’infection ou de simple repérage préalable. Il porte cependant à six le nombre de ministres dont les téléphones présentent des traces de Pegasus et qui avaient été, comme nous le révélions cet été, sélectionnés au début de l’été 2019 comme des cibles potentielles du logiciel espion. En tout, quinze membres du gouvernement, dont Edouard Philippe, alors premier ministre, figuraient dans cette liste.
Mediapart précise également qu’un membre de la cellule diplomatique de l’Elysée, dont le nom n’est pas divulgué, figure parmi les personnes dont les téléphones présentent des traces de Pegasus. Franck Paris, le conseiller pour l’Afrique d’Emmanuel Macron, faisait partie des cibles potentielles.
L’Elysée ne commente pas
Interrogé par Mediapart, l’Elysée n’a pas souhaité faire « de commentaire sur des inspections en cours et qui nécessitent un travail long et complexe ».
L’enquête judiciaire, ouverte par le parquet de Paris à la suite des révélations, avait déjà permis de confirmer l’infection de plusieurs téléphones, notamment ceux de deux journalistes de Mediapart.
Les éléments recueillis dans le cadre de notre enquête démontraient l’implication du Maroc, client de ce logiciel espion sophistiqué. Des marques techniques identiques, propres à chaque client de Pegasus, ont par exemple été retrouvées chez des opposants du régime marocain emprisonnés, des sympathisants de la cause du Sahara occidental et sur le téléphone de François de Rugy. Le Maroc a toujours nié toute responsabilité dans cette affaire.
Reste une inconnue majeure à ce stade : le téléphone d’Emmanuel Macron a-t-il été compromis ? Le numéro du chef de l’Etat figure en effet parmi la liste de plus de 50.000 numéros de cibles désignés de Pegasus. La présence dans cette liste signifie qu’un client de Pegasus s’est intéressé à ce numéro et a envisagé une possible infection.
Source : Le Monde