Des dizaines de partis politiques en Guinée-Conakry ne tolèrent plus le mode de gouvernance de la junte militaire au pouvoir et exigent l’ouverture d’un cadre de dialogue permanent qui réunira toutes les forces vives de la nation pour discuter des questions essentielles relatives à la transition ; tout en brandissant la menace de manifester si les nouvelles autorités ignorent leur requête.
«Force est de constater que la junte s’écarte des règles et des principes de l’Etat de droit et traîne volontairement le pas dans l’accomplissement des diligences nécessaires au retour à l’ordre constitutionnel», affirment-ils dans leur déclaration commune.
Les formations politiques s’en prennent, entre autres, à la Cour de répression des infractions économiques, instaurée récemment par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD, junte militaire) et qui serait devenue, selon elles, un «instrument pour disqualifier des leaders politiques gênants».
Le chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya, investi président début octobre, après avoir renversé le régime d’Alpha Condé en septembre dernier, a bien promis de rendre le pouvoir aux civils. Mais le fait que l’échéance de la période transitoire ne soit pas clairement définie est inadmissible pour une bonne partie de la classe politique.
D’où l’appel à un «cadre permanent de dialogue» pour trouver des consensus sur des sujets importants. «S’il n’y a pas de dialogue, notre arme, c’est la manifestation. (…). Je pense que ce n’est pas un crime pour des partis politiques de demander au CNRD de se retrouver autour de la table, pour l’intérêt de la Guinée», a déclaré jeudi le vice-président de l’UFDG, Fodé Oussou Fofana, à une radio locale FIM FM.
Cette démarche n’est toutefois pas partagée par tous. Le secrétaire général par intérim du PDG-RDA (non signataire de la déclaration) a estimé que les leaders qui brandissent la menace de descendre dans la rue «sont en perte de vitesse». Il a salué la lutte de la junte contre la corruption ainsi que la restauration de l’autorité de l’Etat qui seraient en train d’être menées dans le pays.