vendredi, 22 novembre 2024 12:30

Guinée-Bissau : Banalisation du tourisme sexuel sur les mineurs, la Société Civile interpelle Umaru Embalò

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@Atlanticactu.com – Au mois de juillet dernier, le Département d’État américain avait épinglé le Sénégal, l’Arabie Saoudite et la Guinée Bissau dans un trafic sexuel entretenu par des diplomates saoudiens. Malgré la gravité des faits, le ministre du tourisme de Guinée-Bissau, Fernando Vaz, considère comme normal le phénomène du tourisme sexuel constaté dans les îles des bijagos, y compris la prostitution et la pédophilie. Par contre, la Société Civile est montée au créneau pour dénoncer la persistance de l’exploitation sexuelle sur des filles mineures par des touristes au point que les autorités promettent de prendre des mesures.

Les signalements d’abus et d’exploitation sexuelle des mineurs dans les îles Bijagós ne sont pas récents. Déjà en juillet dernier, un rapport du département d’État américain mentionnait que « les filles sont exploitées dans le tourisme sexuel des enfants » dans cette zone insulaire de Guinée-Bissau.

Deux mois plus tard, avec le mutisme des autorités, le coordinateur du réseau des enfants et des jeunes journalistes (RCJJ) de Guinée-Bissau, Vladimir Cuba, renforce l’alerte. « Nous savons que plusieurs enfants sont exploités dans ces zones [insulaires] pour l’exploitation sexuelle, via les contacts que les propriétaires des établissements hôteliers établissent avec des prédateurs sexuels nationaux comme étrangers dans cette zone. »

Pour le ministre du Tourisme qui se prononçait sur DW Afrique, au delà de la précarité économique qui facilite les abus, Fernando Vaz reconnaît que le gouvernement était conscient de l’existence du tourisme sexuel dans les îles des Bijagós, mais que cela se passe partout dans le monde. Des propos condamnés par l’Activiste Vladimir Cuba qui explique que si l’une des causes est la précarité économique de la communauté, il faut signaler que les parents eux-mêmes sont trompés pour la plupart ou ferment les yeux sur les abus car, étant un moyen d’obtenir des revenus pour les familles.

Les îles Bijagós sont l’un des points les plus recherchés par les touristes qui visitent la Guinée-Bissau. Pour preuve, même avec la pandémie de Covid-19, les hôtels affichés plein dans cette zone insulaire où plusieurs autorités Bissau guinéennes et hommes d’affaires détiennent de discrets pieds à terre.

S’il est évident que les autorités sont conscientes du problème, elles ne font quasiment rien pour arrêter ce fléau qui voit de plus en plus des enfants (filles et garçons) de moins de 15 ans s’adonner à cette pratique. Plus grave, confie Alberto Dacruz un restaurateur établi sur place, « Il y’a des clients qui non seulement s’adonnent à la pédophilie mais, tous les deux mois, ils reviennent pour ramener une cargaison de jeunes filles vers des pays du Golfe ».

Impuissant devant ce trafic ou plutôt la traite des jeunes filles, le directeur général de la promotion des investissements touristiques et hôteliers, Ben Kassimo Cunha, dit que le ministère du tourisme n’a jamais officiellement reçu de signalements pour le tourisme sexuel dans les îles Bijagós. Néanmoins. « C ‘ est l’une de nos préoccupations, à tel point qu’en 2017, nous avons rendu une ordonnance – signée par le ministre – interdisant l’entrée de mineurs non accompagnés dans les établissements hôteliers ».

Ben Kassimo Cunha de préciser que dans la même ordonnance, « il est interdit encore la tenue d’événements avec des enfants comme acteurs  dans les établissements hôteliers. Un code de conduite a également été créé contre l’exploitation des mineurs dans les voyages touristiques ».

Quant à Vladimir Cuba qui dénonce cependant le manque de contrôle des autorités dans ces localités, il reconnaît qu’il est difficile de mettre fin à ces crimes car les victimes craignent de dénoncer les agresseurs mais surtout, l’argent coule à profusion. « C ‘ est une pratique que les victimes cachent », explique-t-il et même lorsqu’elles connaissent les affaires, il est difficile de collecter des preuves et des témoignages permettant une action en justice.

« Il faut prendre des mesures concrètes et appliquer les lois et conventions internationales que la Guinée-Bissau a signé et qui protègent et favorisent les droits des filles », souligne le juriste Cabi Sanhá.

Notre interlocuteur de poursuivre, « L ‘ État doit donc commencer à fortifier ses institutions, en particulier les tribunaux, les policiers, non seulement en termes de capacité des agents, mais aussi les doter d’instruments et d’outils permettant de commencer déjà la lutte contre l’abus et l’exploitation sexuel des mineurs ».

Salimatou DJALÒ

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