Malmené par l’opposition et lâché par ses soutiens de la première heure, le « général » Umaru Embalò avait dissout l’assemblée nationale populaire en représailles contre le leader du PAIGC Domingo Simoes Pereira. Conscient qu’en cas d’élections législatives anticipées, il risquait une dérouillée électorale, un coup d’état qui suscite encore l’hilarité des Bissau guinéens, surviendra le 1er février dernier. Un coup d’éclat qui lui permettra d’obtenir le déploiement de soldats de la CEDEAO pour protéger son régime. Il y’a quelques jours, le président Adama BARROW de la Gambie, annoncera être victime d’une tentative de coup d’état, quelques heures après l’annonce par son successeur Yaya JAMMEH de sa volonté de rentrer au bercail dans les prochains jours.
À Bissau comme à Banjul, les observateurs évoquent la thèse d’une farce pour continuer de bénéficier du parapluie militaire des troupes de la CEDEAO. Les noms des personnes arrêtées rendus publics, ont laissé dubitatifs les plus sceptiques des gambiens qui pensent plutôt à un mauvais cadeau de Noël. Il s’agit du caporal suppléant Sanna FADERA de la Marine gambienne, meneur présumé du complot, du caporal Mbarra Touray du 1er bataillon d’infanterie, caserne de Yundum, du caporal Ebrahima Sanno de la police militaire qui est actuellement en congé d’études et le sergent Gibril Darboe de la Marine gambienne.
Après les arrestations des “cerveaux” du coup d’Etat, le gouvernement gambien a déclaré que le caporal Baboucarr Njie avait été arrêté pour son implication présumée dans le complot de coup d’État déjoué visant à renverser le gouvernement Barrow mardi dernier.
”Le caporal Baboucarr Njie du bataillon de la Garde présidentielle a été appréhendé et, est actuellement détenu dans un lieu militaire sécurisé”, a précisé ledit communiqué qui ajoute que la recherche de Badjie et de l’adjudant de classe 2 Lamin Jadama se poursuit.
Pour rappel, le gouvernement avait annoncé précédemment avoir arrêté quatre soldats, dont le chef présumé du coup d’État, le caporal suppléant Sanna Fadera qui est entre les mains des enquêteurs en compagnie de ses complices.
Dans une interview à la BBC, Alia Fadera, sa sœur aînée, a déclaré qu’il n’aurait pas pu comploter un coup d’État, car il n’était qu’un médecin dans la marine, sans accès aux armes ni influence dans l’armée. « Depuis l’arrestation de mon frère, nous n’avons pas eu de nouvelles de lui et nous sommes inquiets », a-t-elle déclaré. Madame Fadera a déclaré que l’armée avait détenu son frère sur son lieu de travail, dans la capitale Banjul, avant de l’emmener dans leur village de Kiang Nema, à 155 km (96 miles) de là. « Sa maison et sa ferme ont été fouillées par les militaires, mais aucune arme n’a été trouvée », a-t-elle ajouté.
« Mais selon des sources militaires, c’est une stratégie de Barrow pour faire maintenir les soldats de l’Ecomig composés en majorité de Sénégalais. Comme à Bissau où le « général » Umaru Embalò, imposé par des chefs d’État de la CEDEAO, s’est « payé » son coup d’état militaire »
Madame Fadera a déclaré que son frère avait vécu dans le village avec sa femme et ses quatre enfants qui ont été dévastés par les allégations portées contre lui. Il se rendait quotidiennement au travail et en revenait et dirigeait une ferme de reptiles pendant son temps libre. « Tout le village est surpris et quand le camion militaire est arrivé, la plupart des villageois sont sortis pour voir ce qui se passait. J’appelle les autorités à libérer mon frère », a déclaré Mme Fadera. Deux autres officiers ont été arrêtés au cours du week-end, a indiqué le gouvernement. Ce qui porte à sept le nombre des arrestations liées au complot présumé. Aucun des accusés n’a encore été inculpé devant le tribunal. Les derniers officiers arrêtés sont le capitaine Ebrima Baldeh de l’unité de renseignement militaire et le lieutenant Omar Colley du premier bataillon d’infanterie.
A Bissau, dès les premières heures, le « général » du Gabu a accusé les réseaux de trafiquants de drogue avant de pointer du doigt la rébellion sénégalaise du MFDC. Mais, à la surprise générale, Umaru Embalò pointera du doigt son ennemi juré, l’ancien Chef d’état major de la Marine qui lui a toujours dénié son titre de général. L’Amiral José Americo Bubo Na Tchuto, Tchamy Yala et Papis Djemé, qui ont fait de la prison à New York, ont été arrêtés et accusés d’être les auteurs du fameux coup d’état. Malgré une décision d3 justice qui ordonne leur libération, le « général » Umaru Embalò continue de les maintenir en prison dans des conditions inhumaines, selon l’organisme de défense des droits de l’homme. « Pour maintenir les forces étrangères en Gambie, Adama BARROW vend à la communauté étrangère le coup d’état militaire le plus hilarant. Le « général » du Gabu qui avait chassé les soldats de la CEDEAO dès son implantation par certains chefs d’État, a obtenu leur retour après le fameux coup d’état du 1er février 2021 »
Des arrestations qui ne convainquent point Lamin Korr, un officier de l’armée gambienne établi aux États-Unis, « Je suis curieux de savoir quelles sont les armes trouvées entre les mains de ces hommes qui n’ont pas accès à certaines informations pour préparer un coup d’Etat militaire. À mon avis, c’est le coup de bluff de l’ancien président Yaya JAMMEH, annonçant son retour qui a installé toute cette peur autour de Adama BARROW qui démontre que son pouvoir n’existe que par la présence des soldats de l’Écomig », soupçonne l’ancien officier gambien.
Pour l’opposant Madi Jobarteh, depuis l’annonce de cette présumée tentative de coup d’État, les citoyens n’ont vu aucun mouvement de troupes indiquant une situation anormale comme il sied à un coup d’État. « Il n’y a eu aucune annonce de couvre-feu et aucun point de contrôle spécial pour signaler d’éventuelles activités subversives imminentes. Au contraire, le gouvernement et les citoyens continuent leurs affaires et la vie comme d’habitude. Par conséquent, quel genre de tentative de coup d’État est-ce ? Ce coup est-il vrai ou faux », s’interroge cet acteur politique. Il a par ailleurs lancé un appel : « J’invite tous les partis politiques à se lever et à dénoncer la violation des droits de Momodou Sabally en gardant à l’esprit que si cela pouvait être fait à Sabally aujourd’hui, cela pourrait également arriver à d’autres politiciens un autre jour bientôt. Nous avons déjà été témoins des infractions contre le Dr Ismaila Ceesay en 2018, et contre d’autres politiciens et citoyens comme moi en 2020. »