vendredi, 22 novembre 2024 12:30

Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité, la succursale du Conseil de sécurité et de défense français

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@Atlanticactu.com – De 2014 à nos jours, le Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité, continue sa descente aux enfers. Si lors des premières éditions, la crème des chefs d’état africains était régulièrement présenté, de plus en plus, seuls présidents connus pour leur amitié indéfectible à Macky Sall rehaussent de leur présence ce « machin » conçu ou plutôt importé des rives de la Seine par l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise Cheikh Tidiane Gadio. Le Forum de Dakar perd de son prestige d’année en année sans que les organisateurs ne songent à changer ce format qui n’attire plus personne. Le Forum de la Paix et la Sécurité africain,n’est plus couru. Les raisons de ce boycott sont à chercher dans le format et la pertinence des résolutions déjà prises et qui sont restées sans effet.

Pourtant, tout permettait de penser que ce Sommet de 2021 allait consacrer la rupture d’avec les messes basses du Conseil de sécurité et de défense de l’Élysée pour devenir enfin un Forum de Dakar pour et par les africains et non, comme une succursale des stratèges militaires de l’Hôtel de Brienne, siège du ministère de La Défense française où en 2018 , un accord inter-gouvernemental avait signé dans le cadre de l’organisation de l’événement entre Florence Parly et Sidiki Kaba,ministre ancien sénégalais des Affaires Étrangères.
Le thème retenu cette année est le suivant : « Les enjeux de stabilité et d’émergence en Afrique dans un monde post COVID-19 ». Ce thème devant illustrer le rôle central de la sécurité et du partage d’idées au profit du développement, dont le forum devrait être l’une des enceintes privilégiées mais,  qui mieux que les africains pourraient mettre en place des stratégies de paix, sécurité ou développement?  En fait, la palette de partenaires tous issus  de l’ancienne puissance coloniale démontre que rien se fera sans Paris. Pour cette année, le Forum de Dakar ne pourrait avoir lieu sans le soutien de ses partenaires. Parmi eux : Safran, SHIELDAFRICA, ATERMES, DCI et PROMÉTHÉE NewSpace. Quelles sont les véritables contreparties accordées à ces partenaires ?
C’est d’ailleurs la présence massive des partenaires français à ce Forum et l’absence notoire des entreprises africaines ou asiatiques qui confirme cette propension à tout copier de l’occident qui a fini par décourager les nombreux chefs d’état africains fatigués d’être des éternels consommateurs de la politique militaire et étrangère de Paris, les experts du continent, n’en parlons pas, s’ils ne sont obnubilés par les perdiems distribués, ce sont les services des luxueux hôtels dakarois qui les intéressent plus. D’ailleurs, les plus sérieux ont depuis belle lurette disparu du plateau du Forum de Dakar qui ressemblait davantage à une caisse enregistreuse du Conseil National de Sécurité de l’Elysée.
De rendez-vous de référence pour les acteurs de la sécurité en Afrique,Dakar devient une caisse de résonance . Ce forum qui à ces débuts rassemblait le gratin des chefs d’état et de gouvernement africains,des experts internationaux de même que plusieurs acteurs de la Paix et de la Sécurité mondiale est devenue une rencontre qui n’attire plus.

« Qui paye, commande » : le principe est bien connu et le Forum de Dakar sur la paix et la sécurité qui se tient sa 7 ème édition lundi 6 et mardi 7 prochains à Dakar, n’échappe pas à la règle.
Et comme les années précédentes, on retrouvera les mêmes acteurs que lors des précédentes grand-messes dans une sorte d’entre-soi stérile. On y retrouvera des hommes politiques en charge de la défense et la sécurité, des galonnés bardés de médailles militaires, des officiers généraux reconvertis dans la sécurité privée ou intelligence économique, des universitaires complaisants ainsi que quelques journalistes et acteurs de la société civile accommodants. Mais aussi des marchands d’armes qui viennent leurs catalogues à la main, en espérant décrocher des commandes.  
Le Forum de Dakar qui lors de ces premières éditions avait confirmé son statut de plateforme incontournable dans l’agenda international africain, est subitement « boycotté » aussi bien par les chefs d’état,les ministres,experts,militaires,universitaires,,représentants d’organisations internationales et de la société civile.
La liberté de ton qui était de mise et permise par le caractère informel du Forum permettant une contribution à la richesse des échanges sur la gestion des crises sécuritaires africaines et des réflexions sur la mise en place de réponses concrètes aux défis actuels du développement, a fini de céder la place à une unilatéralité qui ne dit pas son nom.

En sept éditions, le Forum de Dakar n’aura d’ailleurs réglé aucun problème sécuritaire en Afrique. Tout au moins, il a permis aux « marchands d’armes » et d’illusions d’obtenir de mirobolants contrats auprès de certains chefs d’état. Heureusement que les présidents qui daignent encore répondre à l’invitation se nomment Adama Barrow ou Umaru Embalò 

En effet,la volonté d’alors du forum de Dakar qui mettait en avant la volonté des pays africains de prendre en compte leurs propres responsabilités en matière de paix et de sécurité, a subitement cédé la place à une nouvelle stratégie conçue pour et par la France aux yeux des participants qui du coup,ne se sentaient plus nécessaires pour l’élaboration de nouvelles résolutions.
Pour preuve, le ministère français des armées reste le premier bailleur et soutien du Forum de Dakar  depuis sa première édition, en 2014, à travers une aide du ministère des Armées à la conception scientifique et au financement de cet événement.
Lors du dernier sommet, le Sénégal annoncait la venue de 1200 participants issus de 60 pays dans le monde. Financé conjointement par la France et le Japon à hauteur de 700 000 euros chacun, le Forum de Dakar avait réuni cette année autour du président Macky Sall, deux chefs d’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta du Mali et Paul Kagame du Rwanda et des Premiers ministres, en l’occurrence ceux du Tchad et du Sénégal. Les ministres français Florence Parly des Armées et Jean-Yves Le Drian  des Affaires Étrangères,le Président de la Commission de l’Union Africaine,Moussa Faki Mahamat. Des sommités annoncées comme le Président togolais Faure Gnassimgbé ou les ministres des affaires étrangères du Ghana,du Kenya et de la Zambie avaient décommandé à la dernière minute.
Au moment où le paludisme et le Sida tuent plus que le Terrorisme, ces experts sous la dictée de l’Élysée continuent de vendre des chimères aux africains. Plus troublant Paris, Abidjan et Dakar créent deux écoles pour former les Africains à la Cybersécurité et à la lutte contre le Terrorisme
Les principales réalisations  du Forum de Dakar sont sans conteste l’érection centre de formation de Cybersécurité de Dakar et l’école internationale de lutte contre le Terrorisme à Abidjan . Ces deux écoles sauveront sûrement le Forum d’un flop évident car les chefs d’état africains ont fin de se rendre à l’évidence que la faim,le paludisme, le sida et le déficit environnemental tuent plus que le terrorisme. D’où la désertion notée des têtes couronnées qui préfèrent les autres plateaux.
Paris appuie aussi la mise place d’une école de cybersécurité à Dakar. Proposition acceptée par le Sénégal de permettre l’ouverture d’un centre consacré à surveillance d’Internet et à la lutte contre le piratage informatique avec une vocation régionale.
« Il faut faire en sorte que la cybersécurité soit prise en compte par les autorités africaines, que cet enjeu soit parmi les priorités du futur, a soutenu le ministre durant son discours. C’est un espace sur lequel la souveraineté étatique doit pouvoir s’établir. » , avait soutenu Jean-Yves Le Drian,ministre français des Affaires Étrangères.


Pape Sané 

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