vendredi, 22 novembre 2024 05:29

Exploitation pétrolière : Des marins sénégalais victimes d’actes esclavagistes sur le projet Sangomar

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Les marins sénégalais à bord du navire foreur, Ocean Black Rhino menacent de cesser toute activité dans les prochaines heures. Ils protestent contre des « ponctions de salaires spectaculaires », opérées par l’agence de placement InterContinental de Service Sénégal (ICS). A la place des 6 millions négociés avec l’opérateur de forage, Dimond Offshore Drilling, l’intermédiaire paye moins de 1 millions à la majorité des travailleurs.

La situation reste tendue. Une atmosphère polluée depuis plus de trois mois, quand les marins sénégalais ont découvert qu’ils ont été « grugés » par la société de placement InterContinental de Service (ICS). Ils vont vers la radicalisation.

C’est l’inexistence d’une convention de l’offshore qui est à l’origine de tous les maux dont souffrent les marins sénégalais. InterContinental de Service (ICS), une société de placement dans le domaine maritime, a utilisé les termes de la convention de commerce pour fixer les salaires des marins sénégalais, recrutés pour le compte de Diamond Offshore Drilling Industry.

« Ces sénégalais à bord du navire Ocean Black Rhino, perçoivent à peu près 3 fois moins que le salaire négocié entre le recruteur et l’agence de placement, alors que celle-là a déjà reçu sa commission », nous apprend-on.

On nous apprend, qu’en réalité, ICS n’a pas le droit de toucher au salaire des marins, puisqu’elle perçoit une commission de Dimond Offshore Drilling Industry.

« Ils nous sucent le sang pour se nourrir »

ICS est accusée de procéder à des ponctions spectaculaires sur le salaire des marins. Les graisseurs de nationalité nigérienne, par exemple, recrutés par une autre société étrangère, perçoivent 6 millions par mois, puisque cette dernière ne touche pas à leurs salaires.

Au même moment, leurs collègues sénégalais, recrutés par ICS, pour la même qualification et le même travail, peinent à avoir 2 millions de francs CFA de salaire, parce que la société procède à des ponctions sur leurs salaires en plus de sa commission.

De même, le salaire normal d’un « rustbout » (ou homme de pont) est de 6 millions de francs CFA. Pourtant, les sénégalais se retrouvent avec 1 million ou même moins. Cette catégorie est payée à 20 dollars par heures pour les américains.

« Si nous ne faisons rien, dès le début, nous serons complices de la situation que vivront les futures générations de marins sénégalais… »

Les « rustbouts » sénégalais travaillent 12 heures par jour, avec tous les risques encourus sur le pont. Il s’agit du travail le plus dangereux sur le navire. Ils sont exposés au soleil à longueur de journée avec des risques d’accidents mortels. En effet, toute la logistique lourde passe par eux, y compris les conteneurs, et tout autre type de matériels et/ou de produits potentiellement dangereux.

« Si la grue lâche, c’est la catastrophe » ! Ils vivent sur le navire avec la psychose d’un accident qui peut arriver à tout instant et qui est généralement fatal. Il y a également des risques de fuite de gaz. « Et malgré tout, nous sommes très mal payés, la faute à un intermédiaire qui nous sucent le sang pour se nourrir ».

Convention de l’offshore et grille salariale provisoire ; « lenteurs incompréhensibles »

Les marins sénégalais sont au bout des nerfs et la situation dure depuis plusieurs mois. Ils se radicalisent de jour en jour et menacent même d’arrêter toute activité à bord du Ocean Black Rhino.

« Si nous décidons de ne rien faire, dès le début, nous serons complices de la situation que vivront les futures générations de marins sénégalais, alors que l’esprit même du contenu local est très différent de ce à quoi nous assistons ».

Ces propos tenus sous le couvert de l’anonymat, illustrent à suffisance, leur détermination à aller jusqu’au bout de leur logique : celle de « se battre pour obtenir gain de cause.

Cette colère des marins sénégalais pourrait avoir un impact sur le projet Sangomar, puisque certains avaient déjà brandi la menace d’une grève avec notamment un arrêt de travail et un retour à la terre ferme.

Le commandant du bateau, l’américain Adams Thurlow, a d’ailleurs convoqué les marins sénégalais  mercredi 03 novembre dernier, vers 15 heures, pour savoir pourquoi les sénégalais rouspètent de façon récurrente. Le capitaine, le responsable de l’Hygiène, de la Sécurité et de l’Environnement (HSE), ont échangé avec la fille du DG de l’ICS, par visioconférence.

« Je n’ai pas envie de perdre l’équipe sénégalaise », le capitaine du Ocean Black Rhino Adams Thurlow

« Nous avons prouvé que les sénégalais étaient capable de relever le défi. C’est ce qui fait que nous devons nous battre pour arracher le respect d’ICS. Ils bouffent trop d’argent dans notre dos. Nous devons maintenir la pression ».

Plusieurs nationalités sont à bord mais les travailleurs sénégalais recrutés par ICS sont les moins payés. Une situation qu’ils jugent inacceptable. Ils accusent d’ailleurs, des intermédiaires sénégalais qui trouveraient leur compte dans cette affaire.

La convention qui est en train d’être rédigée par une commission pilotée par l’ANAM, est perçue comme un espoir de voir les choses changer positivement. Depuis plusieurs mois, les acteurs y réfléchissent. Seulement, elle ne semble pas avancer et les marins commencent à s’impatienter, après avoir appris que le Président Macky Sall avait demandé que cela soit fait en mode « fast track », tout le contraire de ce qui est observé, selon les marins.

 » Ils prennent leur temps tout en continuant de s’enrichir sur le dos de vaillants travailleurs… »

Le syndicat des marins et les bureaux de placement réfléchissent également sur une grille salariale provisoire. Sauf que là-bas encore, il y a une lenteur  inexplicable. « Cela arrange les sociétés de placement qui travaillent elles-mêmes sur cette grille et qui prennent leur temps tout en continuant de s’enrichir sur le dos de vaillants travailleurs qui continuent de risquer leurs vies ».

La Société Diamond Offshore Drilling Industry serait « très sensible » à la situation des sénégalais. Une pression est mise sur ICS pour améliorer les conditions du contrat qui le lie aux marins.

 

 

 

Source : Africapetronine

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