Alors que la mission des chefs d’état de la CEDEAO est attendue dans quelques heures à Bamako, le mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), après avoir démontré sa puissance de mobilisation face au régime du Président IBK dont le départ est exigé, a décidé de surseoir à la campagne de désobéissance civile ayant déjà occasionné une vingtaine de morts et plusieurs blessés. Du pain béni pour les chefs d’état venus au chevet de IBK.
Ouf de soulagement pour le Président Ibrahim Boubacar Keïta qui fait face à une mobilisation sans commune mesure exigeant sa démission. Le M5/RFP a décidé de geler ses activités pour permettre aux maliens de parer aux préparatifs de la Tabaski. Ainsi prend fin jusqu’à nouvel ordre, la désobéissance civile dont certains édifices publics et privés ont fait les frais. Et qui a malheureusement coûté la vie à certains concitoyens lors des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre et de sécurité. Suscitant davantage la colère générale au sein du M5-RFP. Lequel a pour objectif recherché : la démission du président de la république et de son régime qu’il juge corrompus. Et cela, malgré l’intervention des médiateurs de la CEDEAO.
En effet, cette décision du M5-RFP intervient à quelques encablures de la fête de tabaski. Une décision du mouvement jugée sage par beaucoup de maliens. Car devrait permettre aux uns et autres de vaquer à leurs occupations, de préparer et de célébrer la fête dans la paix et la tranquillité.
Jusque tard dans la nuit du mardi, l’imam Dicko considéré comme la personne morale du mouvement, a éprouvé toutes les difficultés pour rallier à sa cause les cadres du M5/RFP comme Souleymane Koné, Abdel Kader Maiga et Ibrahim Ikassa M., Choguel Kokalla Maiga et Me Mountaga Tall.
« Nous ne faisons confiance à aucun de ces chefs d’état dépêchés au Mali, nous aurions compris des initiatives de bon voisinage et non des deals », déclare Souleymane Koné l’un des cadres du mouvement.
La rencontre qui s’est tenu hier au domicile de l’imam Dicko a failli être source d’éclatement du mouvement. Pour cause, la déclaration de Jean-Claude Kassi Brou, le président de la Commission de la Cédéao, arguant que lim Dicko considéré comme l’autorité politique et spirituelle de la contestation, aurait « accepté les grandes lignes des recommandations » de la médiation.
Cette information divulguée par la CEDEAO pourrait sonner le glas de l’unité du M5, estime Ibrahim Maïga, chercheur à l’ISS, l’Institut d’études de sécurité, basé à Bamako. Pour le chercheur, les chefs d’état de la CEDEAO risquent de faire face à une relique du M5/RFP car , les vrais leaders sont dans une logique de la politique de la chaise vide.
Il faut retenir que cette trêve intervient à point nommé. Dans la mesure où la désobéissance civile en question sérigeait déjà en incivisme notoire et devenait de plus en plus préoccupante pour la population de Bamako qui ne savait plus à quel saint se vouer à cause de la mauvaise compréhension de la chose. Et qui selon les constats, profitait à des jeunes malintentionnés. Du coup, la suspension de la désobéissance civile à la veille de la fête constitue un ouf de soulagement pour les Bamakois qui faisaient impuissamment face à ce que l’on appelle « incivisme notoire ».
Soulignons que cette décision a été mûrement réfléchie et met en exergue l’intelligence du comité stratégique du M5-RFP. En ce sens qu’après la fête, l’opinion frustrée pourrait retourner contre le mouvement qui à travers la désobéissance civile, a privé la population de Bamako en particulier presque de tout mouvement en cette veille de fête de tabaski.
Cheikh Saadbou Diarra (Atlanticactu.com)