vendredi, 22 novembre 2024 20:30

État d’urgence : À peine 48 Heures, l’état d’urgence assoiffe les chauffeurs de transport

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La « galère » des chauffeurs de taxi et de transports en commun est visible en l’espace de deux jours de l’effectivité de l’état d’urgence. La réduction des heures de travail, la restriction interurbaine et la pénurie de clients risquent de faire plus de pauvres éligibles aux bourses de sécurité alimentaire. Atlanticactu.com a mené une enquête auprès des acteurs du transport.

COVID19 – Obligés de débuter leurs activités à partir de 06 heures et de s’arrêter à 20 heures, les chauffeurs de transport Public commencent à tirer la langue au bout de 48 heures de l’effectivité de l’état d’urgence décrété lundi par le Chef de l’état. Si leurs clients ont déserté par contre leurs charges continuent d’exploser. Après seulement 48 heures après le début de l’état d’urgence , les rues de Dakar comme des autres capitales régionales étaient toujours aussi désertes, hormis voitures de police, ambulances… et particuliers détenteurs d’une autorisation spéciale. Peu avant le couvre-feu de 20 heures désespérément à la recherche de clients en pleine crise sanitaire du coronavirus.

Et pour en avoir le cœur net AtlanticActu.com a fait le tour de quelques « garages » pour voir que ces derniers ont perdu de 50 à 80% de leur chiffre d’affaires, selon les témoignages que nous avons recueillis.

Pour Saliou Fall chauffeur de taxi et père de famille rencontré au niveau du lycée Blaise Diagne,“C’est à rabais. On est complètement à genoux”. “Que ce soit dans le centre-ville, dans les Sicap, la banlieue… Dans la rue, n’en parlons même pas car il est difficile de trouver un client ”, renchérit ce dernier qui doute déjà de l’avenir de son activité.

« J’évite au maximum de trop discuter avec les clients. Et quand ils ressortent, je me désinfecte avec une solution javellisée. Mais, imaginez que depuis ce matin (hier), après avoir pris des clients depuis Rufisque, je n’ai eu que cinq courses qui totalisent moins de 20 000 francs sans compter le carburant à compléter », se plaint MOR Anta Diop chauffeur de taxi. Pour ce dernier, « À pareille heure (17 h) d’une journée normale, je pouvais me frotter les mains et me préparer à rentrer chez moi laisser le « Siroumane » continuer le reste de la journée et la nuit ».

Au garage « Bignona » de Grand Yoff, sentiments de désarroi et d’incompréhension sont les plus partagés entre transporteurs, chauffeurs et clients. « Si le gouvernement veut nous aider nous sommes prêts à réduire le nombre de passagers mais , rester sans rien faire risque d’être dramatique pour nous » clame Modou Fall

Comme d’autres professions souvent précaires ou essentielles, ces travailleurs quittent tout de même leur foyer familial chaque matin, ne serait-ce que pour quelques courses. Chaque franc compte pour payer les charges et subvenir aux besoin les plus urgents de sa famille.
À Grand Yoff principale gare routière des bus « Horaires » à destination de Tambacounda, Kolda, Sedhiou, Ziguinchor,Bignona,etc… les premiers mots qui fusent sont « Nous sommes des responsables, nous avons des loyers à payer, des familles à nourrir et sans nos voyages, nous sommes livrés à nous mêmes », nous explique Modou Sonko, le chef de garage.

« Aujourd’hui, nous sommes là à nous regarder. Nous acceptons certes les mesures prises par le gouvernement mais, comme d’autres secteurs, nous pourrions au moins bénéficier du fonds de solidarité mis en place par le gouvernement durant la pandémie », clame un vieux chauffeur.

Aminata Ndiaye , commerçante trouvée sur place ne comprend toujours pas pourquoi les bus ne peuvent circuler avec des restrictions sur le nombre de passagers et de meilleures conditions d’hygiène. « Toutes les semaines, je me rends en Casamance pour ramener des produits (Huile de palme, Citron, poissons séchés, fruits, etc…) mais là, je ne sais quoi faire puisque la commande que j’ai passée attend sur place sans que je ne sache quand je pourrais y aller alors que mes clients attendent et pour certains, ont déjà payé ».

« Pour chaque voyage je faisais un chiffre d’affaires compris entre 250 000 et 400 000 francs qui permettait de payer les « Apprentis  et Coxeurs » , entretenir le bus et verser au transporteur » , explique Modou Diassy un chauffeur de bus « Horaire » entre Bignona et Dakar. Et pour montrer combien était précaire leurs situations, « Aujourd’hui, il y’a certains qui vont rentrer chez eux sans avoir de quoi assurer la dépense quotidienne car, c’est à travers les activités du garage qu’on leur remet chaque jour une somme. Que feront-ils ? », s’interroge le chauffeur.

Abdoulaye Ndiaye (AtlanticActu)

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