@Atlanticactu.com – Énième renvoi des locales sous fonds de dialogue national , validation des travaux de l’audit du fichier sous fonds de contestation de l’opposition, recrudescence de la transhumance politique, tout dans la démarche indique que Macky serait candidat à un troisième mandat. Les sénégalais avaient espéré qu’au lendemain des émeutes post arrestation de la tête de file de l’opposition, Ousmane Sonko, que le patron de l’APR avait vraiment « compris la leçon » mais surtout, compris que l’amour de 2012 a fait place au désamour.
On avait compris, en observant les savantes manœuvres tentées par Macky Sall pour décaler et reporter maintes fois les élections locales au plus près de l’échéance législative de 2022 et de la présidentielle de 2024, que le chef de l’Etat n’hésiterait pas à instrumentaliser ce scrutin local pour préparer au mieux les conditions de sa réélection. Et que finalement, ce dialogue politique, oups dialogue national qui lui tenaittant à cœur car, se faisant sans « Ndjute Ndjate », allait être le cimetière des ambitions politiques de toute une génération.
On avait prévu, en se remémorant l’habileté avec laquelle l’ancien président de l’assemblée nationale de l’époque avait méthodiquement poussé d’abord Idrissa Seck son mentor d’antan, jeté en pâture Karim Wade Ould Ndele avant de crucifier Me Abdoulaye Wade considéré pourtant comme un dinosaure politique à sortir du jeu électoral, que Macky Sall ne négligerait aucun détail pour mettre toutes les chances de son côté entre 2022 et 2024. Même si dans son camp, le danger est désormais unique et a pour nom le Pastef car, il semble de plus en plus évident que quelque soit le nombre de morts ou de blessés, « l’insolent opposant » ne ferait pas partie des prochains candidats à la magistrature suprême….
Cette volonté-là ne s’est pas émoussée. La décision de ne pas organiser entre 2019 et 2022 des élections locales, a sérieusement déstabilisé l’opposition qui, comme de grands enfants gavés de sucreries, ont cru que dialogue il y’avait car, incarné par des hommes de la trempe de Famara Ibrahima Sagna et feu général Mamadou Niang. Notre chère opposition avait vite oublié les accrocs faits à Amadou Makhtar Mbow pour ne pas appliquer les conclusions des travaux de la CNRI. Quel gâchis….même si par naïveté on avait passé l’éponge sur la fameuse « signature avec réserve » des Assises Nationales.
Et même si Karim Wade et Khalifa Sall à force de contorsions, auront réussi à sauver leur peau avec Macky, la transhumance tout azimuts mise en branle pour quelqu’un qui n’est plus intéressé par un quelconque mandat électif, doit faire réfléchir. Comme le fait de ne pas préparer un dauphin ou une alternative au sein de l’APR car les leaders de BBY, décimée depuis les premières heures de 2012, est actuellement plus dans une gestion de carrière et de prébendes. Mieux, même Mimi Touré, associée majoritaire de l’Apr claquant la porte, c’est toujours un allié potentiel de plus pour Macky Sall. Même charivari prévisible pour Aly Ngouille Ndiaye, Amadou Ba, Makhtar Cissé, Omar Youm et consorts. Hé oui, les rapports qui ouvrent la porte de Reubeuss sont sous le coude et Serigne Bass, grand exécutant n’attend que les ordres pour satisfaire Macky 1er.
Dans tous les cas, le motif apparent est la lutte contre le danger PASTEF et Ousmane Sonko tout en évitant cette seconde vague qui fait peur à tous, opposition comme pouvoir. Mais la réalité est toute autre pour l’opposition : l’objectif est plutôt de préparer la grande confrontation de 2022, celle contre BBY d’abord pour les locales et ensuite pour les législatives avant d’être se projeter sur 2024. Pour cela, il sera utile de taire les divergences et les petits intérêts mesquins comme en 2017, soit en « phagocytant » les mouvements et les plateformes pour mieux rassembler leurs électeurs, soit en fragilisant la campagne électorale des petits chefs de l’APR et de BBY qui sont juste des monstres d’envergure locale et les affaiblir quant à une éventuelle course au Palais Léopold Sedar Senghor. Avec un risque immense : renforcer un peu plus à chaque manœuvre l’éventualité d’une candidature de Macky 1er, sous une poussée des faucons qui craignent 2024 comme le pont de SIRAT.
PAPE SANÉ