Dix ans que Nino Vieira l’ancien Président de la Guinée Bissau, a été sauvagement assassiné par ceux de son propre camp. Avec le temps, les circonstances de la mort du défunt président bissau-guinéen sont devenues un peu plus claires, même si les forces armées refusent l’idée d’un règlement de comptes entre le pouvoir militaire et le pouvoir politique. Un jeune officier des Renseignements adoubé par l’ex Première Dame est celui qui a précipité les choses en désignant Nino Vieira comme étant le commanditaire du meurtre de Tagmé Na Waye, chef d’état major d’antan dans l’explosion d’une bombe.
Tout portait à croire que l’assassinat de Nino Vieira, ce lundi matin, est le résultat d’une opération de représailles exécutée par un groupe de militaires partisans du chef d’état-major Tagmé Na Waye qui avait été tué, quelques heures avant, lors de l’explosion d’une bombe.
Manifestement, Nino Vieira ne pensait pas que les militaires proches de l’ancien chef d’état-major, tué la veille, viendraient le chercher et le rendre responsable de cette mort. Sa méfiance était d’autant moins grande que dans la soirée, il aurait eu des assurances de l’armée que les casernes étaient calmes. Plus généralement, Nino Vieira savait que ses relations avec certains groupes militaires étaient porteuses de danger. En novembre, après les coups de feu contre sa résidence, il avait demandé la protection de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Aujourd’hui comme avant le 2 mars 2009, la Cedeao reprend sa danse du diable et attend que le sang coule à nouveau. Pourtant, les « commanditaires » du double assassinat de 2009 tiennent les manettes
Comme en 2009, malgré l’alerte lancée par feu Joâo Bernardo Vieira à son voisin sénégalais et la Cedeao sur le danger qui planait sur lui et sur son pays, personne n’avait jugé utile d’éteindre le feu qui couvait.
Face à la puissance de l’argent de la drogue qui avait pris en otage la classe politique, les militaires, les Renseignements et même certaines autorités des pays voisins de la Guinée, tout le monde avait préféré regarder ailleurs et laisser Nino Vieira faire face aux Sicarios.
La Cedeao qui a mis fin au régime de Yaya Jammeh en Gambie sans tenir compte des recours introduits au niveau de la Cour Suprême, va-t-elle se complaire avec cette farce en cours dans ce pays qui cherche à tracer sa voix ?
Zamora Induta
Porte-parole de l’armée déclarait, « Je ne peux dire que ce sont des militaires qui l’ont tué. On n’a pas d’information pour affirmer cela. »
Ce 2 mars 2009 est considéré comme l’un des tristes jours de l’histoire de ce pays où l’armée est au service du plus offrant. Et en voulant bannir le trafic de cocaïne qui plongeait le pays dans le Narcotrafic, Nino Vieira, l’éternel Kabi, était devenu l’homme à abattre. Et quoi de plus facile pour in service de Renseignements de commettre un attentat et de faire porter la paternité au le plus grand militaire devenu président de la République.
Aujourd’hui, la Guinée-Bissau vit dans le chaos, sous la responsabilité de certaines personnes impliquées dans la mort de Nino, et le peuple guinéen sacrifié guette, sans rien faire, le deuxième meurtre de son chef historique.
La communauté internationale, qui devrait jouer un rôle décisif, continue, impassible et sereine, de regarder la dégradation d’un pays provoquée par des luttes sans sens et apparemment faciles à résoudre.
Le charisme de Nino est nécessaire, sa voix sensible, sa détermination.
Onze ans après son assassinat, les politiciens guinéens devraient honorer sa mémoire.
Et il n’y aurait pas de meilleure façon de le faire que de marcher dans les rues de Guinée-Bissau, de regarder les visages de leurs Frères, de percevoir la douleur, la révolte, la tristesse généralisée et d’essayer de grelotter le chemin.
La Guinée-Bissau en a besoin.
Nino Vieira vous en serait reconnaissant.
Le peuple le mérite.
Pape Sané
Journaliste Spécialisé en
Défense et Sécurité