vendredi, 22 novembre 2024 14:45

Dénonciation du génocide israélien, plusieurs voix pro palestiniennes convoquées pour apologie du Terrorisme

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Atlanticactu / Paris / Gaza / Yaye Thioro Gueye
Non seulement la France continue de faire preuve d’un désintérêt total sur les crimes contre l’humanité commis par Israël en Palestine mais, désormais les voix pro palestiniennes contre les exactions de Tsahal sont traquées. Les autorités françaises ont lancé une inquiétante offensive des autorités contre les voix propalestiniennes qui sont convoquées pour des faits qualifiés « d’apologie du terrorisme ».
La guerre déclenchée par Israël après l’attaque du 7 octobre provoque, depuis plus de six mois, de virulents débats au cœur desquels les militants pour une Palestine libre, s’opposent à la politique menée par le gouvernement d’extrême-droite israélienne.
Si dans un premier temps, la répression du mouvement propalestinien a pris la forme d’interdictions de manifester, ou encore d’une criminalisation tant médiatique que politique, elle a pris un nouveau tournant ces dernières semaines où de nombreuses figures sont désormais convoquées pour des faits qualifiés « d’apologie du terrorisme ».
Journalistes, politiques ou militants sont, en effet, dans le viseur des autorités, pour leurs prises de position, notamment après avoir dénoncé la colonisation de la Palestine.
– La députée Mathilde Panot et Rima Hassan, candidate aux élections européennes et figure de la lutte palestinienne
Le nom de Rima Hassan, ancienne réfugiée palestinienne, désormais candidate aux prochaines élections européennes sous l’étiquette de LFI (La France Insoumise), était encore inconnu du grand public il y a quelques mois.
Pourtant, depuis quelques semaines et l’annonce de son ralliement sur la liste LFI, son visage est omniprésent, chaînes d’information en continu et réseaux sociaux compris.
Figure de la lutte palestinienne, Rima Hassan a annoncé le 19 avril dernier, être convoquée par la police judiciaire pour des accusations qui ne lui ont pas été communiquées mais qui interviennent « dans un climat général tendant à faire taire les voix qui s’élèvent pour appeler à la protection des droits des Palestiniens et condamner les exactions commises par Israël dans la bande de Gaza », comme l’a souligné son avocat, Maître Vincent Brengarth.
« Cette situation entretient un amalgame intolérable entre appel à la protection des Palestiniens face au risque de génocide, constaté par la Cour internationale de Justice elle-même, et apologie du terrorisme. Cette dernière infraction se trouve ainsi totalement dévoyée au profit d’une criminalisation évidente de la pensée », note le conseil parisien dans un communiqué de presse.
Dénonçant des « atteintes à la liberté d’expression et d’opinion », Vincent Brengarth considère que ces procédures « entravent mécaniquement le combat pour la défense universelle des droits humains, en faisant tomber sous le coup de la loi toute expression publique tendant à rappeler le droit des Palestiniens à l’autodétermination ».
Ce mardi, c’était au tour de la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, de dévoiler sa convocation devant la police judiciaire de Paris dans le cadre d’une enquête ouverte pour « apologie du terrorisme ».
Dans un communiqué de presse, l’élue de gauche fustige « une instrumentalisation grave de la justice visant à bâillonner des expressions politiques » et indique que cette convocation concerne « une communication officielle du groupe datant du 7 octobre ».
« Nous ne nous tairons pas. Aucune convocation, aucune intimidation de quelque nature que ce soit ne nous empêchera de protester contre le génocide en cours contre le peuple palestinien. J’appelle tout un chacun à prendre conscience de la mesure des atteintes alarmantes contre la liberté d’opinion et contre la démocratie », a-t-elle enfin martelé dans son écrit.
– Émilie Gomis, en première ligne malgré la pression médiatique et une convocation devant la police
La basketteuse française Émilie Gomis, ambassadrice déchue des JO de Paris 2024, continue d’afficher chaque jour, son soutien à la cause palestinienne, alors même qu’elle a été évincée de ses fonctions olympiques pour une publication en ligne portant sur la colonisation.
Convoquée le 8 février dernier pour ces faits, la sportive dénonçait au micro d’Anadolu, le harcèlement vécu après sa prise de position.
« C’est un sujet sensible, c’est un sujet qui dépasse tout le monde. On est pris dans une machine à broyer donc il faut être prêt à en subir les conséquences », déclarait-elle au terme d’une audition libre dont les suites ne sont toujours pas connues à ce stade.
Et de poursuivre : « La situation géopolitique actuelle amène les citoyens à s’exprimer. D’une certaine manière on ne peut plus rester silencieux, malgré mon statut et mes fonctions, je l’ai payé ».
Vincent Brengarth, qui assure également sa défense et l’accompagnait lors de sa convocation devant la police judiciaire de Paris, fustigeait, lui aussi au micro d’Anadolu « une convocation qui n’avait absolument pas lieu d’être » et pointait « une disproportion manifeste dans la manière dont Émilie Gomis est aujourd’hui traitée ».
« Vous avez une procédure qui est totalement vexatoire, qui est une procédure humiliante, mais heureusement on prend le temps aussi de pouvoir s’expliquer, de clarifier les choses, et de le dire, et de le répéter: jamais il n’y a eu d’incitation à la moindre commission d’action violente. Nous sommes dans l’attente de la décision du procureur de la République et nous ne voyons pas ce qui pourrait permettre de justifier des poursuites dans ce dossier à partir du moment où l’infraction d’apologie du terrorisme n’est absolument pas caractérisée », concluait l’avocat parisien.
– Sihame Assbague, Anasse Kazib et Guillaume Meurice
Mardi 16 avril, le cheminot et militant de gauche, Anasse Kazib, était convoqué par les services de police pour des faits qualifiés là-encore d’apologie du terrorisme.
À la sortie de son audition, qui n’a pas conduit à un placement en garde à vue, le membre de « Révolution permanente » dénonçait dans une vidéo publiée en ligne « une volonté organisée de faire taire le soutien au peuple palestinien ».
Selon lui, il est question « de faire taire cette dénonciation du massacre et du génocide que vit le peuple palestinien ».
Le 20 avril, c’est au tour de la journaliste Sihame Assbague d’annoncer sa convocation par les services de police, pour une publication sur le réseau social X, dénonçant la colonisation en Palestine.
« Je ne suis ni la première ni la dernière à être convoquée pour avoir exprimé un soutien à la Palestine ou aux luttes des Palestiniens (…). Depuis le 7 octobre, des centaines de personnes ont été inquiétées pour les mêmes raisons. Toutes n’ont pas eu affaire à la police ou à la justice. On le sait, la répression prend plusieurs formes: il y a eu bien sûr des gardes à vue, des perquisitions, des procès et même des condamnations, mais il y a aussi eu des conseils de discipline, des licenciements, des manœuvres d’intimidation, des conférences déprogrammées de force, des publications censurées sur les réseaux sociaux, des expulsions, une pression politique et médiatique quotidienne etc etc », souligne la militante antiraciste.
Elle estime à cet effet qu’en « France comme dans d’autres pays occidentaux, tout a été fait pour empêcher l’expression d’une solidarité avec le peuple de Palestine » pour « imposer le récit colonial » fait par Israël et ses soutiens.
Dans le même temps, et alors que les convocations s’enchaînent, le journal Libération dévoilait lundi le classement sans suite de la procédure judiciaire initiée contre l’humoriste Guillaume Meurice après une chronique dans laquelle il visait le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Les plaintes pour « provocation à la violence et à la haine antisémite » et « injures publiques à caractère antisémite » ont en effet été mises au placard.
L’affaire, hyper médiatisée, avait conduit France Inter, à le sanctionner d’un avertissement, suite à cette chronique, dans laquelle il qualifiait, fin octobre, le dirigeant israélien de « sorte de nazi sans prépuce ».
Pour l’heure, les dossiers d’accusation d’apologie du terrorisme continuent de s’empiler sur les bureaux des procureurs, à Paris comme en province, tandis que le massacre du peuple palestinien se poursuit en dépit des mises en gardes internationales et des appels généralisés à un cessez-le-feu permanent qu’Israël refuse d’entendre.

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