Les utilisateurs se servent majoritairement du réseau comme d’un navigateur privé préservant leur anonymat.
Inventé dans les années 2000, le réseau Tor (abréviation de «The Onion Router», en raison de son fonctionnement en une superposition de serveurs qui rappellent les différentes couches de l’oignon) offre l’anonymat à l’utilisateur et un accès au darknet, la partie «cachée» d’internet.
Pour ses partisans, Tor est un service vital pour assurer la protection des données personnelles et pour contourner la censure. Pour ses opposants, il s’agit d’un repaire de criminels s’adonnant au trafic de différentes drogues, à la vente d’armes, au piratage et à la pédopornographie.
Une nouvelle étude parue dans la revue scientifique PNAS penche plutôt en faveur des premiers. D’après les trois chercheurs, seul 1 utilisateur sur 20 se sert du navigateur anonyme pour pratiquer des activités illicites ou regarder du contenu interdit. «Même si Tor peut être utilisé à des fins malveillantes, la plupart des gens semblent l’utiliser en moyenne comme une version privée de Chrome ou de Firefox», assure Eric Jardine du Virginia Tech et principal auteur de l’étude.
Une protection nécessaire?
Plus étonnant, les utilisateurs des pays «libres» politiquement sont plus enclins à se servir de Tor pour surfer sur le darknet, que les internautes des pays à censure, pour qui le réseau est un moyen d’accès à l’internet ouvert sans risque de se faire traquer par le gouvernement. Ces derniers sont à peine 4,8% à utiliser Tor pour aller sur le darknet contre 7,8% pour les utilisateurs des pays «libres».
«Dans un monde où le capitalisme de surveillance et la censure d’internet se développent, la protection de la vie privée en ligne est nécessaire pour que chacun d’entre nous puisse exercer son droit fondamental d’accéder librement à l’information, de partager ses idées et de communiquer avec les autres», écrivent Eric Jardine et ses collègues.
«L’identification de tout trafic sur Tor comme étant illicite nuit à la lutte en faveur de la protection du cryptage et profite aux pouvoirs qui tentent d’affaiblir ou d’interdire totalement les technologies de protection», mettent ils en avant.
Évidemment, il s’agit là d’une étude relativement limitée. D’une part, traquer une activité anonyme sur le web est par nature compliqué. Deuxièmement, les chercheurs ont supposé que la localisation des utilisateurs était liée à celle du «nœud» d’entrée, ce qui n’est pas forcément le cas. Surtout, les auteurs considèrent comme «illicite» toute activité sur le darknet, ce qui est contestable.
Si le darknet est bien un supermarché géant de produits illégaux, on peut également y trouver des forums sur diverses questions, des jeux en ligne ou des objets bizarres tels que des kits de dentiste pour s’arracher une dent ou des bretzels allemands.
Avec Kori