©atlanticactu.com — C’est le 5 juin dernier que le ministre de l’intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, déclarait que le début du couvre-feu est repoussé de 23 heures à 5 heures du matin après de violentes manifestations dans les différentes villes du pays. Les restrictions du transport inter-régions sont aussi levées dans les conditions du couvre-feu. Les restaurants, les salles de sport et les casinos sont autorisés à rouvrir mais, les discothèques continueront de fermer. D’où la colère de ces tenanciers qui non contents d’être oubliés dans le soutien financier, ne seront pas épargnés par les banques et le fisc.
Selon des indiscrétions faites à Atlanticactu, les patrons de boîtes de nuit ne pourront pas rouvrir avant le mois de septembre. Ce qui fait que ces propriétaires menacent de déposer un recours devant la Chambre administrative de la Cour Suprême. Pour la plupart d’entre eux, « le gouvernement signe l’arrêt de mort des discothèques ».
« C’est incompréhensible » : Certains tenanciers de Night-club regroupés autour d’une plate-forme sont en colère après l’annonce du ministre de l’intérieur portant sur les allègements et réouverture de certains lieux recevant du public . Ce dernier qui a décidé de ne pas autoriser les boîtes de nuit à rouvrir, en raison de l’épidémie de coronavirus, suscite le courroux de ses « patrons de la nuit ».
Alors que les salles de sports, les casinos ou encore les restaurants sont autorisés à rouvrir leurs portes, les discothèques devront rester fermées encore quelques mois, septembre au plus tôt selon nos sources. Pour les membres de ce secteur de l’hôtellerie, « le gouvernement signe l’arrêt de mort des discothèques ».
Pour Ibrahima, Gérant une discothèque aux Almadies, « Ouvrir nos établissements pour danser n’est pas plus dangereux que d’aller au restaurant ou dans une salle de sport »
« On devait nous annoncer une date de réouverture avec des protocoles de sécurité et nous n’avons rien eu, c’est incompréhensible, ce n’est pas plus dangereux d’aller danser que d’aller au cinéma, de prendre l’avion ou le bus » a déclaré à Ibrahima Niang Gérant d’un établissement de nuit.
D’après lui, des « fêtes sauvages » et des soirées privées « où l’alcool coule à flot » se « multiplient» dans les coins et recoins du pays alors que les discothèques qui disposent de « professionnels formés pour gérer les débordements sur la voie publique sont « à l’agonie », en donnant l’exemple d’une soirée entre jeunes qui avait fini par la mort d’une fille. Il s’agit selon ce dernier « d’une concurrence déloyale » qui révèle au passage que les fêtes continuent dans les villas et appartements cossus dès Almadies.
Selon notre interlocuteur, « si la décision du ministre de l’intérieur était prise à la suite de concertations, nous pourrions accepter mais qu’on nous prive tout en autorisant certains du même secteur que nous, pose problème ».
Du côté du Syndicat national des travailleurs de l’hôtellerie, de la restauration, des bars, cafés et casinos du Sénégal qui « s’insurge« contre la décision du gouvernement sans pour autant donner une position officielle, « Une telle mesure ignore les garanties apportées par la profession et les conditions réelles du fonctionnement de ces établissements sanitairement plus sains que les débordements en tous genres qui ont actuellement lieu sur le plan festif ! », a souligné l’un des dirigeants. D’ailleurs, nous apprend ce dernier qui requiert l’anonymat, le syndicat envisage d’abord de saisir la tutelle avant de se prononcer.
«On ne peut pas garantir qu’il n’existe plus de fêtes privées comme celle qui a été à l’origine d’une jeune fille dans un appartement des Almadies mais nous effectuons régulièrement des patrouilles », nous confie un gendarme
Les discothèques emploient quelques 2500 personnes au Sénégal et réalisent un chiffre d’affaires estimé à plus de 60 milliards. Mais, elles sont également à l’origine de plus actes de banditisme notés dans les Almadies depuis plusieurs années. C’est ainsi que le « Vegas » sénégalais est l’endroit où la drogue, les faux billets, la prostitution clandestine, le proxénètisme, etc… sont le plus développés.
Répondant aux révélations d’un gérant de discothèque qui renseigne que les soirées privées continuent de se tenir , P.L.G, un gendarme en renfort dans le secteur des Almadies, tient à nous rassurer. Selon le Pandore trouvé dans sa voiture au rond-point de Ngor, « Il est impossible de dire que ces soirées privées n’existent pas même si nous nous effectuons de nombreuses patrouilles ».
« C’est très simple, si les forces de l’ordre voulaient savoir où se tiennent ces fêtes privées, il suffit simplement de surveiller les différents axes du quartier des Almadies pour voir les rutilantes qui se déplacent à partir de 21 heures », assène Ibrahima. Et de poursuites, « Récemment, un monsieur respectable m’a appelé aux environs de 03 heures un vendredi pour me demander de lui dépanner de quelques bouteilles car il était avec des amis et qu’ils étaient à sec ».
Cheikh Saadbou Diarra (Atlanticactu.com)