Si la crainte des cas communautaires est de mise, une autre crainte risque de perturber les plans du gouvernement dans la lutte contre le Coronavirus. Il s’agit d’une éventuelle pénurie de matériel de protection dans les hôpitaux. Une situation qui déjà , est une triste réalité à l’intérieur du pays mais qui pourrait prochainement toucher Dakar, Touba et Diamniadio qui accueillent près de 77% des patients. Aujourd’hui, le personnel médical attend impatiemment la commande du Président de la République et limiter la contamination des soignants.
La directrice des Établissements Publics de santé, Dr Fatou Mbaye Sylla a été la première à dénoncer le manque d’équipements dans les régions périphériques où elle effectuait une visite de travail. Auparavant, les personnels soignants avaient exigé de la tutelle des équipements sanitaires pour se prémunir de toute contagion et prendre efficacement les malades atteints du Coronavirus. Le ministère de la Santé fera la sourde oreille depuis le 2 mars pour des raisons qui pourraient être liées à l’impréparation de l’état .
D’ailleurs, une partie des personnels de santé dénonce le manque de moyens pour lutter contre le coronavirus. Tambacounda est l’une des plus grandes régions du pays et elle était aussi l’une des dernières villes à avoir été touchée par la pandémie. Ce lundi 27 avril, avec 57 cas positifs dont un agent santé, le personnel de l’hôpital régional menace de boycotter les malades si des équipements adéquats ne leurs sont fournis dans les plus brefs délais.
Depuis deux semaines, des personnels de santé dénoncent le manque de moyens, de matériel et de formation pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Alors que le gouvernement avait annoncé avoir mobilisé plusieurs milliards pour faire face au Coronavirus
Après le Dr Tito Tamba du District dé Bignona, c’est Cheikh Seck, Coordonnateur des syndicats de santé qui monte au front pour envoyer des missiles à l’état.
«le matériel n’est pas suffisant. Quand vous donnez à un hôpital pour une semaine ou un mois 5 000 ou 7 000 masques, or en termes de consommation (…). Je vous donne l’exemple de l’hôpital où je travaille, ici à l’hôpital nous sommes 632 comme agents et il y a 273 prestataires. Cela veut dire qu’il y a presque 900 agents. Et quand on vous donne 7 000, cela veut dire que le reste, on cible», se planit-il.
Un cri de cœur repris par D. Traoré du syndicat des travailleurs de l’hôpital régional de Tambacounda, « Les cinquante sept malades atteints aujourd’hui de Covid-19 dans la région de Tambacounda ont tous été contaminés la même semaine. Pareil pour l’agent de santé qui l’a été lorsque les premiers cas sont arrivés ».
Et d’ajouter, « Les médecins et les infirmières sont souvent en contact très étroit avec des personnes fortement infectées et porteuses de nombreux virus dans leur corps, ce qui signifie qu’ils sont exposés à des doses très élevées de virus ». Même si le directeur de l’hôpital indique disposer de matériel , il assure que celui-ci est disponible mais, « Pas en grande quantité ».
La même situation prévaut dans la banlieue où le personnel ne dispose quasiment pas de matériel de sécurité pour éviter la contamination. Dans cet hôpital de la banlieue de Dakar tout est prêt pour accueillir un maximum de cas de coronavirus, mais le personnel est inquiet. Il craint un manque de matériel de protection et surtout il voit une lente mais sûre augmentation des cas. Le gouvernement a demandé d’augmenter les tests de dépistage et en cette période de ramadan. Malgré le couvre-feu instauré, le Sénégal connaît actuellement 736 cas de Covid-19 avérés.
Yaye Thioro Guèye (Atlanticactu.com)