Les détenus d’au moins dix prisons du pays se sont révoltés dimanche à propos des mesures prises par le gouvernement visant à empêcher le virus de pénétrer dans le système carcéral notamment la suspension des visites de proches et des permissions de sortie.
Des militants des droits de l’homme ont averti lundi d’un risque de rébellion généralisée dans les prisons italiennes liée aux craintes de coronavirus, après des émeutes survenues dans plusieurs établissements pénitentiaires qui ont fait plusieurs morts parmi les détenus.
Les détenus d’au moins dix prisons du pays se sont révoltés dimanche à propos des mesures prises par le gouvernement visant à empêcher le virus de pénétrer dans le système carcéral et qui prévoit notamment la suspension des visites de proches et des permissions de sortie.
Les autorités sanitaires italiennes ont annoncé lundi soir la distribution à partir de mardi de « 100.000 masques » dans les pénitenciers et le montage de 80 tentes pour filtrer les entrées des prisonniers pour détecter d’éventuels cas de coronavirus.
Ces mouvements d’insurrection ont concerné notamment des prisons de Bergame et de Modène, villes du nord situées dans la zone de confinement instaurée par le gouvernement, mais aussi Naples, Salerne ou Bari, dans le sud de la péninsule.
Au moins trois détenus sont morts pendant ou après les affrontements à la prison Sant’Anna de Modène, selon le groupe de défense des droits des prisonniers Antigone, tandis que le quotidien La Repubblica a fait état de six décès, citant des sources policières.
Selon l’agence Ansa, deux détenus sont morts après avoir été transférés de la prison de Modène vers d’autres établissements pénitentiaires.
Les médias italiens rapportaient encore de fortes tensions lundi à l’intérieur de l’établissement où le personnel craint aussi des affrontements entre les prisonniers eux-mêmes, dont certains ne sont pas d’accord avec la protestation.
« Les détenus n’avaient pas été informés de ce qui se passait à l’extérieur, et les visites avaient été suspendues à cause du coronavirus, c’est pourquoi tout cela est arrivé, cette guerre », a confié à l’AFP Gilberto, 59 ans, père d’un des détenus de la prison de Modène, qui a souhaité garder l’anonymat.
« Si le coronavirus vient ici, nous sommes tous morts. La plupart de ceux qui sont en prison sont séropositifs ou ont des problèmes pulmonaires parce que le seul vice qu’ils ont est de fumer. Mon mari fume trois paquets de cigarettes par jour », a déclaré Monica, 50 ans, épouse d’un détenu condamné à huit ans de prison.
– Surpopulation –
A la prison San Vittore de Milan, une dizaine de détenus sont parvenus dimanche à s’installer sur le toit d’une des ailes, d’où ils ont crié « nous voulons la liberté ! », sous le regard d’une centaine de policiers et de gardiens.
Des familles de détenus se sont rassemblées pour protester contre les mesures de restriction adoptées devant plusieurs prisons du pays comme à Bari (sud) où les détenus ont répondu à leurs proches en lançant des mouchoirs enflammés à travers les barreaux de leurs cellules et en criant « Libre, libre amnistie ! », selon les médias.
« Nous demandons instamment aux détenus et à leurs proches de cesser les manifestations violentes, car elles pourraient en déclencher d’autres », a déclaré à l’AFP Andrea Oleandri, de l’association Antigone.
« La situation pourrait rapidement dégénérer », a-t-il expliqué, ajoutant que les prisonniers tirent la plupart de leurs informations des télévisions et ont tendance à protester par solidarité s’ils voient des condamnés dans d’autres prisons se révolter.
Les prisons italiennes souffrent de surpopulation, avec plus de 61.000 détenus pour 51.000 places.
Tous les membres du personnel sont censés faire vérifier leur température à leur arrivée chaque jour, et les contrôles médicaux pour les nouveaux détenus ont été intensifiés, a expliqué l’association Antigone.
Le pays est durement touché par l’épidémie de coronavirus – avec quelque 460 morts jusqu’à présent – et le gouvernement a imposé dimanche des mesures draconiennes pour empêcher sa propagation, en confinant 15 millions d’habitants vivant dans une large partie nord du pays.