C’est connu, l’apport de la diaspora Sénégalaise est estimé à plus de 1200 milliards de FCfa, soit 8 % du Pib et bien supérieur à l’aide au développement venu de l’Occident. Sur cet apport, les transferts de fonds ont une part très importante. Cependant, une bonne partie de l’argent envoyée par la diaspora sénégalaise intéressent les banques et les sociétés de transfert d’argent qui pratiquent des coûts trop élevés. Mais, avec le Coronavirus, il est noté une baisse drastique des envois. Résultats : de nombreuses familles souffrent car dépendant de cette manne venue de l’extérieur.
Avec cette pandémie, les familles dont l’essentiel des revenus provient de l’étranger risquent de s’inscrire sur les listes des bénéficiaires de bourses de sécurité familiale… Car, en s’en prenant à l’économie nationale, le virus du COVID 19 était en train de s’attaquer gravement aux moyens d’existence de plusieurs familles. Car, la rareté des transferts diasporiques menace sérieusement les équilibres macro et les besoins vitaux des familles. Pour en avoir le cœur net, il suffit de se limiter aux premières indications révélées par les professionnels du transfert d’argent qui font état d’une baisse drastique de l’ordre de 30 à 60% selon les sources et les régions du pays.
Comme un cancer qui risque de « métastaser » et inquiètent légitimement jusqu’au sommet de l’état. Le Président sénégalais Macky Sall dans son message COVID 19 adressé au continent africain (08 avril dernier), n’a pas manqué d’appeler ses pairs à anticiper la « chute brutale des transferts des diasporas africaines ». Un lanceur d’alerte VIP qui illustre si besoin est, le néo-standing en Afrique des transferts diasporiques qui ont doublé depuis 10 ans, surpassant désormais les investissements étrangers et les aides publiques au développement…et jouant parfaitement leur rôle contracylique d’assurance pour les familles.
« Il m’arrivait de faire des transactions de 5 à 10 millions tous les jours mais, depuis plus d’un mois, je réussis à peine de cumuler un million de francs », se confie Seydou Daffé, gérant d’un multiservices sis sur l’Avenue Bourguiba. Il y aurait deux facteurs à son avis, « Localement, la peur d’être contaminé par la manipulation des billets est une cause mais la grande cause est plutôt la baisse des envois des envois mais surtout la faiblesse des montants. Par exemple aujourd’hui, j’ai eu à payer que 250 000 francs et dans trois heures, je suis tenu de fermer boutique », nous apprend Seydou.
Avec le désastre de l’épidémie en Europe, c’est l’Afrique qui prend les plus mauvais points. Les sénégalais forte colonie en France , Italie, Espagne, etc.. se remémorent la crise mondiale de 2008
L’exemple qui fait peur à la diaspora est encore fraîche dans les mémoires. Déjà la crise économique mondiale de 2008-2009 avait réduit de 15 à 20% les flux de transferts vers le Sénégal (source Banque Mondiale). L’actuelle dépression engendrée par le COVID-19 sera deux à trois fois plus dévastatrice aux dires des économistes sans compter qu’elle affecte cette fois directement les pays africains qui avaient été dans l’ensemble épargnés en 2008. Surtout, la crise des transferts promet de s’installer durablement avec des épicentres de l’épidémie fixés en Europe (France, Italie, Espagne, UK….) et USA qui se trouvent être les principaux corridors de transfert d’argent vers l’Afrique. Pour rappel, l’UE avec France et Italie en tête, compte pour les 2/3 des 43 milliards d’euros adressés annuellement vers la zone UEMOA !
Il est indéniable que toute l’économie sénégalaise sera affectée directement ou indirectement par la chute des transferts qui pointe (transferts formels 2019 estimés à 1180 milliards de francs). Ce qui sera à coup sûr à l’origine d’une crise qui doit être le d3but d’un changement de paradigme de la diaspora.
Comme en 2008, les familles sénégalaises dépendantes exclusivement de des transferts de la diaspora ont touché le fond. Ce qui fait d’ailleurs rappeler à Seynabou Cissé, une épouse d’émigré , « À l’époque, mon mari avait déjà entrepris des travaux de notre maison mais, je puis vous dire que de nombreux foyers ont éclaté à cette époque ». Et de nous révéler, « C’était dur mais certaines de mes copines n’ont pu tenir , habituées qu’elles étaient à brasser des sommes énormes à longueur d’année. Certaines ont fait des choses inimaginables au point que les parents des époux avaient avisé leur parent ».
Il ne faut pas désespérer car à long terme, les flux financiers finiront par se réajuster car ils sont corrélés aux dynamiques des flux migratoires qui ne devraient pas ralentir…et aux stratégies publiques de mobilisation des diasporas qui devraient se ragaillardir .
Yaye Thioro Gueye (Atlanticactu.com)