À quelques heures de l’instauration de l’état d’urgence lundi dernier, les principales prisons de Dakar (Rebeuss, Cap Manuel, Camp Pénal) ont vu une bonne partie de leurs populations carcérales migrer vers les Maisons d’Arrêt de l’intérieur du pays et celle de Sébikotane. Atlanticactu.com avait annoncé le même jour que les techniciens du ministère de la Justice et de la direction de l’Administration Pénitentiaire travaillaient sur des solutions pour « vider » les prisons en prévision de la hausse du Coronavirus. Le Président Macky Sall a fait fort en libérant 2036 prisonniers. Une mesure « contestée » par policiers et gendarmes.
En vidant les prisons du Cap Manuel et Rebeuss la semaine dernière et l’affectation du Pavillon Spécial de Le Dantec aux femmes détenues, le ministre de la Justice avait déjà envisagé la libération anticipée de plus de 1500 détenus en fin de peine ou condamnés à de petites peines pour désengorger les prisons face au coronavirus.
C’est chose faite à présent avec la décision du Chef de l’état d’accorder une grâce à 2036 prisonniers. Une décision jugée extrêmement responsable par les personnels de l’administration pénitentiaire qui ont toujours craint le pire avec la surpopulation carcérale.
Ces derniers jours, des magistrats et personnels de l’administration pénitentiaire ont travaillé dans la discrétion pour proposer au Président Macky Sall la liste de 3000 prisonniers pouvant bénéficier d’une grâce présidentielle « sans risques majeurs » et, prévenir une possible contamination dans ces milieux confinés.
Auparavant, des Médecins, les Défenseurs des droits humains, des organisations et de nombreux magistrats et avocats ont appelé à libérer « massivement » et en « urgence » des détenus afin d’éviter une crise sanitaire et sécuritaire en prison. Depuis l’annonce mardi 17 mars de la suspension des parloirs, des renseignements faisant planer à de possibles « révoltes » dans une dizaine d’établissements pénitentiaires.
Ouf de soulagement pour les prisons sénégalaises, qui souffrent de surpopulation chronique, comptent près de 11.800 détenus pour quelque 3000 places opérationnelles.
Le ministère de la Justice aurait ciblé les détenus pour lesquels il reste moins de deux mois à purger. Sont cependant exclus tout ceux incarcérés pour des faits de terrorisme, de détournement de deniers publics, de violences conjugales ou visés par des procédures criminelles.
Selon une source judiciaire, « Le ministère de la Justice veut également simplifier les libérations sous contrainte, qui permettent actuellement à certains détenus ayant purgé les deux tiers d’une peine de prison de moins de cinq ans d’achever le dernier tiers hors de prison. Mais la pose des bracelets électroniques promise par l’État n’étant pas toujours fonctionnelle pose problème donc, cette simplification devrait se faire uniquement sous la forme de libérations conditionnelles ».
Poursuivant, « Une étude pour ne pas mettre à exécution les courtes peines d’emprisonnement et surtout pour ne pas faire entrer de nouvelles personnes en prison, est à l’étude » . nous révèle la même source qui confirme que l’heure est plutôt à « Éviter aussi les nouvelles entrées en prison
Il est demandé également aux chefs de parquet de veiller à la régulation carcérale.Limiter les entrées surtout serait mieux
Dans une note parcourue par Atlanticactu.com, le Garde des Sceaux « a demandé aux procureurs de veiller à la régulation carcérale pour qu’il y ait moins de personnes qui entrent et que nous puissions faire sortir les personnes soit qui sont malades soit qui sont en fin en peine ».
D’ailleurs, cette décision ne devrait pas poser de problème puisque la délinquance a baissé depuis quelques jours , en raison de la présence de « beaucoup de policiers dans les rues » et va continuer crescendo. vérification faite par votre site favori sur les dernières 96 heures, on comptabilise une vingtaine d’entrées en prison quotidiennes contre plus de 120 habituellement », a confirmé notre contact hier.
Avec 2036 détenus libérés, c’est l’incompréhension des policiers et des gendarmes
«Même avec la pandémie et les risques de propagation, il fallait continuer la réflexion pour voir comment gérer les prisonniers. Mais, les laisser à l’air libre est comparable à un message d’impunité supplémentaire pour ceux qui nous défient dans les quartiers sensibles», estime un gradé de la gendarmerie.
Quant à son collègue de la police, «La chancellerie cède aux pressions d’associations et d’organisations.» Et , argumente t-il « Non seulement les policiers et gendarmes seront engagés dans plusieurs fronts pour faire respecter l’état d’urgence et le couvre-feu mais, ils vont laisser le champs libre à tous ces voyous qui sont d’être des enfants de cœur. Et
ceux éligibles à une libération conditionnelle, disparaissent à la première occasion ».
Cheikh Saadbou Diarra (Atlanticactu.com)