@Atlanticactu.com – En attente d’une rupture comme promise depuis la campagne électorale de 2011 et la prestation de serment du président Macky Sall en avril 2012, les sénégalais font face de manière plus récurrente aux violations régulières de leurs droits les plus primaires. Avec une répression aveugle des forces de l’ordre à l’occasion des manifestations de l’opposition ou des Activistes, des arrestations violentes de personnes ne constituant aucun danger, des emprisonnements « préventifs », etc au point qu’il urge de revoir la mission des Forces de l’ordre au Sénégal. Pourquoi tout simplement ne pas en avant un instrument de contrôle plus indépendant de l’action de forces de l’ordre ?
Les images de la dernière vidéo devenue virale de l’arrestation de Guy Marius Sagna et d’une poignée de personnes scandant leur colère face à la hausse exponentielle des prix des denrées de première nécessité, démontre encore que certains membres de nos forces de l’ordre, ont une maigre connaissance du respect de l’intégrité physique des citoyens. Et malgré toute la barbarie perpétrée sur ces Activisteset leur garde à vue pour participation à une manifestation interdite, le Procureur n’a pas jugé opportun de lancer des poursuites. Tout ça pour ça, dirons certains. A quelques encablures, Assane Diouf subira le même traitement.
Il ne s’agit point ici de mettre en relief le fait que ces hommes soient dépositaires de la violence légitime mais plutôt d’être des professionnels dans l’exécution de leurs missions envers les populations. Combien de personnes ont perdu qui un œil, qui un doigt, qui une main juste parce que l’usage de la force publique a été disproportionnée. Pourtant au même moment, des citoyens sont adressées dans les artères de Dakar, dans leur voiture et même dans leur maison. L’interrogation de ces pauvres citoyens à cette phrase, « où sont les policiers et les gendarmes? ».
Le travail des forces de l’ordre à lui seul doit être un thème que le président Macky Sall, chantre de la rupture, du retour de l’État de droit sur la partisanerie. Le president de la République doit innover pour son dernier mandat en instaurant « un contrôle plus indépendant des forces de l’ordre, sans toutefois créer un nouvel organisme ad hoc ». Il faudrait pour cela que ce nouveau niveau de contrôle soit externe à l’administration, et n’aurait pas vocation à remplacer l’ISS, la fameuse police des polices, sous le feu des critiques depuis sa création ou la Prévôté, cet instrument de la gendarmerie chargée de la police militaire
Pour réussir, Macky doit associer étroitement police, gendarmerie et justice
Le chef de l’Etat se doit de mettre en place une « délégation parlementaire chargée du contrôle des forces de l’ordre », à l’image de la délégation pour le renseignement. Avec une telle innovation, l’idée serait de confier les dossiers où il y a des soupçons d’usage excessif de la force à ces parlementaires. Et contrairement à une commission d’enquête tel que cela peut déjà exister de manière temporaire, les députés se spécialiseraient sur ces questions de manière permanente. Ils pourront accéder par exemple aux dossiers de procédures administratives à l’encontre d’un policier ou d’un gendarme accusé d’abus de pouvoir ou d’abus excessif, tout en ayant un certain devoir de réserve pour ne rien divulguer.
Si bien avant son avènement au pouvoir et bien plus tard, Macky Sall avait toujours soutenu la nécessité de donner « une vraie indépendance » à la direction l’Inspection des Services de Sécurité avec « plus de transparence sur le suivi », il est temps de donner corps à cette idée pour le bien-être des citoyens victimes de violences et sans possibilité d’entamer des poursuites. A défaut de créer cet instrument indépendant de contrôle des dérives des forces de l’ordre, le président Sall se doit de réformer en profondeur les missions et objets de ces services de contrôle.
Et pour cela, le chef de l’Etat va insister sur « les liens entre forces de sécurité et justice pour plus d’efficacité et de rapidité » ainsi que sur le « lien police/population, avec la volonté de voir » les mesures « rapidement » mises en oeuvre . Parmi ces mesures devraient aussi figurer des dispositions sur la vidéosurveillance, la formation des forces de l’ordre, l’encadrement et « l’attractivité » des fonctions d’agent de police judiciaire.
Pape SANÉ