Le chef de la diplomatie du Tchad, Chérif Mahamat Zene, a affirmé jeudi avoir des « raisons » de se préoccuper de la présence des mercenaires russes de la société Wagner sur le continent africain, ont rapporté des médias français.
Déclaration faite alors que la polémique autour d’un éventuel recours du Mali à la société Wagner ne cesse d’enfler entrainant de vives réactions aussi bien à l’échelle continentale qu’internationale.
« Toute ingérence extérieure, d’où qu’elle vienne, pose un problème très sérieux pour la stabilité et la sécurité de mon pays », a déclaré Chérif Mahamat Zene cité par la chaîne d’information France 24.
Tout sera mis « en œuvre pour que le Tchad soit protégé sur toute l’étendue de son territoire », a-t-il ajouté.
« Il y a des mercenaires russes présents en Libye, qui sont aussi présents en République centrafricaine. Nous avons des raisons de nous préoccuper de la présence de ces mercenaires parce que les assaillants qui ont attaqué le Tchad en avril et causé la mort de l’ancien président (Idriss Deby) ont été formés, encadrés par la société privée de sécurité Wagner », a-t-il encore déclaré.
À la question de savoir si le Tchad avait la preuve d’une pénétration de ces mercenaires russes dans son pays au printemps, le ministre a répondu par la négative, note le même média.
« Le 30 mai, le Tchad a fait l’objet d’une attaque près de la frontière centrafricaine […] appuyée certainement des Russes », a-t-il aussi rappelé. « Nous avons toutes les preuves de la présence de ces Russes aux côtés des forces centrafricaines et cela nous préoccupe », a-t-il toutefois souligné.
Interrogé sur un éventuel contrat qui pourrait être passé entre l’exécutif malien et Wagner, pour un déploiement d' »instructeurs » russes au Mali, Chérif Mahamat Zene a souligné que « jusqu’à aujourd’hui, le gouvernement malien affirme qu’il n’y a pas eu d’accord avec ce groupe ».
« J’ai rencontré mon collègue malien à l’ONU, il m’a assuré qu’il n’y avait eu aucun engagement du gouvernement avec Wagner. Nous ne pouvons pas préjuger de quelque chose qui n’existe pas », a-t-il déclaré.
En proie à une situation sécuritaire particulièrement instable dans ses parties nord et centre-nord, le Mali à l’instar des autres pays du Sahel, fait face à des attaques terroristes depuis la fin de la rébellion touarègue, en 2012. Une situation qui place le pays ouest-africain en première ligne dans la lutte contre le terrorisme.
Pour pallier les difficultés rencontrées par l’armée nationale, le pays est soutenu depuis le début de sa guerre contre le terrorisme, par plusieurs milliers de soldats français de l’opération Barkhane et près de 12 000 Casques bleus. Cependant, leur inefficacité à mettre fin à la crise sécuritaire pousse les autorités à redoubler d’efforts pour l’amélioration de sa défense.
Depuis plusieurs semaines, la junte militaire est au cœur d’une polémique en raison d’un présumé accord conclu avec le groupe de mercenaires russes Wagner pour la formation de ses soldats. Ces informations, par ailleurs non niées par les autorités maliennes, ont suscité une vives réactions aussi bien du côté de la France que de la communauté internationale qui préviennent que cela pourrait affecter leurs relations avec le Mali.
« On ne peut pas nous empêcher d’envoyer des gens être formés dans un pays donné parce qu’un autre pays ne veut pas. On est obligé de nous interroger : ne faut-il pas avoir de plan B », avait réagi pour sa part le Premier ministre Choguel Maïga, le 16 septembre courant.
Avec AA