lundi, 7 octobre 2024 09:13

Accord sur les céréales : Vladimir Poutine coupe les vivres aux africains

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Russie
Atlanticactu/ Abuja/ Addis-Abeba/ Amsatu BARROW
À peine quelques semaines après le déplacement de Chefs d’État africains à Kiev pour une initiative de paix, Moscou a décidé de ne pas prolonger l’accord qui a permis, malgré la guerre, d’exporter via la mer Noire 33 millions de tonnes de céréales en un an. Et la presse tente ce matin de mesurer les conséquences de cette décision. « Poutine va-t-il condamner les Africains à serrer encore la ceinture ? », se questionne Aujourd’hui au Faso en Une.
« Les soutes des bateaux pleines de blés, d’engrais, de maïs ou soja, ces bateaux amarrés en mer Baltique resteront à quai, (…) ce qui condamnera le monde entier à des difficultés alimentaires. (…) Le prix du pain, des pâtisseries et plusieurs autres produits va flamber. Si l’accord céréalier n’est pas reconduit, l’inflation sera forcément à deux chiffres et les pays du Sud, notamment africains dont beaucoup dépendent des engrais russes et ukrainiens, seront obligés de faire dans la subvention tous azimuts. Pour des pays déjà très endettés, poursuivis par des créanciers (Chine, ou le club de Paris) un non-accord maintenu sera une catastrophe. »
« Quand l’ours russe boude, c’est toute l’Afrique qui trinque »
C’est le titre à la Une de L’Observateur Paalga. Le site rappelle qu’« il y a un mois, une délégation de chefs d’États africains s’était rendue en Russie » pour plaider le maintien de cet accord, et « le moins que l’on puisse dire, c’est que le plaidoyer n’a pas été entendu ». « Poutine torpille l’accord sur les céréales, il utilise l’arme alimentaire contre les sanctions », écrit Le Monde, pour qui le refus russe « risque de tirer les prix à la hausse sur les marchés mondiaux ».
Et l’Afrique du Nord est en première ligne. L’Égypte notamment, dont 90 % des importations de céréales viennent d’Ukraine et de Russie. Et « dans un pays qui connaît une inflation à 30 %, toute hausse des prix alimentaires fait mal à l’homme de la rue », écrit Le Monde, pour qui « d’autres pays sont moins exposés aux blés de la mer Noire ». C’est le cas aussi du Sénégal, qui importe moins de denrées alimentaires. Depuis le début de la guerre, les Grands Moulins de Dakar (GMD) n’importent plus de blé ukrainien et russe. « Nous nous sommes redirigés vers l’Europe, notamment la Lituanie et la Lettonie », explique au journal le directeur général adjoint de la compagnie.
Alors faut-il craindre une crise alimentaire ? C’est l’avis du journal Le Pays au Burkina. « Quand on sait, poursuit cette fois le site de L’Observateur, que le Programme alimentaire mondial importe 50 % de son stock céréalier de l’Ukraine au profit surtout des pays africains, il faut vraiment craindre qu’on en arrive à une grave famine sur le continent. »
Réduire la dépendance aux engrais russes
En écho à ces craintes, ces informations venues de Guinée, du Mali et du Cameroun, dont la Russie est le premier fournisseur d’engrais : près de 92 000 tonnes importées l’an dernier. À la Une du Journal du Cameroun, ce projet de construire trois usines de production d’engrais à Limbé, Douala et Yaoundé.
L’objectif est bien sûr de réduire les importations d’engrais et de booster la production agricole. « Pourvu que ce ne soit pas qu’une annonce politique », réagit dans le journal un agriculteur de Bandjoun, dans l’ouest. De son côté, le site Maliweb nous apprend que Bamako vient de réclamer à New Delhi une dérogation pour la livraison de 290 000 tonnes de brisures de riz, comme l’avaient fait le Sénégal ou la Gambie. L’Inde a interdit il y a un an les exportations de riz brisé pour préserver sa consommation intérieure. La souveraineté alimentaire mise en avant aussi à Conakry, puisque la Guinée suspend pour six mois l’exportation d’une quinzaine de produits agricoles dont le riz, la pomme de terre et l’huile de palme. Une décision prise avant l’annonce russe du 17 juillet, précise le ministre du Commerce.
Ce refus de prolonger l’accord est-il définitif ? « Poutine va-t-il maintenir sa position ? », c’est la question posée en conclusion de l’article d’Aujourd’hui au Faso. « Le maître du Kremlin peut-il ignorer des amis tels que le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, l’Algérien Abdelmadjid Tebboune, le Centrafricain Touadéra, le Malien Goïta ou le Burkinabè Traoré ? » La réponse pourrait venir dans huit jours lors du sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg.

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