vendredi, 22 novembre 2024 13:22

Coronavirus : L’Artémisia ou l’autre scandale en coulisses

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Malgré les chiffres alarmants de morts annoncés par certains milieux de la recherche en Europe et les craintes de l’Organisation Mondiale de la Santé d’avoir une hécatombe, le continent africain s’en sort mieux que les autres parties du globe. Au Sénégal, la ténacité du personnel médical à privilégier l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19 est à l’origine des résultats satisfaisants obtenus à ce jour. Mais, la récente découverte malgache le CovidOrganics, un remède et non un médicament, qui fait l’objet d’une propagande risque d’annihiler les efforts déjà faits. Certains médecins  craignent que le CovidOrganics soit validé en dehors du protocole prévu dans la mesure où malgré le tintamarre, le Comité d’éthique n’a pas été saisi pour un quelconque protocole. Le Chef de l’état ne peut se permettre « d’autoriser » une autre calamité sur le Coronavirus. 

En ce début du mois de mai, le Sénégal comme de nombreux pays africains a reçu une dotation de CovidOrganics en provenance de Madagascar. Un don salué de tous mais qui pose le problème de l’homologation du médicament au Sénégal car, il convient de le rappeler, le produit malgache n’est pas à ce jour estampillé médicament mais , pourrait être considéré comme un remède issu de la pharmacopée.

D’ailleurs, hier jeudi l’OMS a servi une sévère mise en garde. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rappelé à l’ordre les dirigeants africains contre la tentation de promouvoir sans tests scientifiques la potion présentée par le président malgache Andry Rajoelina comme un remède contre le coronavirus. Les éventuels effets de cette tisane n’ont été validés par aucune étude scientifique.

Mais, les appétits de certains ont pris le dessus sur la déontologie et ce qui ne devait jamais arriver est finalement devenu une réalité. Des échantillons ont été remis à la Direction de la Pharmacie et du Médicament, seule entité apte à autoriser à travers une autorisation de mise sur le marché (AMM) n’importe quel médicament. La précision est de taille et mérite une attention particulière dans la mesure où cette direction risque sous le diktat de « mercenaires » de la santé d’autoriser l’usage de ce remède comme traitement du Coronavirus.

Il est à préciser qu’avant même l’arrivée du « Covid Organics », une réunion du comité des scientifiques s’est tenue, à l’initiative de la Dpm, la semaine dernière , pour se pencher sur les vertus de l’Artémisia, la plante à la base du remède de malgache Des études avant tout test clinique étaient prévues.

Mais  surprise, avant que le processus enclenché au niveau de la DPM ne soit à bout, un protocole de recherches a été déposé sur la table du comité national de gestion des épidémies (Cnge) qui doit donner son feu vert.

Pourquoi cette précipitation du Pr Daouda Ndiaye qui « confond » les prérogatives du ministère de la Santé à celles du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche dans le domaine précis de la recherche en santé. Pourquoi installer cette dualité ?

Selon l’un des médecins du Centre des Opérations d’urgences sanitaires , « Il est tôt de parler du traitement du Covid Organics car il existe un processus. Mais, je constate que le Pr Ndiaye a plutôt essayé d’installer une  dualité entre le ministre de l’Enseignement supérieur et celui de la Santé. Et le plus grave, il se dit même dans la communauté que le projet plaise au ministère de la Santé ou pas, il passera parce que le ministre de l’Enseignement supérieur a donné son avis ».

« Ce serait extrêmement grave pour la santé dans ce cas », se plaint notre interlocuteur. « « Parce que quand on parle de la recherche en Santé, c’est le ministère de la Santé. Donc, les spécialistes ne vont pas avaler cette pilule et vont sortir, cela c’est sûr. Le ministère de la Santé ne serait-ce que pour défendre l’aspect politique parce que ce sont des politiciens ce qui les intéresse c’est la politique, ils vont sortir des gens dans l’ombre, ils vont faire un truc. (…) », dit-il en conclusion.

Tout débute quand le Pr Daouda Ndiaye invite é ses pairs pharmaciens à une réunion des experts sur les aspects réglementaires d’utilisation du CovidOrganics, une fiche de présence a été signée par tous ceux qui étaient présents. C’est après que le Pr Ndiaye évoque la recherche à effectuer dans le cas d’espèce. Une anomalie que les signataires de la feuille de présence soupçonnent d’avoir reçu la bénédiction du Professeur Yérim Mbagnick DIOP, Pharmacien, Professeur titulaire des Universités de classe exceptionnelle, précédemment Chef du Laboratoire national de Contrôle des Médicaments, directeur de la Pharmacie et du Médicament présent dans la salle.

Un protocole ne peut être validé par le ministère de l’Enseignement supérieur pour la recherche en Santé. Et le Pr Daouda Ndiaye en parle comme si le protocole était validé. Alors qu’il n’a pas l’accord du comité éthique. Cet accord est délivré par le ministère de la Santé qui veille à tout ça et qui est chargé de dire si c’est bien ou pas. Le Président de la République doit rapidement mettre fin à cette farce

Dans cette affaire, seul le comité éthique est habilité à valider et il ne l’a pas encore fait. D’ailleurs, jusqu’au moment où nous écrivions ces lignes, le Pr Daouda Ndiaye n’avait pas sollicité le comité éthique pour lui demander son accord, selon le Secrétariat joint au téléphone par Atlanticactu. Mais, à l’entendre parler, on a la nette impression que le protocole a été validé alors que ce n’est pas le cas.

Inviter des pharmaciens à une réunion des experts sur les aspects réglementaires et y parler de recherches, a été perçu par d’imminents professeurs de pharmacie comme un piège tendu avec la « complicité » du Directeur de la Pharmacie et du Médicament. Ainsi, plusieurs spécialistes qui ont signé la feuille de présence de la réunion du « Projet d’essai thérapeutique, prophylactique du Covid19 et de diagnostic des pathogènes émergents associés, ont décrié ce fait accompli organisé par le Pr Daouda Ndiaye.

« Pour le moment, je peux juste dire que j’ai été berné ainsi que la plupart des signataires de la feuille de présence. J’attends de voir au delà des propos que tient le Pr Daouda Ndiaye quel usage sera fait aux conclusions de notre réunion pour réagir officiellement. Je ne suis pas dans des complots ou des deals et cela mes pairs à l’université le savent bien », a consenti à nous dire l’un de ceux-là qui étaient conviés à cette réunion des experts.

En guise d’alerte, notre source déclare, « c’est que Daouda Ndiaye n’est pas virologue alors qu’il a en face une maladie virale. Il n’est pas aussi infectiologue. Lui, il est dans la parasito. Il n’a rien à faire dans cette maladie et tout le monde le sait au Sénégal. Mais il a tellement fait de tapage que le ministre qui était contre lui au début a finalement décidé de l’intégrer. Au Sénégal, il suffit d’être trop critique pour que les gens s’approchent de toi et t’intègre. Mais quand tu es silencieux, les gens ne vont pas te respecter et vont te mettre des bâtons dans les roues ».

« Le Président de la République doit sonner la fin de la récréation pour nous éviter un désastre sanitaire avec cette histoire du Covid Organics. Autrement, il faut permette à nos tradipraticiens de commercialiser leurs produits », renseigne le le Pr de pharmacie.

A mon avis, Covid-Organics devrait bénéficier de l’AMM à dossiers allégés s’il s’avère que dans sa composition, on ne trouve que des extraits végétaux dans les « principes actifs majeurs ». C’est ce bout de phrase qui figure dans le protocole . Au même moment, on note le silence du Pr Moussa Seydi, du Dr Abdoulaye Bousso, du Dr Aloyse Waly Diouf, tous prompts à monter au front pour moins que ça.

Ces propos vont révéler une machination pour imposer au corps médical l’utilisation du CovidOrganics avec au préalable une demande d’un milliard de francs au chef de l’état pour effectuer un projet.

Dans l’une de ses sorties , le Pr Daouda Ndiaye atteste que le Sénégal va tester l’artemisia malgache avant de confirmer à l’Obs, « le protocole sera remis aujourd’hui au ministère de la santé ; on ne doit plus perdre du temps parce que la maladie à coronavirus évolue ».

En parcourant le procès verbal de la «  réunion des experts », la mention suivante « Cas particulier du Covid-Organics » suivit de la recommandation suivante est assez révélatrice :
« Le Covid-Organics est une spécialité pharmaceutique qui requiere une AMM même si elle doit bénéficier de conditions particulières. Dans le cas d’espèce, il n’est pas de coutume de demander des essais thérapeutiques (pas d’essais clinique). On se base sur les dossiers accompagnant les échantillons de la spécialité pharmaceutique pour accorder l’AMM. ».  Une véritable « autorisation d’empoisonnement » à l’échelle nationale.

Pourtant, face à la presse hier, la responsable de l’OMS pour l’Afrique, le Dr Matshidiso Moet a déclaré, « Nos gouvernements (africains) se sont engagés en 2000 (…) à traiter les remèdes traditionnels comme les autres médicaments en les soumettant à des essais». Elle mettra en garde, « Vanter ce produit comme préventif pourrait faire croire au gens qu’ils n’ont pas besoin de respecter les autres mesures telles que le lavage régulier des mains ou la distanciation sociale ».

Mais, le plus inquiétant est le silence des personnels soignants engagés dans la lutte contre le Covid19 depuis le 02 mars dernier. Ces personnes qui avaient résisté aux « menaces » de l’OMS et de l’Occident quant à l’utilisation de la l’hydroxychloroquine pour le traitement des patients positifs, sont tous aux abonnés absents face à la tragédie qui se prépare avec le forcing sur le Covid Organics qui pointe à l’horizon.

Mais, la question est de savoir comment un protocole s’effectue pour valider un médicament. Un protocole qui requiert la présence d’un infectiologue ou d’un clinicien dans le cas d’une maladie virale. Pour autant, le Pr Daouda Ndiaye qui est  Parasitologue ne peut diriger un tel protocole. Qui sont les personnels habilités à le présenter devant le Comité d’éthique 

« Pour la validation d’un médicament auprès du Comité d’éthique, il existe plusieurs phases mais on peut le limiter à trois voire quatre phases. Le processus démarre par les tests au laboratoire, une étude chez les animaux avant de passer vers l’homme et concernant cette dernière phase, il existe plusieurs étapes », nous renseigne Dr Omar Ndiaye.

Dans le cas de l’Artémisia, notre interlocuteur nous explique, « C’est un produit largement utilisé au Sénégal donc, on peut exceptionnellement le tester directement chez l’homme. Et pour le faire chez l’humain, il faut écrire ton protocole de recherche à déposer au Comité d’éthique composé de médecins, pharmaciens, de la Société Civile, etc plus une caution de 250.000 francs ».

« C’est seulement après l’accord du Comité d’éthique qui n’est pas facile à obtenir que le médicament peut être utilisé. C’est le cas de l’hydroxychloroquine utilisé aujourd’hui chez les malades du Covid19.. Ce médicament a suivi tout le processus avant d’être validé et pour le mettre en œuvre, seuls un infectiologue ou un clinicien sont habilités à le faire dans le mesure où ils sont à même de tester la réactivité sur leurs malades

Les professeurs Gata Yor SY  et Madieye Dièye qui étaient présents à la réunion n’ont pu être joints de même que le Pr Daouda Ndiaye qui était sur messagerie. Nos lignes leurs restes ouvertes à toutes fins utiles.

Pape Sané (Atlanticactu.com)

 

 

 

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