À l’instar de plusieurs pays d’Europe qui malgré un système de santé performant avaient décidé d’instaurer état d’urgence et confinement, certains pays africains aux réalités à l’opposé de l’occident ont suivi à la lettre les mesures. Mais, au bout de quelques jours, certains chefs d’état se sont rendus compte de l’impossibilité de telles mesures et qu’il était plus probable d’allumer une bombe sociale. Là où le Bénin avait refusé tout état d’urgence, le Ghana est le premier pays d’Afrique à alléger les mesures contre le Covid-19. D’autres vont suivre dans ce continent où les restrictions étaient toutefois moins sévères qu’en Europe.
L’Afrique rouvre. Par étapes et en ordre dispersé, mais des pays africains allègent les mesures prises le mois dernier contre le Covid-19. Le Ghana a été le premier, lundi dernier, à retrouver un semblant de vie normale, en allégeant les mesures en vigueur dans Accra, la capitale , Kumasi et Tema, où était en vigueur un semi-confinement depuis mi-mars. Les rues et marchés d’Accra bourdonnent de nouveau et les scooters vibrionnent devant les échoppes. « Cette décision a été prise au vu de notre capacité à réaliser un traçage actif des personnes entrées en contact avec des malades avérés et à réaliser des tests, ainsi que de l’augmentation de nos centres de traitement et d’isolement », a déclaré le président ghanéen, Nana Akufo-Addo. Qui a estimé que l’épidémie était « presque maîtrisée ». Ce pays de 30 millions d’habitants ne compte en effet qu’un millier de cas officiels et neuf morts.
La Tunisie a aussi annoncé à partir du 3 mai un allègement progressif : les secteurs économiques les plus cruciaux seront relancés et les restrictions de sorties seront adaptées selon l’âge des personnes et le nombre de cas dans chaque région. A Madagascar, le confinement imposé dans les trois principales villes du pays sera levé lundi. Le Niger a aussi réduit les horaires de couvre-feu et au Burkina Faso, le grand marché de la capitale, Ouagadougou, a rouvert.
Refus de confinement et allègement de l’état d’urgence pour éviter une explosion sociale. Des pays comme le Maroc ont réussi un parfait confinement en mettant des moyens suffisants à disposition des populations, entre autres
Une sortie du « confinement » d’autant moins difficile que l’Afrique n’appliquait pas vraiment celui, strict, en vigueur en Europe. A part dans trois pays -Maroc, Rwanda, Afrique du sud-, on pouvait peu ou prou sortir de chez soi sans l’attestation qui est obligatoire en Espagne, en France ou en Italie. Même s’il était recommandé de ne le faire que pour raison importante. Les pays africains imposaient surtout un couvre-feu de 21 h à 6 h, des quarantaines ciblées sur certaines villes et l’interdiction des rassemblements. Ils avaient aussi instauré la fermeture quasi générale des écoles, marchés, restaurants, débits de boisson, cinémas, salles de sport et de spectacles.
Finalement, le port obligatoire du masque sans aller vers un confinement, a sauvé plusieurs pouvoirs en Afrique qui avec le Ramadan, risquaient des émeutes du pain ou de dattes
Un « confinement light » assorti d’une mesure particulière plus stricte qu’en Europe mais moins pénalisante pour les déplacements : le port obligatoire du masque (quitte à ce qu’il soit artisanal) dans les lieux publics au Gabon, Maroc, Cameroun et Guinée équatoriale, ou au Sénégal, depuis quelques jours et, à partir de lundi prochain, au Burkina Faso. Aucun pays africain n’a, pour l’instant, non plus allégé les mesures de fermeture des frontières aériennes, terrestres et ferroviaires, excepté pour le transport du fret.
Il est vrai qu’un confinement strict, « à la française », s’avérait impraticable en Afrique ; les ménages, souvent démunis en trésorerie, avaient le choix entre le risque de croiser le coronavirus ou celui de mourir de faim ou de misère dans des maisons surchauffées. Alors que la situation alimentaire est déjà précaire . Comme l’a rappelé mardi dernier, lors d’un télé-colloque, le Prix Nobel de la paix congolais Denis Mukwege, le confinement strict « est pratiquement impossible » dans des pays où presque 80 % de la population vit du secteur informel qui implique des contacts humains rapprochés.
Atlanticactu.com