Tous les yeux sont rivés sur la date du 4 Mai qui coïncide avec la fin de la prorogation de l’état d’urgence en vertu du Décret 2020-925 du 03 Avril 2020. Si les sénégalais attendent avec impatience cette date pour sortir du confinement dans lequel la pandémie du Coronavirus les a installés, il en est autrement pour le corps médical. Le Chef du Service des Maladies Infectieuses du Centre Hospitalier Universitaire de Fann, le Pr Moussa Seydi par contre , prêche pour un confinement total, élu gage d’assurer un succès face à la pandémie.
C’est la date arrêtée pour la fin de la prorogation de l’état d’urgence : le 04 mai est désormais dans tous les esprits, et notamment celui du gouvernement, sous pression pour réussir la sortie de crise. D’autant que le Corps médical a fait part de ses réserves.
Depuis l’allocution présidentielle du 3 avril, le 04 mai est une date que tous les Sénégalais ont en tête. Celle du début de la fin du « calvaire ». De son côté, le gouvernement est sous pression. « Il faut réussir avant le 04 mai », a martelé un député du groupe BBY mercredi. Un « cap » à franchir, sur lequel l’exécutif n’a pas le droit de se casser les dents. « Il faut réussir la préparation de la levée de l’état d’urgence sinon le Chef de l’état a l’obligation d’aller plus pour éviter le pire au pays », résume un ancien ministre de l’intérieur très proche du Président Macky Sall.
Avec les opérations de distribution de denrées aux ménages vulnérables, le chef de l’état doit proroger l’état d’urgence comme le souhaitent les médecins. Une levée prématurée pourrait être dramatique comme une propagation sans encadrement peut être une bombe sociale
Au vu des couacs notes ça et là depuis l’instauration de l’état d’urgence le 23 mars dernier notamment le manque notoire de matériels de prévention et les scandales relevés dans l’octroi des marchés d’acquisition du riz et du transport des denrées, il sera difficile de faire comprendre aux Sénégalais qu’ils sont vraiment en danger.
Pour l’ancien commissaire de police Cheikh Thiam, « Il faut éviter que ce soit une décision politique, prise sans le Corps médical. Et, il est préférable au vu de la configuration de notre pays que s’il faut aller vers un confinement que cela soit graduel et sélectif ». S’expliquant sur ces choix, l’officier à la retraite précise, « D’abord les forces de sécurité et défense ne peuvent soutenir un tel rythme et les y obliger, c’est « autoriser » des dérapages. Mais, comme les principaux foyers sont connus, il est impératif de confiner les lieux avec une forte présence de policiers, gendarmes et agents du service d’hygiène. Cela permettra aux médecins de disposer de « postes avancés » avec peu de risques qu’il y ait des cas ignorés ».
Pourtant, les questions sont encore nombreuses et on cherche à éviter la mauvaise décision. L’entourage du président le reconnait : « le 04 mai ne sera pas un retour à la normale, tout devrait être progressif ». Le Comité Covid-19SN lui-même aurait fait part de ses réserves sur la réouverture des écoles pour le moment . « Mais il est de plus en plus clair que certains manœuvrent pour la réouverture des classes », affirme un conseiller. La décision est avant tout politique, et elle est assumée.
Mercredi, devant ses ministres, Macky Sall a rappelé ses trois objectifs : « lutter
contre la propagation, réarmer économiquement le pays… et réussir la levée de l’état d’urgence . » . Le gouvernement a désormais moins de tous semaines pour rendre son plan. Un objectif très ambitieux, alors que l’exécutif n’a pas le droit à l’erreur. « Le 04 mai est un pari », avoue un conseiller qui reprend le propos du Pr Seydi « Si jamais on n’est pas prêts, j’ai peur, très peur d’un effet boomerang. »
Pape Sané (Atlanticactu.com)