Jamais dans la mémoire collective un Chef d’état n’a commis pareil crime. Le cynisme du Président Abdou Diouf et de ses ouailles l’avaient poussé à prendre un décret portant radiation de tous les personnels de la police. En fait , l’homme n’a jamais pardonné aux policiers le fameux bulletin de Renseignements qui l’avait fait relever de son poste de Gouverneur du Sine Saloum.
Ces 13-14 avril 1987 , après avoir avalé toutes les couleuvres étatiques, jeté en pâture à la vindicte populaire, les policiers avaient décidé de faire entendre leurs voix après une énième humiliation du pouvoir socialiste. Accusés de tous les péchés d’Israel, condamnés à des peines de prison, les policiers ont voulu faire bouger les choses en se rendant massivement du Commissariat Central de Dakar à la Place Washington, siège du ministère de l’intérieur.
Occasion ne pouvait être plus belle pour le cynique président de la république. Abdou Diouf a tout bonnement envoyé la gendarmerie au motif que les policiers armés manifestaient contre son régime. Un remake du fameux coup d’état de Mamadou Dia contre Senghor en 1962. Spécialiste des coups tordus, la provocation est montée d’un cran et l’irréparable a failli se produire avec des affrontements qui auraient été sanglants mais, la raison a prévalu.
En l’espace de quelques heures, Abdou Diouf sans trembler , a envoyé au chômage toute une institution en signant l’un des décrets les plus controversés de la République. Mais , pris de panique au bout de 48 heures car, coupé du monde puisque ne bénéficiant plus d’aucun renseignement, M. Abdou Diouf procéda à la réintégration immédiate des agents de la défunte Direction de la Sûreté de l’État, l’ancêtre de l’actuelle DST ainsi que les éléments du Groupement Mobile d’Intervention basés à Ziguinchor car le MFDC en avait profité pour gagner de nouvelles positions.
Plusieurs mois plus tard, avec l’aide d’un Inspecteur d’État et certains responsables de la police, un tri sera opéré pour la réintégration des policiers. Déjà atteints dans leur chair, les policiers subiront une nouvelle humiliation avec l’exigence par Abdou Diouf que chaque policier devrait lui adresser une lettre lui implorant sa réintégration. Au bout de cet humiliant exercice, 1243 POLICIERS seront définitivement RADIÉS de l’administration sénégalaise. Parmi eux,24 commissaires,4 officiers de paix supérieurs, 6 officiers de paix,30 officiers de police, 84 inspecteurs de police,1056 gradés et gardiens de la paix et 39 malades mentaux qui font partie du contingent des policiers radiés.Il y a eu aussi 274 policiers qui ont été omis puis renvoyés avant 1993.A ce jour mis à part les 39 malades mentaux répertoriés à la date du 25 juin 2016,115 décès ont été recensés. Dans la même foulée, les policiers radiés sollicitent auprès du chef de l’Etat »la révision de leurs pensions tout en exigeant que ça passe par une autorisation du versement qui sera effectué par virement dans un compte spécial du trésor ».Pour toutes ces raisons, les policiers radiés demandent leur réhabilitation. Cette radiation a été une grande tragédie et une humiliation mondiale.
Cheikh Saadbou Diarra ( Atlanticactu.com)