Lors d’un Conseil des ministres extraordinaire, le gouvernement malien a adopté un projet de loi prolongeant de nouveau, cette fois jusqu’à mai 2020, le mandat des députés. Le parlement malien s’apprête donc à voter dans les jours à venir un projet de loi visant à proroger d’un an le mandat des députés , qui s’achève le 30 Juin prochain. Initialement prévues en octobre 2018, les élections législatives ont été reportées sine die et le mandat des députés prorogé de six mois dans un premier temps et le seront à nouveau si l’assemblée va dans le sens du Palais de Koulouba.
Coup de tonnerre dans la sphère politique au Mali. À quelques jours de la fin de la prorogation légale de l’actuelle législature, aucun acte du gouvernement ne montre la volonté réelle de tenir les élections législatives afin de régler la question de la légalité et de la légitimité de l’Assemblée nationale au Mali. Au contraire, le nouveau gouvernement vient d’adopter un projet de loi visant à maintenir la présente législature pour une durée d’un an.
Cette posture du gouvernement malien est en parfaite contradiction d’avec les engagements du Mali à travers la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance et le Protocole de la Cédéao sur la démocratie et la bonne gouvernance qui prescrivent le respect de la durée des mandats électifs politiques et la tenue régulière des élections « aux dates ou périodes fixées par la Constitution et les lois électorales », restent des chimères. Le droit à l’information et au principe de transparence, est mis entre parenthèses.
Pour le nouveau chef du gouvernement, Boubou Cissé, ce scrutin n’est pas une priorité pour les maliens
Pour le Dr Boubou Cissé qui s’exprimait sur les raisons de ce énième report des législatives, « L’évaluation de la situation politique et sécuritaire du pays révèle la persistance des difficultés et contraintes qui ne permettent pas la tenue d’élections législatives régulières et transparentes ».
Et de poursuivre, « Le projet de loi vise à proroger le mandat des députés jusqu’au 2 mai 2020 afin de réunir les conditions optimales à la bonne organisation des élections ».
Pour rappel, le nouveau gouvernement dirigé par Dr Boubou Cissé, nommé le 22 avril 2019, a été formé le 5 mai 2019. Auparavant un Accord politique, signé le 2 mai avec certains partis politiques de l’opposition et les partis politiques de la majorité, stipule un chapelet d’objectifs. L’organisation des prochaines élections législatives, et tous autres scrutins qui s’imposent, figure certes dans l’accord, mais pas au rang de priorité pour un gouvernement dit « de mission ».