Alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan accentue la pression et menace les Européens, une réunion extraordinaire des ministres de l’Intérieur de l’UE a été convoquée mercredi à Bruxelles pour aider la Grèce et la Bulgarie après la décision de la Turquie de laisser passer les réfugiés et les migrants.
Le président turc Tayyep Recep Erdogan a agité, lundi 2 mars, la menace de l’arrivée de « millions » de migrants en Europe après l’ouverture de ses frontières. Ankara cherche à obtenir davantage de soutien occidental en Syrie, où la Turquie a lancé une opération militaire contre le régime de Damas, après avoir essuyé de lourdes pertes.
Depuis vendredi, plusieurs milliers de personnes se sont ruées vers la frontière avec la Grèce, une situation préoccupante pour l’Union Européenne (UE) qui redoute une crise migratoire semblable à celle de 2015. C’est notamment le cas de l’Allemagne, qui avait accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile entre 2015 et 2016, un afflux qui a nourri l’essor de l’extrême droite.
« Il est inacceptable que le président Erdogan et son gouvernement expriment leur mécontentement non auprès de nous, en tant qu’Union européenne, mais sur le dos des réfugiés », avait jugé, lundi, la chancelière allemande Angela Merkel. Et « personne ne peut faire chanter l’UE », a prévenu le commissaire européen aux Migrations Margaritis Schinas.
Dans la soirée, le chef de l’État turc a réclamé un « juste partage du fardeau » dans l’accueil des migrants, lors d’un entretien téléphonique avec la chancelière allemande, selon Ankara. Faisant fi des protestations européennes, lui demandant de respecter l’accord conclu en 2016 avec Bruxelles, qui visait à empêcher les migrants d’atteindre le territoire de l’UE, il a affirmé un peu plus tôt qu’il maintiendrait les « portes de l’Europe ouvertes ».
Réunion extraordinaire des ministres de l’Intérieur de l’UE
Face à cette situation et pour montrer leur solidarité, les dirigeants des institutions européennes vont se rendre mardi dans la zone frontalière côté grec, où des milliers de migrants continuaient d’affluer dans l’espoir de traverser, en dépit des mesures musclées prises par Athènes, dont les forces tirent des grenades lacrymogènes et utilisent des canons à eau.
Une réunion extraordinaire des ministres de l’Intérieur de l’UE se tiendra par ailleurs mercredi à Bruxelles pour aider la Grèce et la Bulgarie. Le président Emmanuel Macron a souligné « la pleine solidarité » de la France avec ces deux pays frontaliers de la Turquie.
Le Premier ministre bulgare Boïko Borissov a rencontré lundi Tayyip Recep Erdogan à Ankara.
Selon les autorités grecques, 1 300 demandeurs d’asile ont réussi à gagner les îles égéennes entre dimanche matin et lundi matin. Un petit garçon est mort lundi au large de Lesbos lors du naufrage d’une embarcation chargée d’une cinquantaine de migrants.
Le président Erdogan a accusé la Grèce d’avoir « tué deux migrants » lundi et d’en avoir blessé grièvement un troisième, sans étayer ses accusations. Plus tôt, Athènes avait qualifié de « fakenews » une vidéo affirmant montrer un migrant syrien mort.
Ankara a par ailleurs publié une vidéo, que l’AFP n’a pu authentifier, montrant des garde-côtes grecs essayant de crever à l’aide d’une perche un canot pneumatique chargé de migrants et tirant des coups de semonce près de l’embarcation.
La Turquie accueille sur son sol plus de quatre millions de réfugiés et migrants, en majorité des Syriens. Ankara a justifié l’ouverture des frontières par son incapacité à faire face à une nouvelle vague migratoire, alors que près d’un million de personnes déplacées par l’offensive du régime syrien à Idleb sont massées à la frontière turque.
Avec AFP