Niger : Intervention annoncée de la CEDEAO, un ancien Premier ministre guinéen met en garde

Niger

Atlanticactu / Conakry / Mamady Kondé

Au moment où certains Chefs d’État de la CEDEAO sont résolus à intervenir militairement au Niger où un coup d’État militaire a renversé en juillet le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, l’ancien Premier ministre guinéen Lansana Kouyaté a livré son analyse sur la crise politique actuelle et de mettre en garde sur les conséquences d’une solution militaire.

Dans un entretien accordé ce week-end au média en ligne Africaguinee.com, l’ex-chef du gouvernement guinéen et ancien haut responsable de la CEDEAO a appelé l’organisation ouest-africaine à la retenue avant d’envisager une intervention armée pour rétablir l’ordre constitutionnel à Niamey.

« En tant qu’ancien de la Cedeao et ancien des organisations de maintien de la paix, je dois vous dire que ce n’est pas du tout facile », a déclaré M. Kouyaté. « Il ne fallait pas employer l’usage de la force dès le départ », a-t-il estimé.

L’ancien diplomate a rappelé que la CEDEAO utilisait traditionnellement la manière forte en dernier recours seulement, après avoir épuisé les voies diplomatiques et les sanctions économiques.

M. Kouyaté a également analysé les raisons de la rupture entre le président Bazoum et l’armée nigérienne, dont une faction de la garde présidentielle a mené le putsch  26 juillet dernier.

Selon lui, des tensions couvaient depuis l’élection entre Mohamed Bazoum et ses prédécesseurs, qui contrôlaient encore une partie des forces de sécurité. Le nouveau chef de l’État n’aurait pas réussi à prendre le contrôle total de l’appareil militaire, ce qui a conduit une faction de l’armée à le renverser manu militari après seulement quelques mois au pouvoir.

L’analyse sans complaisance de M. Kouyaté devrait éclairer les dirigeants ouest-africains alors que la CEDEAO cherche une solution diplomatique à la crise politique ouverte au Niger par le putsch de juillet.