Sénégal
Atlanticactu/ Dakar/ Khadim Mbodj
Le Sénégal et la Tunisie figurent parmi les pays qui reculent le plus au classement annuel de la liberté de la presse, publié mercredi par Reporters sans frontières (RSF). Un recul de 31 places ! C’est la prouesse réussie par le Sénégal au classement mondial de la liberté de la liberté de la presse pour l’année 2023. Selon Reporters sans frontières (RSF), notre pays est passé de la 73e place en 2022 à la peu glorieuse 104e place sur 180 pays répertoriés dans les cinq continents. Son score est tombé de 63.07 points à 55.82 points en l’espace d’une année.
Cette dégringolade sénégalaise était quasi attendue par tous les observateurs des actualités sénégalaises au regard du durcissement de la répression d’Etat contre des médias en général et contre des journalistes en particulier.
Au Sénégal, où l’hypothèse d’un troisième mandat du président Macky Sall suscite l’opposition, RSF dénonce « la forte dégradation des conditions sécuritaires des journalistes ». Ce pays était pourtant un « modèle régional jusqu’à il y a peu »
L’emprisonnement du journaliste et directeur du site www.dakarmatin.com Pape Alé Niang entre novembre 2022 et janvier 2023 a été le point d’orgue d’une politique de neutralisation de certaines voix discordantes que les organisations professionnelles de la presse au Sénégal et dans le monde ainsi que les associations de défense des droits humains ont systématiquement dénoncée.
Si Pape Alé Niang a été libéré et placé sous contrôle judiciaire à la suite de fortes pressions de la Coordination des associations de presse (Cap) et des organisations de droits de l’Homme, d’autres journalistes l’ont « remplacé » en prison.
Pendant une dizaine de jours, Babacar Touré du site Kewoulo, objet d’une plainte d’un individu, a été trimballé entre la cave du tribunal Lat-Dior et des commissariats de police sans être édifié sur son sort, avec juste un statut de garde à vue. Ce mardi, plusieurs médias ont annoncé son transfert au service d’urgence d’un hôpital dakarois suite à une crise.
Pour sa part, le journaliste et chroniqueur judiciaire Pape Ndiaye, du groupe de presse Walfadjri, est en prison depuis janvier 2023 pour des attaques présumées contre une frange de la magistrature. Une membre du même groupe est aussi en détention depuis plusieurs jours.
Outre les emprisonnements de ses journalistes, les groupe Walfadjri et Dmedia ont été récemment l’objet d’une suspension administrative de ses programmes pour avoir diffusé des images « violentes » des émeutes de Mars 2021.
Ce classement mondial est réalisé par RSF sur la base « d’un relevé quantitatif des exactions commises envers les journalistes » d’une part, et « d’une étude qualitative » de l’autre.
Cette dernière se fonde « sur les réponses de centaines d’experts de la liberté de la presse (journalistes, universitaires, défenseurs des droits humains) à une centaine de questions ».