Sénégal
Atlanticactu/ Dakar/ Charlotte Diop
Après le désistement de son collègue Papa Mohamed Diop, mercredi 29 mars, veille du procès, le juge Mamadou Yakham Keïta a hérité du dossier Ousmane Sonko-Mame Mbaye Niang. Le jour j, ce dernier a condamné le président de Pastef, notamment pour diffamation, à deux mois de prison avec sursis et à verser au ministre du Tourisme 200 millions de francs CFA au titre des dommages et intérêts.
Ce verdict a suscité «un profond malaise au Palais de justice», avance Madiambal Diagne dans sa chronique hebdomadaire paru ce lundi dans Le Quotidien. L’auteur des «Lundis de Madiambal» pointe le caractère expéditif du jugement et soupçonne «un coup tordu», «une manigance ou des manœuvres pour arriver à ce verdict».
Comme pour apporter de l’eau au moulin de son chroniqueur, Le Quotidien s’est arrêté, dans un autre article publié le même jour, sur les conditions de désignation du juge Yakham Keïta. Le journal laisse entendre que le magistrat à fait du forcing pour hériter du dossier après le désistement de Papa Mohamed Diop.
Le Quotidien rapporte : «Il se dit que Mamadou Yakham Keïta aurait fait le siège du juge Fall (président du tribunal correctionnel de Dakar) pour obtenir de présider cette audience à la place de son collègue en excipant qu’il voulait ‘préserver l’honneur et la crédibilité de la magistrature’ mis à mal par Ousmane Sonko et ses avocats.»
Le journal affirme que «ceux qui s’attendaient à une peine sévère à l’encontre de l’accusé sont restés sur leur faim, et se sont posé des questions». Et parmi ces interrogations, relève la même source, il y a celle de savoir pourquoi le juge Keïta, manifestement, n’a pas consulté ses assesseurs avant de prononcer son verdict.
«Dans toutes les écoles de droit, quand il y a des questions controversées qui opposent plusieurs avocats, on déconseille de juger sur le séant, rappelle un juriste contacté par Le Quotidien. Il est recommandé de mettre le jugement en délibéré. Le jugement sur le séant ne peut se comprendre que lorsqu’il y a lieu de statuer sur la liberté provisoire, et cela est fait dans le but de ne pas retarder plus que de besoin la mise en liberté d’un prévenu.»